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Passer d'un bâtiment entravé à des logettes en limitant les frais

Transformer deux anciennes étables entravées en bâtiments à logettes à la fois économes en temps de travail, en paille et en gasoil c’est possible et cela fonctionne. La preuve dans un élevage du Cantal.

Paisiblement allongées tout en ruminant leur foin, les vaches de l’EARL Hubert-Deloustal ne semblent guère perturbées par le fait d’être hivernées dans des bâtiments à logettes. Au fil des rénovations et constructions, ce mode de logement concerne désormais toutes les femelles reproductrices.

« Au départ quelques vaches ont été récalcitrantes à les utiliser mais on les a progressivement éliminées. Dans la mesure où les génisses sont habituées dès leur plus jeune âge à utiliser des logettes, cela ne pose pas de difficultés. » Dans cet élevage de 110 mères réparti sur deux sites à 1 230 et 1 100 mètres d’altitude sur la commune de Cézens sur le flanc est des monts du Cantal, la durée d’hivernage avoisine pourtant six mois.

Une stabulation récente abrite une bonne moitié des femelles suitées (sur logettes), les mâles en repousse et les femelles à l’engrais (en cases paillées) tandis que les génisses prêtes à saillir et une partie des vaches suitées occupent deux anciennes étables entravées. Elles ont été réaménagées avec des logettes de façon à disposer de bâtiments fonctionnels sans pour autant accroître les besoins en paille. « Ces bâtiments existaient. Ils étaient globalement en bon état, l’objectif a été de les réaménager à moindre frais sans pour autant nuire au confort des animaux tout en améliorant nos conditions de travail », résume Matthieu Hubert.

Tête face au mur

L’une de ces étables datait de 1956. Elle reposait sur le classique système d’attache tête face au mur avec deux rangées de bovins. Le foin était stocké dans la grange située au-dessus avec distribution manuelle par de petites trappes percées dans le plancher le long des murs. L’autre bâtiment date du début des années 1970.

Il s’agissait là aussi d’une ancienne étable entravée mais avec une grange située le long de l’étable donc au même niveau que les animaux et non plus au-dessus. Ces bâtiments étaient utilisés chaque hiver pour loger tant des vaches suitées que des génisses. Les bâtiments ont été modifiés en 2017 pour l’un et 2019 pour l’autre. « La problématique de la main-d’œuvre a beaucoup joué dans le choix de l’aménagement retenu avec à terme la nécessité de diminuer le temps de travail sans réduire pour autant la dimension du cheptel », souligne Matthieu Hubert.

Avant ces rénovations, le temps de travail hivernal (en incluant le troisième bâtiment hébergeant vaches, mâles en repousse et femelles à l’engrais) était de 2,5 heures matin et soir en mobilisant deux personnes, soit un total de 10 h de travail par jour (h/j). Il est désormais de 4 (h/j) - 2,5 heures le matin et 1,5 heure soir - chiffre auquel il convient d’ajouter 3 h/semaine pour nettoyer les quatre râteliers libre-service. Donc cela permet de réaliser si besoin la totalité des tâches sans grosses difficultés.

Seulement du foin en libre-service

Après avoir visité quelques bâtiments équipés de logettes, c’est cette option qui a été retenue car compatible avec les bâtiments déjà existants sans pour autant nécessiter de paille. Les râteliers libre-service ont été analysés comme la meilleure façon de simplifier la distribution des fourrages et limiter la durée du travail d’astreinte.

Passer d'un bâtiment entravé à des logettes en limitant les frais

« On a juste veillé à bien dimensionner les logettes pour les adapter à un format d’Aubrac et permettre à un maximum de bouses et pissats de tomber sur le couloir et non à l’arrière des logettes et en retenant le principe du couloir raclé pour évacuer les effluents. » Dans le bâtiment le plus ancien, les 57 places à l’attache se sont transformées en deux parcs de 19 places. Dans chaque parc a été aménagé un râtelier libre-service qui explique que le nombre de logettes soit inférieur au nombre de places initiales.

Les animaux ne sont pas rationnés mais ne sont pas non plus complémentés avec des concentrés. Le foin est le seul fourrage mis à disposition. Les râteliers sont réapprovisionnés depuis la grange en laissant tomber les bottes par une simple trappe percée dans le plancher. « Pour la transformation des bâtiments, nous avons commencé par retirer nous-même les crèches. »

Les bétons ont été réalisés par un maçon. Le couloir de raclage entre les deux rangées de logettes mesure 2,5 m de large. Posé par le revendeur, le racleur est actionné deux fois par jour en présence des éleveurs et les effluents rejoignent une fosse à lisier qui existait déjà. « Nous avons posé nous-mêmes les logettes, les barrières en tubulaires et les abreuvoirs à niveaux constants. Cela nous a coûté un total de 25 000 euros, soit 650 euros la place. » Cette étable est principalement occupée par les génisses de renouvellement.

Faible consommation de carburant

Dans le second bâtiment, les râteliers libre-service ont été installés après avoir percé le mur contigu avec la grange avec comme précédemment un râtelier pour chaque case et le même principe de ration à savoir foin à volonté mais zéro complémentation. Le bâtiment permettait de loger 50 vaches suitées à l’attache. C’est toujours le cas mais avec 50 logettes pour deux lots de 25 vaches. La plus grande largeur de ce bâtiment se traduit par un couloir raclé de 4,95 m de large. Autant de surfaces supplémentaires qui permettent de le réserver à des femelles suitées allotées selon l’âge de leur veau. Les trois cases à veaux et de vêlage sont aux deux extrémités. Copieusement paillées, elles sont curées avec un chargeur compact depuis des ouvertures percées dans le mur de la grange. Le réaménagement du bâtiment pour lequel tous les bétons ont là encore été réalisés par un maçon a coûté 38 000 euros en intégrant dans ce chiffre toutes les fournitures, soit 760 euros la place. Là encore, le racleur pousse deux fois par jour le flux de lisier vers un collecteur en bout de couloir qui le dirige vers la fosse déjà existante.

Les besoins en paille sont nuls en dehors des cases à veaux et cases de vêlage et les économies côté travail d’astreinte sont bien réelles. Difficile également d’être plus économe côté carburants. Dans le bâtiment datant des années soixante, aucun tracteur n’est nécessaire. Dans celui datant des années soixante-dix, des bottes sont régulièrement déposées avec le chargeur du tracteur sur un quai à côté du râtelier puis poussées dedans au fur et à mesure qu’elles sont consommées. Sans avoir été mesurée au litre près, en hiver quand les tracteurs sont uniquement utilisés pour les soins aux animaux dans les trois bâtiments, la consommation de GNR n’excède guère une trentaine de litres par semaine.

Yann Bouchard, en charge du suivi de l’exploitation dans le cadre du réseau d’élevage Inosys

Un coût de fonctionnement maîtrisé

« Comme pour bien des décisions prises sur cette exploitation, le choix de réaménager ces deux étables entravées vise à réduire les besoins en main-d’œuvre en l’associant à un coût de fonctionnement maîtrisé notamment lié à l’absence de litière paillée. Ce sont deux bâtiments efficaces pour loger un nombre d’animaux sensiblement équivalents comparativement à un système entravé. Ils ne se traduisent pas pour autant par des besoins supplémentaires sur le volet mécanisation avec, au final, un besoin en carburant très limité côté coûts de fonctionnement. »

Vêlages groupés et 40 % de croisement

Le cheptel se compose de 110 vaches aubracs conduites avec 40 % de croisement pour des vêlages bien groupés du 15 janvier au 15 mars. La plupart vêlent dans les parcs. « On en a chaque hiver quelques-uns qui naissent sur l’aire raclée. Ce n’est pas l’idéal mais ils sont isolés au plus tôt dans une case avec leur mère. » Au cours de leurs trois à quatre premières semaines, les veaux sont en tétée assistée matin et soir puis ont en permanence libre accès à leurs mères avec pas plus de 5 semaines d’écart d’âge dans un même lot. Entre fin novembre et début mai, les animaux restent pratiquement six mois dans les bâtiments. Les femelles conduites en croisement sont inséminées. En avril, deux taureaux vasectomisés permettent de détecter les chaleurs puis de faire inséminer les vaches ou de les passer dans la case du taureau.

Peu d’achats de paille

Le Gaec dispose de quelques parcelles un peu excentrées en « zone basse » sur des terrains granitiques situés entre 850 et 1 000 mètres d’altitude où sont cultivés une quinzaine d’hectares de blé qui permettent d’être autosuffisant en céréales pour la repousse des broutards et la finition des vaches et génisses. Ces surfaces permettent d’être pratiquement autosuffisant en paille.

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