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Les têtes blanches en concours officiel au Sommet de l’élevage

L’organisme de sélection Hereford organisait pour la première fois en France un concours officiel de la race, à l’occasion du Sommet de l’élevage. La Hereford française vit actuellement une belle dynamique.

« Nous avions déjà eu l’occasion de présenter des animaux à de grands juges internationaux de Hereford et ils avaient été très favorablement impressionnés par la qualité des animaux français », raconte Pascal Bastien, président de l’OS Hereford. À Cournon, huit femelles âgées de 20 à 30 mois provenant de six élevages différents ont ainsi concouru cette année. Les juges étaient Jill et Coll Harvie, éleveurs hereford, charolais et simmental canadiens, et Miranda Lysell, secrétaire générale européenne pour le Hereford Breeders, éleveuse suédoise de Hereford. "Bien que les animaux présentés soient d'âges un peu différents, ils étaient équilibrés et avec de bonnes qualités de race", commente Jill Harvie. "C'est un bon début." La gagnante est Lune, une génisse de 518 kg âgée 30 mois, appartenant à Justine Laraud de Saône-et-Loire qui s'est installée en race Hereford en 2016. La mère de Lune est très laitière, et son père apporte un très fort développement squelettique. À la deuxième place du concours, se place Languette du Gaec de la Source (Meurthe-et-Moselle) et à la troisième place Minuscule, appartenant à Guillaume Deslande (Morbihan).

L’OS rassemble soixante-dix adhérents, anciens et nouveaux. « Depuis quelques années, tout va en notre faveur avec la recherche d’une viande goûteuse et persillée, le regain d’intérêt pour la conduite à l’herbe et pour un troupeau facile à vivre », commente Pascal Bastien. En 2015, 1197 naissances en race pure ont été recensées, soit 12 % de plus qu’en 2014 et 31 % de plus par rapport à 2010. L’histoire de la Hereford en France est déjà ancienne. Si quelques animaux ont été importés dès 1900, c’est Jean Duquesne, industriel normand de l’alimentation animale, qui a été à l’origine de son développement en France dans les années 70. L’association des éleveurs a été créée en 1972, et la race a été reconnue dès 1975 en recevant le code race 85. Ensuite, le contexte a longtemps été peu favorable, avec en particulier une mauvaise image de l’élevage britannique en lien avec la crise de la vache folle. Mais avec les années de crise, elle est devenue une évidence pour certains. L’OS a été créé en 2012.

Rappelons que la Hereford est mondiale : plus de cinq millions d’animaux sont élevés dans cinquante pays. La race n’a jamais été utilisée pour la traction. Elle a toujours été orientée sur la qualité organoleptique de la viande. Il y a vingt ans, la Hereford était quand même petite. Maintenant, elle est conformée O+ à R+ et elle plaît davantage aux éleveurs français. « Notre objectif est de produire des carcasses de 350 à 380 kilos, et pas au-dessus de 400 kilos de carcasse », explique Pascal Bastien. Un des objectifs de sélection est d’ailleurs de régulariser la taille des animaux en France. Conserver la facilité de naissance, la rusticité et la docilité, bien fixer la robe rouge et blanche (les pays scandinaves y sont moins attachés) sont les fondamentaux de la race. Les éleveurs français partent en majorité sur des souches sans cornes. La Grande-Bretagne est une bonne source de génétique. Les souches du Danemark et de Suède sont aussi appréciées des éleveurs français. « En 2016, soixante femelles d’élevage Hereford ont été importées des Pays-Bas », énonce aussi Pascal Bastien. Face à une demande certaine en femelles reproductrices, l’OS encourage les éleveurs à se lancer dans le transfert d’embryons, et même dans l’achat groupé d’embryons. Ce n’est pas évident car beaucoup d’entre eux sont en système plein air. Très peu d’inséminations en race pure sont d’ailleurs faites, même si par rapport à il y a dix ans, le choix de doses est vaste et de qualité. Environ dix élevages sont adhérents au contrôle de performances, et l’OS essaie d’en motiver davantage à entrer dans le dispositif. L’objectif est déjà que tous assurent la filiation de tout le troupeau.   

La Hereford est beaucoup plus discrète sur le plan marketing que sa cousine l’Angus. Un rapprochement entre les races Hereford et Angus est initié dans l’objectif de mettre en place un OS commun. Le dossier de demande de reconnaissance pour l’Angus a été déposé début 2017. Il faudra probablement encore plusieurs mois, voire plusieurs années, pour aboutir. « La tâche, même si elle est complexe, ne nous décourage pas », remarque Pascal Bastien.

 « Nous ne sommes pas du tout dans l’optique de prendre de la place aux autres races, et ce n’est pas nos quelques milliers de vaches qui vont désorganiser les marchés. Nous cherchons plutôt à prendre la place de la viande hereford et angus qui est importée en France prête à consommer. » Des milliers de tonnes de viande par an sont importées en France ces dernières années pour des clients désireux de travailler avec ce type de viande. "C'est en produisant en France, dans nos fermes des Hereford et Angus qui seront abattues et transformées par des entreprises françaises que toute la filière sera gagnante."

La recherche de l'efficience et une viande particulière

Selon l'organisme de sélection, en saison estivale, la pâture suffit largement aux besoins d'une Hereford. En hiver, un bon foin peut suffire, sinon un apport d'enrubanné ou de protéines à base de lin ou luzerne est réalisé dans le cadre d'une filière particulière. La Hereford produit une viande particulière. Le mode d'alimentation et la précocité permet d'obtenir une viande rouge cerise même avec des animaux jeunes. Le gras intermusculaire et intramusculaire est très présent et la possibilité de pratiquer des maturations longues est alors possible (jusqu'à 100 jours chez certains bouchers).

Vers un OS Angus français

Il existe en France un peu mois de 200 élevages possédant au moins un animal de race Angus (code race 17) et 2157 naissances ont été recensées en 2015. Des chiffres modestes mais en progression. À l’initiative Biocentre, l'association représentant les acteurs de la filière biologique de la région Centre, et de Pascal Bastien, président de l’OS Hereford, une réunion avait été organisée au Sommet de l’élevage à l’attention de tous les éleveurs intéressés par cette race. Elle a rassemblé une quarantaine de personnes aux profils et horizons géographiques variés. Certains détenant déjà des animaux depuis de nombreuses années tandis que d’autres, qu’ils soient éleveurs Charolais, Limousins ou Salers s’interrogent sur une éventuelle diversification. La volonté de cette réunion était aussi de permettre aux éleveurs de mieux se connaitre. À côté des inconditionnels de cette race d’origine écossaise, d’autres étaient simplement venus « pour voir » ou plutôt pour entendre ce qui se dit sur ces animaux. Ses adeptes ont mis en avant ses atouts : qualités d’élevage, génétique sans cornes, précocité sexuelle et finition rapide. Autant d’aptitudes qui éveillent toute l’attention des éleveurs bio.

Que ce soit dans sa version « red » ou « black », la génétique Angus présente en France a été importée sous forme d’animaux vivants, d’embryons ou de semence de différents pays (Grande-Bretagne, Canada, Allemagne…) et peut de ce fait présenter des caractéristiques légèrement différentes. Et de rappeler également que si en France les effectifs Angus sont confidentiels, la situation est très différente dans la plupart des autres pays producteurs de viande bovine. Dans les pays anglo-saxons et en Argentine, l’Angus est aux troupeaux allaitants situés en zone tempérée ce que la Holstein est aux troupeaux laitiers.

Si certains participants à cette réunion misent manifestement sur le marché des reproducteurs, nombre d’entre eux souhaitent avant tout utiliser ces animaux pour produire une viande dont les caractéristiques (persillé, dimension des muscles …) associées à une bonne notoriété font qu’elle est prisée sur certains marchés, en particulier ceux de la restauration haut de gamme.

F. A. 

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