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Objectif 400 vêlages en système naisseur

Actuellement en reconversion du lait vers la viande, l’exploitation de Ciprian Gherghel est située en Roumanie, au pied des Carpates. Une région de moyenne montagne associant pâtures et forêts de feuillus.

J’ai longtemps été producteur laitier », explique Ciprian Gherghel, éleveur à Bruiu, village de 400 habitants situé au cœur de la Roumanie. Ces dernières années, son élevage se composait de 180 vaches montbéliardes et leur renouvellement. Des animaux initialement importés de France au moment de son installation, voici une vingtaine d’années. La conduite reposait alors sur du zéro pâturage dans une stabulation à logettes + aire raclée pour les vaches en lactation tandis que les génisses valorisaient les pâtures. Les vingt postes de la machine à traire ont définitivement cessé de fonctionner en novembre dernier et les dernières Montbéliardes ont été vendues début janvier, tout comme la machine à traire. Pas question d’abandonner l’élevage pour autant. Depuis trois ans, Ciprian Gherghel avait préparé sa reconversion en remplaçant progressivement ses Montbéliardes par des génisses Aubrac importées de France. Cette décision de passer du lait à la viande a été motivée pour plusieurs raisons. Ciprian Gherghel cite d’abord l’éloignement des laiteries et – même hors période de crise - un prix du lait trop peu attractif. Il met ensuite en avant le potentiel agronomique de son exploitation analysé comme insuffisant pour produire de l’ensilage de maïs dans de bonnes conditions. « Mes parcelles labourables sont argileuses et, certaines années, étaient difficiles à semer et/ou récolter. » Produire du lait est ensuite gourmand en main-d’œuvre. L’exploitation a employé jusqu’à huit salariés, chiffre divisé par deux depuis le changement de production. Enfin l’émergence d’un débouché pour le bétail maigre sans négliger non plus les aides compensatoires dont peuvent bénéficier les systèmes allaitants a fini de le convaincre.

Des Montbéliardes aux Aubracs

Ciprian Gherghel mise sur un système naisseur sans négliger à terme la possibilité d’engraisser quelques vaches et génisses. Il envisage également de faire un peu de commerce en animaux d’élevage auprès d’éleveurs eux aussi intéressés pour constituer des troupeaux allaitants. À 43 ans, il est à la tête d’une exploitation qui s’étend sur quelque 700 ha dont 360 en propriété. Autant de parcelles assez bien regroupées, situées à plus ou moins 600 mètres d’altitude dans un paysage vallonné qui présente bien des similitudes avec les zones herbagères du Massif Central. Le potentiel est analysé comme correct pour faire pousser de l’herbe. Le parcellaire inclut quelque 200 ha de prairies temporaires sur des parcelles mécanisables. Elles sont prioritairement utilisées pour constituer les stocks (ensilage et foin). « J’envisage de rénover encore une centaine d’hectares de prairie, mais - au moins cette année - je vais arrêter le maïs. » La volonté est de continuer à améliorer le foncier. Cela se traduit en particulier par la pose de clôtures, de façon à mieux gérer le pâturage. Les lots sont classiquement composés d’une trentaine de vaches suitées ou d’une quarantaine de génisses. Ils tournent sur des parcelles cloisonnées avec deux rangs de fils lisses électrifiés. Fonctionnement qui devrait rester sensiblement le même lorsque l’objectif des 400 vêlages/an sera atteint. Ciprian Gherghel est actuellement secondé par quatre salariés pour lesquels il annonce un salaire de 600 €/mois et son épouse a pris en charge l’essentiel des tâches administratives.

Dans les bâtiments d’un ancien kolkhoze

Situé en périphérie du village, le siège de l’exploitation est un ancien kolkhoze autrefois spécialisé en production ovine. Il se compose de deux grandes bergeries parallèles séparées d’une quinzaine de mètres et datant de l’époque communiste. Reconverties en stabulations, elles ont été percées d’ouverture à intervalles réguliers et permettent aux vaches d’avoir accès à un couloir d’alimentation fonctionnel avec du fourrage grossier (foin de prairie et de luzerne) en libre-service complété par un peu d’ensilage de maïs « pour finir les restes des Montbéliardes ! » La stabulation de 180 places (logettes + couloir raclé) des laitières est actuellement occupée par les génisses. Elle sera prochainement réaménagée afin de constituer plusieurs cases et mieux alloter les animaux selon leur âge et stade de gestation.

Même s’il ne fait qu’attaquer sa troisième campagne de vêlage, Ciprian Gherghel ne regrette en rien d’avoir opté pour des Aubrac. Il les juge faciles à conduire et adaptées à son système d’élevage. En particulier à sa volonté de maximiser la part de l’herbe pâturée dans l’alimentation en les laissant dehors le plus longtemps possible. « J’ai découvert l’existence de cette race par l’intermédiaire d’un cousin. Ce dernier a un ami italien qui engraisse des broutards achetés en France. Il en est satisfait et m’avait conseillé de me renseigner. J’ai d’abord approfondi le sujet sur internet. Quand j’étais producteur laitier, j’avais été invité au salon de Paris 2010 par Danone à qui je vendais mon lait à l’époque. J’y avais vu les principales races françaises », explique Ciprian Gherghel dans un français très correct. Les premières génisses ont été importées en 2014. Alors âgées d’un peu plus d’un an, elles ont pour la plupart été fournies par la SARL Nolorgues. « Achetées à cet âge, je trouve qu’elles s’adaptent bien. J’ai actuellement un peu plus de 300 femelles aubrac dont 54 vaches et 65 génisses qui doivent vêler à compter de la fin février. » L’objectif est de faire progresser ce chiffre graduellement au fur et à mesure que les nouvelles générations de génisses nées sur place ou importées entreront en production.

Caler les mises à la reproduction sur la pousse de l’herbe

« J’ai vendu en décembre mon second lot de broutards. Ils sont partis à 2,9 € du kilo. La plupart étaient nés en mars et avril et pesaient en moyenne 335 kg le jour de leur chargement avec beaucoup de veaux de génisse », explique Ciprian Gherghel qui juge corrects ces tarifs et poids.

Cet automne, une partie des génisses ont été inséminées avec paillettes importées de France et achetées 20 € l’unité dans l’objectif de faire un lot en vêlage d’automne. Décision d’abord motivée pour étaler les ventes et répartir les risques commerciaux et sanitaires. Mais même s’il ambitionne d’avoir environ un quart de ses vêlages à l’automne, l’objectif reste de caler la plupart des mises à la reproduction sur la pousse de l’herbe et d’avoir le plus possible de vêlages en mars.

Un village vidé par l’exode rural

Le village de Bruiu où se situe l’exploitation totalise 400 habitants. Ils étaient un peu plus de 1500 il y a 30 ans. Comme souvent dans cette région de semi-montagne, il n’y a guère d’activité économique en dehors de l’élevage. Bruiu s’est donc vidé de ses forces vives dans les années qui ont suivi la fin de la dictature de Nicolae Ceaușescu. Ses habitants sont essentiellement partis vers l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne. Le village compte deux exploitations de dimension importante à côté desquelles vivotent quelques élevages associant une petite troupe ovine et un peu d’agriculture vivrière.

Moins de 20 000 vaches allaitantes roumaines

La Roumanie est d’abord connue pour son élevage ovin (8,5 millions de brebis) avec des animaux souvent destinés aux marchés d’exportation et en particulier ceux du Moyen Orient. Les élevages bovins allaitants y sont récents. D’après une note de l’ambassade de France en Roumanie, le cheptel bovin est majoritairement orienté vers la production laitière et totalisait en 2014 1,3 million de vaches laitières. L’élevage allaitant (16 000 vaches mères) tend à se développer dans les régions collinaires du centre et du nord-ouest du pays mais il s’agit alors, pour la plupart, d’élevages récemment constitués. D’après cette note, l’Angus totalise à elle seule pratiquement la moitié de ces effectifs. La consommation de viande bovine est encore peu développée en Roumanie, à la fois par habitude alimentaire et compte tenu de son coût plus élevé par rapport au porc et à la volaille. Aux systèmes allaitants spécialisés viennent s’ajouter de nombreux petits troupeaux où les vaches sont traites mais où le coproduit viande n’est pas négligeable avec des vaches souvent de type pie rouge pour partie conduites en croisement.

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