Engraissement
Les réallotements des « JB » à l´origine d´un stress chronique
Engraissement
L´intérêt des jeunes bovins et de leurs éleveurs est sans doute de maintenir le plus longtemps possible, dans les mêmes cases d´engraissement, des animaux qui ont été élevés ensemble, quitte à transférer un lot entier d´animaux pas nécessairement de poids homogène de chez un naisseur à chez un engraisseur. C´est ce que montrent des résultats expérimentaux(1) récents.
Le critère d´allotement le plus utilisé au début et parfois au cours de l´engraissement des jeunes bovins est leur poids. Or ces travaux montrent que l´homogénéité de poids ne se maintient pas au cours de l´engraissement. C´est même plutôt l´inverse du but recherché puisque l´on observe que les écarts de poids se réduisent dans les lots qui étaient hétérogènes au début, et qu´ils augmentent dans les lots homogènes.
« Par ailleurs, le réallotement a pour conséquence de perturber le groupe social et d´augmenter les agressions, du fait de l´établissement d´une hiérarchie. Et l´établissement d´une hiérarchie est d´autant plus difficile que les animaux sont de poids homogène », explique Luc Mounier de l´Ecole vétérinaire de Lyon. Les essais ont montré que les jeunes bovins se battent davantage pendant les heures qui suivent le réallottement, et surtout qu´ils ont par la suite moins de relations d´affinité entre eux, signe d´une moindre cohésion sociale. Ceci a été montré par des tests pour évaluer cette cohésion sociale pendant l´engraissement qui consistaient à placer les jeunes bovins dans une situation de compétition alimentaire ou dans une situation de séparation sociale.
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Après réallotement, a hiérarchie au sein du lot est peu stable et surtout la cohésion sociale est très faible. ©F. d´Alteroche |
Des effets sur toute la durée de l´engraissement
Or c´est la cohésion sociale qui leur permet d´avoir moins peur face à des situations stressantes, d´être apaisés. Le réallotement est donc à l´origine d´une diminution de l´effet apaisant que peut avoir le groupe face à des événements stressants tels que le transfert vers l´abattoir par exemple.
« Cette plus faible cohésion sociale est vraisemblablement à l´origine d´un stress », selon Luc Mounier. C´est une activité supérieure en fin d´engraissement de la TH, une enzyme de synthèse des cathécholamines, qui a signé l´état de stress chronique chez les animaux réallotés dans ces essais. « Contrairement aux idées reçues, l´impact du réallotement ne se limite pas aux heures qui le suivent mais se ressent sur toute la durée de l´engraissement ».
Ces expériences ont montré aussi que la vitesse de croissance est en moyenne plus élevée chez les animaux qui n´ont pas été réallotés, comparée aux animaux réallotés chez un même éleveur. Des différences de 60 à 150 g de GMQ ont été mises en évidence.
On savait que le mélange d´animaux d´origine différente pouvait s´accompagner d´une augmentation du risque de pathologies, liée au mélange des microbismes. Dans cette étude, les jeunes bovins n´ont pas présenté plus de symptômes ni de mortalité dans les lots réallotés. « Nous pensons que c´est grâce aux protocoles sanitaires appliqués par les éleveurs qui pratiquent le réallotement. »
(1) Thèse de Luc Mounier, réalisée à l´Inra de Clermont-Ferrand et présentée à l´Université de Clermont-Ferrand en mars 2005.