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Les plaquettes bois pour ne pas être sur la paille

Cette année, la paille initialement destinée aux litières a de fortes chances de se retrouver surtout dans les auges. Le bois plaquette est une solution à envisager pour la remplacer.

© S. Leitenberger

Utiliser du bois plaquette pour « pailler » ses animaux. Voilà une idée qui va paraître saugrenue à certains, voire même totalement loufoque à d’autres. Ces remarques, recevables en année climatique « normale », le sont beaucoup moins compte tenu de l’actualité. Bien entendu, il n’est pas ici question de prétendre que cette solution constitue « le » remède miracle qui résoudra l’un des problèmes de l’année en cours. C’est à l’évidence la paille de céréales qui demeure le meilleur matériau et surtout le plus pratique pour réaliser une litière pour des bovins. Mais dans la mesure où des plaquettes forestières sont régulièrement utilisées à cet usage depuis plusieurs années et avec succès dans certaines exploitations, il est légitime de s’intéresser à cette solution, surtout cette année. De plus, les disponibilités en bois sont souvent abondantes dans les zones d’élevage, qu’il s’agisse de bois issu des haies ou des forêts. Cette abondance a d’ailleurs jusqu’à présent généré un gaspillage de la ressource. Soit le bois finit par pourrir en forêt ou, lorsqu’il est issu de l’entretien des haies bocagères, il est tout simplement brûlé dans les champs après le prélevement de quelques bûches. En dehors des plaquettes, les autres coproduits de l’industrie du bois constituent des éventualités à ne pas négliger, « mais par rapport à 2003, il est aujourd’hui plus difficile de trouver des produits ligneux (sciure, copeaux, écorces…) à utiliser comme litière, car les usages vers une valorisation énergétique peuvent devenir localement prioritaires. La marge de manoeuvre des éleveurs pour ce type de produits est devenue plus étroite qu’auparavant. Il est important de contacter localement les scieries afin de connaître la nature, la quantité, la qualité (taux d’humidité) des produits disponibles », avertit l’Institut de l’élevage.

CONSOMMATION DE PAILLE RÉDUITE

Sans supprimer totalement les besoins en paille, le recours aux plaquettes permet de limiter les quantités consommées. A l’heure où le contexte va inciter à orienter prioritairement la paille vers les râteliers et non vers les pailleuses, l’expérience concluante de certains éleveurs qui ont opté pour cette technique mérite d’être suivie avec intérêt. Lorsqu’elles sont suffisamment sèches, l’un des gros intérêts de ces plaquettes est leur forte capacité d’absorption (jusqu’à 350 l/m3). Utilisées en sous-couche, elles réduisent ensuite la fréquence de paillage par une meilleure action drainante des jus de la litière. « Une litière à base de plaquettes est moins tassée que du fumier produit seulement à partir de paille. Cela s’explique par la nature du produit. Des plaquettes sont un matériau « plein », alors que la paille est une fibre qui s’écrase », explique Sylvie Monier animatrice de la mission « haie Auvergne », une émanation de l’Union régionale des forêts d’Auvergne, l’antenne régionale du syndicat de la forêt privée française. Le fumier incluant des plaquettes tend donc à être moins tassé que celui réalisé uniquement à partir de paille. C’est aussi ce qui explique que bien des utilisateurs de plaquettes estiment que ces litières sont plus faciles à curer.


Plusieurs façons d’utiliser les plaquettes pour le paillage

1- étaler 15 à 20 centimètres dans la stabulation avant l’entrée des animaux. La litière dure alors environ trois semaines », explique Etienne Bourgy animateur de la FD Cuma de la Nièvre. Au-delà de cette durée, un vibroculteur ou une herse rotative doit être passé pour briser la croûte qui s’est formée et faire remonter les plaquettes propres pour prolonger d’une quinzaine de jours la litière sans utiliser de paille. « Après un mois à un mois et demi, on rajoute des copeaux sur cette litière ou bien de la paille. Cette technique de retournement des plaquettes pour en prolonger la durée est assez contraignante », reconnaît Etienne Bourgy.


2- mettre seulement une petite dizaine de centimètres de plaquettes (soit un mètre cube pour une quinzaine de mètres carrés) avant l’entrée des animaux, puis une fois les trois premières semaines écoulées, rajouter régulièrement des plaquettes ou de la paille ce qui évite alors l’aspect contraignant du retournement de la litière. Le paillage peut alors être moins conséquent (entre 50 et 70 % de la dose habituelle comparativement à une litière 100 % paille) de part l’effet structurant et drainant de la sous-couche.


3- réaliser un « millefeuille » avec une couche de plaquettes suivie d’une couche de paille en procédant ainsi tout au long de l’hiver. Certains éleveurs utilisant des plaquettes estiment que la litière est « froide » si elle est uniquement composée de plaquettes et qu’il est donc important d’incorporer au moins une petite proportion de paille de façon à améliorer le confort des animaux.

 

Quel bois utiliser ?

On gagne à donner priorité aux bois blancs (saule, peuplier, tremble, bouleau, noisetier…) et aux résineux. En fait tous les bois conviennent, mais moins ils sont denses et plus ils tendent à être absorbants s’ils sont bien secs. Le bois de chêne et de châtaignier est utilisable s’il provient de tiges âgées de moins de 25 ans encore peu riches en tanin. Au-delà de cet âge, ces essences sont mieux valorisées en bois bûches ou en pieux pour les clôtures. La première condition à respecter pour ne pas être déçu par ce type de litière consiste à utiliser des plaquettes les plus sèches possible (15 à 25 % d’humidité) au moment de leur utilisation. Les plaquettes utilisées pour le « paillage » sont en tout point semblables à celles utilisées pour l’alimentation des chaudières. Mais il est parfois recommandé d’avoir un calibrage un peu plus petit (20 mm) que pour les chaudières (40 mm) afin d’obtenir une plus forte capacité d’absorption.

 

Organisation du chantier

pour disposer de plaquettes parfaitement sèches en début d’hiver, le calendrier idéal est de couper le bois en hiver, de le broyer en cours de printemps pour qu’il puisse fermenter, chauffer puis sécher en été. « On peut cependant le couper dans l’été. En tenant compte du délai de 4 mois incompressible pour faire sécher le bois, cela permet d’avoir des plaquettes disponibles pour le début de l’hiver. » Il n’est donc pas trop tard pour faire déchiqueter du bois pour la prochaine rentrée à l’étable, mais il est urgent d’y penser et de s’organiser ! C’est d’autant plus vrai que la planification des tournées de déchiquetage nécessite un certain délai. Broyer des tiges en feuilles est possible mais génère davantage de poussière. A l’heure où la ressource fourragère est rare, autant permettre aux troupeaux d’y avoir accès pour qu’ils débarrassent ces tiges de leurs feuilles en se remplissant la panse. Au moment de la réalisation du chantier, l’idéal est de stocker les copeaux à l’abri dans un hangar ou dans la stabulation vidée de son fumier. Il est aussi préférable de mettre les plaquettes sur une aire bétonnée pour éviter les remontées d’humidité depuis le sol par capillarité. Si les plaquettes sont réalisées à partir de bois vert coupé au printemps en période de montée de sève, le taux d’humidité avoisine les 50 à 55 %. Mis en tas de 2 mètres de haut minimum (jusqu’à 5 à 7 mètres si possible), la fermentation démarre rapidement. « Après quelques jours, la température du tas s’élève progressivement pour atteindre les 70 à 80 °C. C’est cette élévation de température qui dure de quatre à cinq mois qui contribue à sécher naturellement les plaquettes, sans avoir à remuer le tas », précise Etienne Bourgy.


Il ne faut d’ailleurs surtout pas brasser le tas car son oxygénation provoquerait un phénomène de compostage. Passé ce délai, les plaquettes atteignent le taux d’humidité de 15 à 25 % qui permet de les utiliser dans une chaudière ou pour une litière. « Précisons que l’échauffement du tas par fermentation n’engendre pas d’incendie puisque l’auto-inflammation des copeaux se fait entre 240 et 260 °C. »

Valoriser le fumier incluant des plaquettes

Le compostage est généralement conseillé, mais pas toujours obligatoire. Tout dépend en fait des essences utilisées et de l’âge des branches ou des troncs. Pour des bois blancs feuillus et le chêne ou le châtaignier de moins de 25 ans, le fumier peut être épandu tel quel après curage. « Pour le chêne, le bois de coeur, riche en tanin n’est produit qu’à partir de 25 ans. Les branches de moins de 30 ans, peu riches en tanin, ne présentent aucun risque en matière d’acidification de sol », précise Sylvie Monier. En revanche, pour le fumier incluant des plaquettes de résineux ou de chênes issus d’arbres ou de branches de plus de trente ans, le compostage est nécessaire. « Le bois feuillu âgé contient des tanins et le bois résineux des terpènes. Or tanins et terpènes mettent du temps à être décomposés dans le sol. Le fumier doit donc être composté. C’est ce compostage qui permet de faire évoluer les terpènes et les tanins. Sans compostage on a alors tendance à acidifier le sol. » Ce risque n’est toutefois avéré que dans le cas d’épandages régulièrement renouvelés. Un apport ponctuel occasionnel n’est pas vraiment pénalisant.

 

Petites règles à connaître

- Un mètre cube de plaquettes sèches (entre 15 et 25 % d’humidité) équivaut à plus ou moins 250 kilos de paille.

- Selon les essences utilisées un mètre cube apparent de bois vert déchiqueté pèse de 300 à 350 kg lorsqu’il est vert et autour de 250 kilo une fois sec.

- En terme de capacité d’absorption, les promoteurs du bois plaquette estiment qu’une tonne de plaquettes sèches soit plus ou moins 4 mètres cubes équivaut peu ou prou à une tonne de paille.

Plan du dossier

Disponibilité en bois : privilégier la production de l’exploitation

Chez Yves Fradin, dans l’Allier : une consommation de 250 mètres cubes de plaquettes par an

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