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Maya ou le mariage du maïs et du soja

Des associations bio de Rhône-Alpes expérimentent l’association de maïs et de soja. Un fourrage qui conserve le rendement et la valeur énergique du premier et voit sa valeur protéique améliorée.

Alors que le maïs est réputé mal supporter la concurrence d’une autre espèce végétale jusqu’au stade six feuilles, il semble plutôt heureux de sa cohabitation avec le soja sur le même rang.
Alors que le maïs est réputé mal supporter la concurrence d’une autre espèce végétale jusqu’au stade six feuilles, il semble plutôt heureux de sa cohabitation avec le soja sur le même rang.
© DR

En agriculture biologique, les prix très élevés des correcteurs azotés incitent les éleveurs à produire le maximum de protéines sur l’exploitation avec des assolements assez novateurs qui peuvent intéresser tout aussi bien les agriculteurs conventionnels à la recherche d’autonomie. Surtout, avec une culture aussi déséquilibrée que le maïs. Or, il a déjà été montré par le passé que celui-ci se marie bien au soja, grand pourvoyeur de protéines. Deux associations d’agriculteurs bio de Rhône-Alpes (Adabio, Ardab) conduisent depuis trois ans des essais d’association maïs-soja, également dénommée maya, et des éleveurs bio de la région, laitiers principalement, en ont déjà introduite dans leurs assolements. Les deux premières années d’essai - la troisième est en cours - ont montré que le soja ne pénalise ni le rendement ni la valeur énergétique du fourrage, tout en améliorant sensiblement la teneur en protéines.
Les essais ont été réalisés sur trois sites (Ain, Rhône, Drôme), en conditions irriguées et non irriguées. En moyenne, au cours des deux premières années d’expérimentation, les rendements des cultures de maya sont tout à fait équivalents au maïs seul (14,6 t de MS/ha). Des densités différentes de maïs au semis (moins 10 % à moins 30 % par rapport à une densité de 90 000 grains par hectare pour le maïs en pur) ont été comparées. Elles n’ont aucune incidence sur le rendement. D’une part, parce que les maïs associés au soja était plus vigoureux et plus lourds - l’effet azote de la légumineuse ? -, d’autre part, parce que la petite baisse de rendement du maïs (2 t de MS/ha) a été compensée par le soja.


Résultats à confirmer en conditions plus difficiles


« Nous sommes en bio. C’est l’azote qui est le facteur limitant du rendement. En conventionnel, les rendements auraient peut-être été différents », souligne David Stéphany, conseiller polyculture-élevage à l’Adabio, dans l’Ain. Les cultures recevaient uniquement une fertilisation organique. Des densités différentes de soja au semis (175 000 à 275 000 grains/ha) n’ont pas eu non plus d’incidence sur le rendement. Face à ces bons résultats de l’association maïs-soja, David Stéphany appelle néanmoins à la prudence : « Nous sommes tombés sur deux étés relativement arrosés. Nous n’avons pas vécu de situation de concurrence hydrique entre le maïs et le soja y compris sur les sites non irrigués. » Des résultats donc à confirmer en conditions climatiques plus difficiles.
La valeur énergétique de l’ensilage a également été une bonne surprise, en rien affectée par la présence du soja. La valeur UF est identique (autour de 0,85 UFL), que le maïs soit seul ou associé au soja. Ce qui est assez logique, car c’est bien le maïs qui fait la masse du fourrage. L’ensilage de maïs est réputé pour ses faibles teneurs minérales. Le soja accroît sensiblement la teneur en calcium, qui reste cependant assez faible (3,3 g/kg de MS pour le maya contre 2,3 g/kg de MS pour le maïs seul). En revanche, la teneur en phosphore n’est pas améliorée.

Un gain de 25 % de PDIN pour l’ensilage de maïs


Le soja accroît, en toute logique, la teneur en protéine de l’ensilage. Le gain en PDIN est en moyenne de 25 % (51 g/kg MS contre 40 g pour le maïs seul). La teneur en PDIE n’est par contre que faiblement améliorée (3 g/kg MS). Mais, le soja ne fait pas de miracles face à un maïs très pauvre en protéines. De plus, les analyses révèlent de façon assez inexpliquée des écarts assez importants (de + 4 à + 20 g supplémentaires de PDIN) selon les échantillons prélevés au sein même de chaque parcelle. « Globalement, si le soja est réellement présent à la récolte, à l’échelle d’une parcelle de plusieurs hectares, la valeur moyenne reste assez fiable », estime David Stéphany. D’autre part, aucun lien n’a été établi entre la densité de semis et la teneur en protéines du mélange.
Ces résultats corroborent des essais publiés en 2005 dans la région des Pays de la Loire. Rendements, valeur énergétique, gain de protéines et de calcium, les constats sont en tous points semblables. Mais, ajoutaient les auteurs de cette étude : « Le gain de matières azotées dans l’ensilage dépend de la productivité du maïs. Plus la productivité est importante, moins l’association permet d’augmenter le gain en PDIN à l’hectare. Au-delà de 15 tonnes de MS par hectare, l’association ne permet pas de revaloriser l’ensilage en PDIN. Entre 13,5 et 15 tonnes, le gain est aléatoire. »


Le gain financier n’est pas négligeable


Le bilan économique du maya sera réalisé au terme des trois années d’essais réalisés en Rhône-Alpes. Mais, il est finalement assez simple à calculer. Le gain de protéines, s’il est confirmé, s’établit entre 120 et 150 kilos par hectare, soit l’équivalent de 350 à 400 kilos de tourteau de soja 44, pour un surcoût en semence de soja de l’ordre de 80 à 100 euros. Comparé au prix des tourteaux certifiés bio, le gain financier n’est pas négligeable. En conventionnel, il est plus limité. Mais les agriculteurs qui pratiquent cette culture associée y trouvent aussi un indéniable intérêt agronomique. Lorsqu’il est semé sur le rang du maïs, comme cela a été fait dans les essais, le soja assure une meilleure couverture du rang et limite ainsi la présence d’adventices entre les pieds de maïs. Ce qui est particulièrement appréciable en agriculture biologique. Même en conventionnel, il peut permettre de mieux gérer l’enherbement. Prairies, cultures fourragères et céréalières, les associations n’en finissent pas de montrer leurs atouts.

Le gain financier n’est pas négligeable


Le bilan économique du maya sera réalisé au terme des trois années d’essais réalisés en Rhône-Alpes. Mais, il est finalement assez simple à calculer. Le gain de protéines, s’il est confirmé, s’établit entre 120 et 150 kilos par hectare, soit l’équivalent de 350 à 400 kilos de tourteau de soja 44, pour un surcoût en semence de soja de l’ordre de 80 à 100 euros. Comparé au prix des tourteaux certifiés bio, le gain financier n’est pas négligeable. En conventionnel, il est plus limité. Mais les agriculteurs qui pratiquent cette culture associée y trouvent aussi un indéniable intérêt agronomique. Lorsqu’il est semé sur le rang du maïs, comme cela a été fait dans les essais, le soja assure une meilleure couverture du rang et limite ainsi la présence d’adventices entre les pieds de maïs. Ce qui est particulièrement appréciable en agriculture biologique. Même en conventionnel, il peut permettre de mieux gérer l’enherbement. Prairies, cultures fourragères et céréalières, les associations n’en finissent pas de montrer leurs atouts.

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