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Gestion du pâturage
Limousin et Pays de la Loire, les pratiques divergent en plein air

Une enquête auprès d´éleveurs pratiquant le plein air dans le Limousin et les Pays de la Loire a mis en exergue la diversité des modes de conduite et a permis de cerner les niveaux de chargement critiques.


Dans de nombreuses régions, l´hivernage en plein air d´au moins une partie du troupeau est une pratique qui s´est largement répandue. Certains éleveurs sont acculés à adopter ce mode de conduite par manque de trésorerie ; ils sont dans l´impossibilité de construire une stabulation. Pour d´autres, il s´agit en revanche d´un choix délibéré et mûrement réfléchi. Pourtant, ce mode de conduite est parfois considéré de façon péjorative par certains qui l´accusent de véhiculer l´image d´un mode d´élevage négligé.
Pour mieux appréhender les pratiques, des enquêtes ont été menées auprès d´éleveurs du Limousin et des Pays de Loire possédant une certaine antériorité dans cette façon de travailler.
Cordonnée par Éric Pottier, responsable de la ferme ovine expérimentale du Mourier (Haute-Vienne), la synthèse de ce travail est en cours mais différents éléments ont été dévoilés à l´occasion des dernières journées 3R.
Lorsqu´il est bien conduit l´hivernage en extérieur ne pose pas de problème majeur sur le plan zootechnique et limite les problèmes liés aux transitions alimentaires. « Il ne nuit pas à la santé du troupeau, voire il limite les problèmes dans la mesure où l´alimentation n´est pas un facteur limitant » précise Éric Pottier.
©F.A.

Dans les zones tempérées, la qualité du pâturage hivernal s´améliore dès la fin février
compte tenu du redémarrage de la végétation.
Bien choisir ses parcelles en hiver
En revanche, les questions portent davantage sur la façon dont sont conduites les différentes surfaces en herbe occupées par les animaux tout au long de l´hivernage. Les objectifs de l´étude sont donc de préciser les effets d´une utilisation des prairies en hiver sur la production fourragère, et particulièrement sa répartition au cours de l´année qui suit. Mais il s´agit également de définir des pratiques compatibles avec, d´un côté, le maintien des performances animales, et de l´autre, la pérennité de la ressource fourragère. « La portance, la présence d´abris et de points d´abreuvement, la facilité et la proximité d´accès, ainsi que l´exposition sont, par ordre d´importance, les principaux éléments qui vont déterminer le choix des parcelles utilisées. »

Dans les Pays de la Loire, seule 16 % de la surface en herbe disponible sur les exploitations est en moyenne utilisée contre 43 % en Limousin. Pour la première région, il s´agit en fait souvent davantage d´un « parcage » d´un nombre important d´animaux sur des surfaces assez modestes avec alors de fortes dégradations sur le couvert végétal. Dans certaines exploitations du nord des Deux-Sèvres, le chargement hivernal atteint 13 voire même 19 UGB à l´hectare. Dans ces conditions, avec une prairie « sacrifiée », la part alimentaire apportée par le pâturage hivernal est nulle.
A l´inverse dans certaines exploitations du Limousin, le chargement hivernal est inférieur à 1,5 UGB à l´hectare et il s´agit alors d´exploitations où plus de la moitié de la surface en herbe est utilisée en hiver. La prise alimentaire des animaux par le biais du pâturage hivernal peut alors être significative.

Des chargements critiques à ne pas dépasser
« Le travail de suivi de parcelles dans ces deux régions a apporté quelques éléments de réponse quant aux effets du piétinement sur la production. Il montre l´existence d´une relation entre le chargement hivernal exprimé en UGB par hectare multiplié par le temps de séjour et la dégradation des parcelles. » En conditions de sols portants, il a été montré qu´il fallait dépasser le nombre de 400 à 500 UGB jours par hectare pour observer une dégradation importante des parcelles, en dehors des secteurs d´abreuvement ou d´affouragement. Ce chiffre moyen à ne pas dépasser pour maintenir une bonne pérennité des prairies correspondant à 4 UGB par hectare pendant 120 jours, soit en moyenne 25 ares par UGB compris dans une fourchette oscillant entre 15 et 35 selon le terrain.
Les avis exprimés par les éleveurs concernant les effets du pâturage hivernal sur la production fourragère sont ensuite variables. « En Limousin, 57 % des éleveurs considèrent que cette pratique n´affecte pas le rendement annuel. Cette proportion est de 78 % dans la classe des exploitations pratiquant un chargement hivernal inférieur à 2 UGB à l´hectare. »

Les approches sont très différentes pour ce qui est du mode de distribution des fourrages dans les parcelles. « Certains préfèrent déplacer les râteliers régulièrement, d´autres non. Quelques-uns ont opté pour des distributions au sol qui présentent également l´avantage de limiter les problèmes de hiérarchie et de compétition entre individus. » Pour ce qui est du redémarrage de la pousse de l´herbe sur les parcelles en fin d´hiver, les éleveurs enquêtés estiment qu´elle est retardée si les animaux n´ont pas été retiré des parcelles de façon précoce en cours d´hiver.
Les suivis réalisés en exploitation et en ferme expérimentale ne font pas apparaître de dégradations importantes des parcelles au cours de l´hiver si le chargement reste raisonnable. Les zones de distribution des aliments sont cependant fortement dégradées. Mais cela ne représente qu´une faible part de la surface totale, de l´ordre de 10 % pour un fort chargement et 2 à 3 % si ce dernier est plus faible. Par ailleurs, les relevés floristiques réalisés au cours de deux années en Limousin montrent qu´en général les couverts végétaux des parcelles utilisées l´hiver ont une bonne valeur pastorale. L´ancienneté de ces pratiques laisse donc supposer que l´hivernage en plein ne dégrade ni la flore, ni le sol.

Des prairies diversement entretenues
Dans le Limousin, la plupart des éleveurs enquêtés réalisent des travaux d´entretien de leur prairie d´hivernage en cours ou en sortie d´hiver. L´émoussage est la solution la plus souvent retenue. Il est alors réalisé à l´aide d´une herse à prairie qui permet aussi de niveler le sol.
Mais des outils moins agressifs sont utilisés (pneus, cerclage en fer d´anciennes roues de chars).
Parmi ces éleveurs, certains font plusieurs émoussages en cours d´hiver et bien souvent après chaque sortie des animaux des parcelles dans le cas de pâturage hivernal tournant.
Un éleveur sur quatre réalise des sur-semis dans les zones les plus dégradées, notamment avec du ray-grass anglais et du dactyle.

Enquête : surfaces et cheptels de tailles très variables
 Dans le Limousin, il s´agit davantage d´exploitations de dimension importante, en surface comme en cheptel. Toujours dans cette région, 80 % des exploitations enquêtés ont un chargement moyen annuel inférieur à 1,4 UGB à l´hectare.
 Dans les Pays de la Loire et en Deux-Sèvres, les situations sont plus contrastées, avec de 0,8 à 2,2 UGB à l´hectare.

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