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Les industriels accusent les GMS de malmener l’image de la viande

Ce sont les enseignements d'une enquête du Sniv ( Syndicat national des industries de la viande ) : lorsque la hiérarchie des prix n’est pas respectée, les consommateurs sont perdus. Ils peuvent aller jusqu’à renoncer à leur achat, dénonce le syndicat.

Pierre Halliez, président du Sniv.
« Pour 61 % des Français, un prix trop bas dévalue l’image et la perception qu’ils ont de la viande. »
Pierre Halliez, président du Sniv.
« Pour 61 % des Français, un prix trop bas dévalue l’image et la perception qu’ils ont de la viande. »
© C. Gérard

Pour Pierre Halliez, le directeur général du Syndicat des entreprises françaises des viandes (Sniv), « l’offre devient non-cohérente » dans les rayons viande. En cause les grandes et moyennes surfaces (GMS) qui, parfois, proposent des morceaux de bonne qualité à un prix peu élevé. Pierre Halliez explique que dans ce cas, « le consommateur est perdu ». Ce qu’il dénonce, car « le pire des facteurs qui puisse peser sur la consommation de la viande, c’est la perte de repères. Quand on ne connaît pas quelque chose, on finit par s’en méfier ».


Un consommateur en quête de conseils


Pour étayer cette thèse, le Sniv a commandé une enquête exclusive à l’Ifop. Ce sondage montre que « la couleur et l’aspect » sont cités en premier (44 % des personnes interrogées) comme critères de choix de la viande fraîche achetée en GMS ; suit « la mention d’origine française » avec 26 %. Le prix, quant à lui, n’emporte que 14 % des déclarations. Ces résultats posent question lorsque l’on sait que 74 % des Français achètent leur viande en GMS ; magasins qui fondent une bonne part de leur argumentation commerciale sur les prix bas.
Y aurait-il contradiction entre les déclarations du consommateur (repères qualitatifs) et la réalité de son acte d’achat (recherche du prix bas) ? Pierre Halliez ne fait pas cette analyse : « Le consommateur a du bon sens et il pense qu’il y a des limites à de pas dépasser. » Il est d’ailleurs demandeur de conseils pour mieux acheter sa viande. Dans le sondage, cette mission est dévolue sans ambiguïté au boucher (51 % des personnes interrogées). Les chefs cuisiniers (15 %) et les éleveurs (12 %) sont en bonne place.
Les entreprises françaises des viandes s’élèvent contre la confusion provoquée par les pratiques des GMS. Parce sans repères stables, « les consommateurs partent sans rien avoir dans leur chariot, s’indigne Pierre Halliez. Lorsque la logique des prix n’est pas respectée, il y a quelque chose qui ne va pas. La cause du dysfonctionnement, c’est la déprofessionnalisation. Il faut reprofessionnaliser, c’est le consommateur qui le demande lui-même. »
Pour satisfaire les besoins de repères du consommateur, le Sniv propose une nouvelle dénomination des morceaux de viande avec un classement par niveau de tendreté et des indications sur le mode de cuisson (à rôtir, à bouillir, à poêler).

Un meilleur affichage de l’origine « viandes de France »


Il souhaite un meilleur affichage de l’origine « viandes de France ». Mais la demande forte du Sniv porte sur les bonnes pratiques commerciales. Derrière la guerre des prix, que les enseignes de distribution se livrent entre elles, se cache une lutte pour conquérir des parts de marché. Les industriels dénoncent la destruction de valeur et fragilisation du tissu économique qui en résulte. Sur ce point, ils sont sur la même ligne que le ministre de l’Agriculture qui déclarait récemment : « Pourquoi on irait renégocier à la baisse les prix, alors que l’on est proche de la déflation ». Cette prise de position faisait allusion aux positions très dures de la grande distribution sur les prix face aux industriels de l’agroalimentaire dans la négociation de début d’année.
Le combat des industriels de la viande contre les prix bas ne peut qu’être observé avec bienveillance à la condition que les entreprises sachent partager d’éventuels gains avec leurs fournisseurs éleveurs.

Les jeunes plus sensibles au prix

Les plus jeunes consommateurs (18-24 ans) placent « le prix » en deuxième position dans leurs critères de choix derrière « la couleur et l’aspect de la viande ». Ils sont également plus sensibles à la marque.
Ces mêmes jeunes aimeraient trouver le conseil d’un chef cuisinier dans les rayons viande. Il faut sans doute voir là, l’impact du succès des émissions de cuisine à la télévision. De même, ils pensent que les conseils d’un nutritionniste seraient bienvenus.
Les 65 ans et plus ne partagent pas ces choix. Ils plébiscitent la mention de l’« origine France » pour les critères d’achat et demandent, avec plus de force, à bénéficier des conseils de professionnels comme le boucher ou l’éleveur.

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