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Mortalité des bovins adultes : une réalité sous-estimée

Les données du réseau Bovins croissance permettent d’approcher le taux de mortalité des femelles âgées de plus de 210 jours. Les complications au vêlage et au sevrage font le plus gros du contingent.

Mortalité des bovins adultes : une réalité sous-estimée

Si la mortalité des veaux avant sevrage dispose d’indicateurs bien connus et utilisés à des fins de conseils dans les élevages allaitants, il n’en est pas de même pour la mortalité des adultes. Afin d’objectiver les performances sur cet indicateur rarement utilisé, un zoom plus spécifique sur celui-ci a été fait en 2020 dans le référentiel national Bovins croissance sur plus de 8 500 élevages suivis.

Le taux de mortalité étudié ici correspond au nombre total de femelles âgées de plus de 210 jours mortes, divisé par le nombre moyen de vaches présentes dans l’élevage.

Des seuils d’alerte à 4 % et à 7 %

Si les analyses du taux de mortalité des veaux avant sevrage sont finement disséquées chaque année dans les élevages, c’est parce que les seuils d’alerte de cet indicateur sont très bien connus. De la naissance au sevrage, et pour simplifier, il est de 5 % chez les races rustiques et de 8 % chez les races spécialisées. Au-delà, il faut vraiment analyser ce qui se passe et mettre en œuvre des pratiques correctives.

Pour la mortalité des adultes, d’une part les taux font rarement partie du tableau de bord des outils à disposition de l’éleveur et du technicien, et d’autre part ils sont peu connus. L’analyse des résultats a été abordée à partir de deux seuils : moins de 4 % et plus de 7 %. Exemple en charolaise, race la plus représentée et « dans la moyenne », on constate que 10 % des élevages ont un taux de mortalité de plus de 7 %.

Le vêlage est une période critique

Cette mortalité adulte survient le plus souvent à des périodes critiques comme le vêlage, la mise à l’herbe, le sevrage, ou est due à des accidents ponctuels. La hiérarchie race rustique/race spécialisée est grosso modo la même qu’en mortalité avant sevrage, mais à des niveaux moindres. L’intérêt est d’en cerner les causes pour pouvoir agir.

Parmi les femelles adultes mortes, autour des deux tiers le sont à plus de 2 ans après vêlage. Pour cette catégorie d’âge, les complications liées au vêlage sont le principal facteur.

Dix à 20 % des animaux concernés sont des femelles de plus de 2 ans avant vêlage pour lesquelles la mise à la reproduction représente un facteur de risque.

Environ 11 % des animaux concernés sont des femelles de 210 jours à 1 an. Pour cette catégorie d’animaux, le stress lié au sevrage est la principale cause de mortalité.

Enfin, pour les femelles de 1 an à 18 mois et de 18 mois à 2 ans, les pertes sont moindres, et représentent chacune 5 à 6 % des pertes.

Un impact économique fort

Si l’on prend le cas de la charolaise, dont le nombre moyen de vaches présentes dans le référentiel Bovins croissance est de 80, cela représente 2,8 morts adultes par élevage soit une perte de près de 5 000 euros (en prenant 68 % de plus de 2 ans et 32 % de moins de 2 ans, 400 kg carcasse à 5 euros et 380 kg vif à 2,30 euros).

Mortalité des bovins adultes : une réalité sous-estimée

Pour 10 % des élevages charolais pour lesquels la mortalité est de plus de 7 % pour les femelles, cela se chiffre à 14 000 euros. L’analyse de ce taux de mortalité adulte, en même temps que celui du bilan des vêlages par exemple, devrait se systématiser pour mener des actions correctives afin d’en diminuer la dégradation économique.

Source : référentiel national Bovins croissance 2020
 

Un phénomène préoccupant : les attaques de prédateurs

Un rassemblement pour départ à l’équarrissage de bovins adultes attaqué par des vautours dans le Puy-de-Dôme (été 2020).

 

Il est de plus en plus signalé - et médiatisé - d’attaques de prédateurs. Loups, lynx, ours et vautours réapparaissent de façon significative et ce n’est pas sans conséquences sur les troupeaux, même sans attaque. Les éleveurs bovins touchés, et plus durement ceux en système plein air, font en effet état de comportements incontrôlables avec des réactions de peur, de fuite et de défense. En présence de grands prédateurs, la vigilance du troupeau est renforcée au détriment des activités de pâturage, repos et rumination ce qui entraîne des performances moindres.

En cas d’attaque, les mortalités adultes proviennent soit de mouvements de panique (chute dans un ravin…) soit de traumatismes directs entraînant la mort. Pour exemple la photo ci-après qui montre un rassemblement pour départ à l’équarrissage de bovins adultes attaqués par des vautours dans le Puy-de-Dôme en été 2020. Le phénomène ne devient donc plus anodin.

Une corrélation nette avec la répartition des naissances

Mortalité des bovins adultes : une réalité sous-estimée

La superposition de la répartition mensuelle du nombre de naissances et du nombre de femelles de 2 ans (après vêlage) mortes, confirme le lien étroit entre ces deux données.

L’exemple ici est celui de la race limousine. Deux périodes de vêlage se détachent avec la majorité des vêlages qui ont lieu à l’automne (septembre) et une partie moindre au printemps (mars/avril). La mortalité adulte est la plus importante en septembre. Les complications qui peuvent survenir au vêlage comme les vêlages difficiles ou les prolapsus (pouvant entraîner des hémorragies) peuvent expliquer ce pic. La mortalité est plus faible en juillet où les naissances sont au plus bas.

À noter aussi que le stress alimentaire et sanitaire lié à la mise à l’herbe est un facteur.

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