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Intoxications des bovins
Les pesticides suspectés à tort

Souvent suspectés, les pesticides sont en fait rarement à l´origine d´intoxications chez les animaux d´élevage. Le point avec Thierry Buronfosse, président du centre anti-poison pour les animaux à Lyon.


Les éleveurs ont-ils de bonnes raisons de suspecter les effets des pesticides sur leurs animaux ? Ce thème fait régulièrement l´objet d´exposés réalisés par le Centre national d´informations toxicologiques vétérinaires (CNITV). « Une grosse partie de notre activité est consacrée au centre anti-poison pour les animaux, précise Thierry Buronfosse, professeur à l´École vétérinaire de Lyon et président du centre anti-poison pour les animaux de cette même ville. 24 heures sur 24, des vétérinaires spécialement formés aident les éleveurs à prévenir et à prendre en charge les intoxications intervenues sur le bétail. » Le centre assure aussi une mission de santé publique et de toxico-vigilance.
Si l´exploitant respecte les doses et les délais d´attente avant la récolte, les substances chimiques ne se retrouvent pas en tant que telles sur les cultures récoltées. ©F. d´Alteroche

13 000 appels téléphoniques par an en moyenne
« Nous recevons en moyenne treize mille appels téléphoniques par an, de la part d´éleveurs, de vétérinaires, de laboratoires., dont environ six cents concernent les bovins. » Les circonstances des intoxications sont généralement liées à un défaut de stockage ou à une mauvaise utilisation des pesticides. « Le cas le plus fréquemment relaté concerne celui de vaches qui ont réussi à accéder au tas de semences traitées. » Les erreurs de distribution, avec inversion de produits, peuvent également être à l´origine d´intoxications accidentelles. De même, des problèmes d´homogénéisation des traitements insecticides pour assurer une bonne conservation des céréales destinées à la consommation du bétail, peuvent se poser. « Lors des traitements dans les champs, l´exploitant n´est pas non plus à l´abri des incidents. Notamment si lui (ou son voisin !) traite les bordures du pré que les bêtes pâturent, ou s´il traite une parcelle voisine par temps venté. Mais les accidents sont alors bénins. » poursuit le spécialiste.
Attention aussi au délai à respecter entre le traitement et la réintroduction des animaux sur la parcelle. En cas d´exposition aux pesticides, les symptômes sur les animaux ne sont pas toujours visibles, mais leur absence ne garantit pas des produits sains pour le consommateur (passage éventuel dans le lait ou la viande).
« Toute suspicion n´est toutefois pas forcément synonyme d´intoxication, souligne le vétérinaire. Parmi les appels qui font état d´une suspicion, 12 % seulement se révèlent des intoxications possibles ou probables. » Et en cas d´intoxications avérées, celles-ci ne sont pas forcément liées aux pesticides. Elles peuvent également provenir de plantes toxiques, de polluants. « Les pesticides sont souvent suspectés à tort, résume Thierry Buronfosse. L´an dernier par exemple, en raison d´un printemps plutôt sec, beaucoup d´éleveurs ont craint un quelconque effet toxique des raccourcisseurs de paille et des fongicides sur les fourrages, en associant détoxification de la culture après traitement et niveau de pluviométrie. Or, si l´exploitant respecte les doses et les délais d´attente avant la récolte, les substances chimiques ne se retrouvent pas en tant que telles sur les cultures récoltées. »

En général, pour la moitié des appels reçus, les exploitants savent d´où provient l´intoxication. Le centre se charge alors de valider la responsabilité du produit incriminé et, selon l´état sanitaire des animaux touchés, il évalue l´intérêt d´un traitement, en coordination avec le vétérinaire de l´élevage. Pour l´autre moitié des appels, la situation s´avère plus délicate car si les éleveurs suspectent un produit en particulier, ils ne connaissent pas l´origine exacte du problème.
Pas de symptômes spécifiques
Le diagnostic n´est alors pas facile à établir, d´autant qu´il n´existe pas de symptômes spécifiques à une intoxication par les pesticides. Par contre, un ensemble de symptômes peut être associé à une famille de produits.
« A partir des symptômes décrits par les éleveurs, il nous faut émettre des hypothèses, réaliser un pronostic, et orienter les analyses à effectuer. Nous devons aussi définir quelle conduite adopter vis-à-vis des résidus occasionnés dans le lait et la viande. C´est un enjeu économique majeur, notamment lorsque le troupeau entier a été exposé, expose le vétérinaire. Il n´est pas toujours facile d´apporter des réponses objectives, précise-t-il. Nous nous basons essentiellement sur des données bibliographiques, mais dans la pratique au-delà de deux substances associées, il est difficile de définir le devenir des molécules et leurs conséquences sur le cheptel. »

Sur les bovins, différents types de toxicité observés
Les effets toxiques des pesticides peuvent entraîner des symptômes observables ou non. Les conséquences sur l´animal dépendent du type de molécules, de la dose consommée par l´animal et de la réactivité de l´éleveur.
 Toxicité aiguë : elle résulte d´une exposition unique, à forte dose et peut entraîner la mort de l´animal. Des symptômes digestifs ou nerveux sont le plus souvent visibles.
 Toxicité subaiguë : elle s´explique par un contact bref ou sur une courte période avec les produits. Les signes cliniques sont moins marqués que dans le cas précédent.
 Toxicité chronique : elle intervient suite à l´ingestion régulière de petites quantités. Des troubles cliniques apparaissent après des contacts répétés, parfois sur de longues périodes.
Certains produits peuvent s´accumuler dans l´organisme, induisant encore des symptômes alors qu´ils ne sont plus consommés.
 Toxicité à long terme : les symptômes ne sont pas observables, mais il y a des modifications physiologiques qui peuvent entraîner une diminution des performances zootechniques, de la reproduction et de l´immunité.

En savoir plus
Le CNITV est une association qui ne touche aucune subvention. Sa survie est assurée par les cotisations de ses membres et les dons qu´il reçoit. Pour joindre le centre, voici ses coordonnées : 04 78 87 10 40. Un autre centre anti-poison pour les animaux existe en Loire-Atlantique (Capa Ouest). Tél. : 02 40 68 77 40.

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