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Commercialisation
Les marchés au cadran séduisent beaucoup d´éleveurs allaitants

Nièvre, Cher et Corrèze ont en commun la particularité d´avoir de nombreuses exploitations spécialisées dans la production allaitante mais aussi possèdent ensemble quatre marchés au cadran qui connaissent un engouement croissant.


Quel point commun peut-on trouver aux trois départements de la Nièvre du Cher et de la Corrèze ? Sur le plan agricole tous les trois ont d´abord la particularité d´avoir de nombreuses exploitations spécialisées dans la seule production allaitante. Toujours en matière agricole et plus spécifiquement en matière d´élevage, ces trois départements ont également en commun la présence d´un ou plusieurs marchés au cadran par lesquels transite une part variable des bovins et ovins nés dans ces mêmes départements du grand bassin allaitant du centre de la France. Le plus ancien de ces quatre marchés est celui de Moulins Engilbert dans la Nièvre et le plus récent celui d´Ussel en Corrèze. Tous fonctionnent sur le même principe avec quelques rares nuances. Tous ont aussi lieu en début de semaine. « C´est essentiel et incontournable pour les marchés d´exportation », explique Martial Tardivon, chef des ventes à Moulins Engilbert. Si ce marché a été le premier à se mettre en place, les éleveurs de Châteaumeillant (Cher) et de Corbigny (Nièvre) s´en sont largement inspiré avant que les Corréziens ne viennent ensuite piocher des idées principalement dans le Cher.
Depuis, compte-tenu de leur relatif éloignement géographique, on ne peut guère parler de concurrence entre ces structures, qui entretiennent entre elles de bonnes relations et travaillent plutôt en synergie. Les chefs des ventes se voient régulièrement et travaillent de concert pour mieux satisfaire leurs acheteurs et se communiquer les noms et adresses de ces derniers.
Bien entendu, cette part croissante du nombre d´animaux commercialisés fait que ces derniers échappent aux autres circuits commerciaux. Une évolution qui n´est pas sans faire grincer quelques dents. « Nous estimons que les animaux qui nous ont été apportés se répartissaient jusqu´à présent de façon sensiblement équitable entre la commercialisation par des privés achetant en ferme ou des animaux apportés aux coopératives », précise Bruno Bunisset, producteur de broutards limousins sur le plateau de Millevaches et président du marché d´Ussel.
A Moulins Engilbert, Martial Tardivon pilote depuis sa cage de verre la vente d´un peu plus de mille bovins chaque semaine. ©F. d´Alteroche

Garantie de paiement et le chèque « au cul du camion »
Si justement le marché d´Ussel n´est encore qu´en phase de lancement, pour les trois autres, ce mode de commercialisation du bétail plaît manifestement aux éleveurs. L´observation de l´évolution des chiffres du volume des apports sur ces marchés est d´ailleurs la preuve qu´ils ont su répondre aux attentes d´au moins une partie des éleveurs de ces régions. Ainsi par exemple un peu plus de 50 000 bovins ont été apportés l´an dernier à Moulins Engilbert contre 32 500 en 2001 et 28 500 en 1999. « C´est d´abord le principe de la garantie de paiement et le fait d´avoir le chèque « au cul du camion » qui a séduit beaucoup d´éleveurs », souligne Bruno Bunisset, « L´éleveur qui a un besoin immédiat d´argent sait qu´il pourra dès la fin du marché avoir le règlement du montant de ses animaux aux tarifs du jour. »
Pour Jérôme Chartron, chef des ventes à Châteaumeillant, le fait de pouvoir aussi vendre des ovins a été favorable à la mise en place du marché qui l´emploie, notamment auprès des éleveurs mixtes. Ces derniers ont souvent commencé par amener une demi-douzaine d´agneaux à l´arrière du C15 en se disant qu´en procédant ainsi, ils ne prenaient guère de risques. Séduits une première fois, ils se sont ensuite enhardis à amener quelques lots supplémentaires avant de passer à la vitesse supérieure en optant ensuite pour les lots de broutards.
Pour Patrice Chateauneuf, éleveur dans le Cher et apporteur régulier de Châteaumeillant, « ces marchés sont de très bon outils. C´est actuellement la meilleure façon de vendre du bétail et surtout du bétail maigre. Leur mise en place a peut-être aussi contribué à donner un petit coup de pouce à la hausse du prix des broutards. »

Des propos bien évidemment confirmés par Joël Barret, président du marché de Châteaumeillant et sélectionneur en race Charolaise dans le Cher qui précise aussi : « Le fait de souscrire au marché n´oblige cependant en rien les éleveurs à y apporter l´ensemble de leur production. Ils sont en la matière libres de faire comme bon leur semble. Ceux qui produisent du JB savent qu´un marché au cadran n´est pas le lieu idéal pour vendre ce type d´animaux. » Mais Joël Barret aime surtout à rappeler : « ci ce sont avant tout des marchés d´éleveurs. A l´inverse d´un marché de gré à gré comme Sancoins où l´essentiel du bétail est amené par des négociants, dans nos marchés les animaux sont principalement amenés par leurs naisseurs. » Pour confirmer ces dires, il suffit d´ailleurs d´observer les véhicules avec lesquels sont amenés les animaux. A côté des petits camions conçus pour transporter quelques têtes, l´essentiel des places de parking de ces marchés sont occupées par des bétaillères attelées derrière les tracteurs ou plus rarement de vans attelés derrière des voitures ou pick-up à 4 roues motrices.
« Au départ, nous visions les éleveurs dont l´exploitation est située dans un rayon de 50 kilomètres autour d´Ussel, mais au final, certains viennent de plus loin et notamment du Lot et de la Dordogne », explique Bruno Bunisset. Même son de cloche à Châteaumeillant où Joël Barret cite le cas de certains éleveurs de la Brenne qui font plus de 120 kilomètres en camion pour venir vendre leurs animaux.
Les chefs des ventes attribuent également le succès de ces marchés à la plus-value qu´il est possible d´escompter pour l´éleveur comparativement à une vente en ferme. Ils la situent autour de 0,15 ? à 0,2 ?/kilo vif avec de possibles variations selon les catégories d´animaux et le contexte commercial du jour où a lieu le marché. « Notre principal argument est de dire à l´éleveur qu´en ferme, l´acheteur est seul avec lui pour définir le prix de ses animaux alors qu´au marché au cadran pour définir ce prix, cet acheteur sera confronté à ses collègues et concurrents en un même lieu », souligne Jérôme Chartron.

Face à cette possible plus-value immédiate, il faut bien entendu mettre en balance la nécessité d´avoir un moyen de transport même si comme le précise Pierre Brossard, trésorier de la Sicafome à Moulins Engilbert. « Avec l´agrandissement des troupeaux et des exploitations et la reprise de pâtures parfois éloignées du siège de l´exploitation, rares sont dans notre zone les éleveurs qui ne disposent pas d´une bétaillère à atteler derrière leur tracteur. »
Difficile non plus d´occulter le côté convivial du marché. A côté de la vente des animaux, il permet par la même occasion de venir rencontrer d´autres éleveurs et de prendre quelques minutes pour avoir une discussion cordiale autour d´un café. « Il ne faut pas non plus dire que d´amener des bêtes au cadran fasse systématiquement perdre une demi-journée de travail sur l´exploitation. Beaucoup d´éleveurs nous amènent leurs animaux tôt dans la matinée. Chez nous, le marché commence à sept heures pour les mâles. Il est fréquent qu´à neuf heures, ils soient de retour chez eux après que leur lot ait été vendu », précise Bernard Gautier, président de la Sicafome et éleveur de Charolais et de Salers dans la Nièvre.

Rassemblement de l´offre en un même lieu
Même si tous les négociants n´ont pas forcément été de chauds partisans de la première heure des marchés au cadran, ils ont toutefois rapidement dû s´y faire. Et ce mode de commercialisation doit leur convenir, puisque semaine après semaine, ils reviennent. Et les gestionnaires de ces marchés de préciser que même s´ils ne le confessent pas toujours, beaucoup d´acheteurs y retrouvent leur compte comparativement à des achats en ferme.
Certes, les tarifs sont plus élevés, mais en revanche ces cadrans permettent de rassembler l´offre en un même lieu. Cela limite le temps passé à sillonner les routes de campagne pour aller de ferme en ferme et économise donc du temps et des kilomètres. De plus il n´y a pas tout le travail de ramassage en ferme puisque ce sont les éleveurs qui se sont chargés de cette tâche avec leur propre moyen de transport.

Reste que pour attirer et fidéliser les acheteurs, il faut un minimum d´animaux par catégorie. « Pour les broutards, il faut autour de 250 têtes mâles et femelles confondues. Pour les vaches il faut en compter une bonne cinquantaine de maigres ou à finir d´engraisser et au moins une vingtaine de vaches de viande pour avoir le nombre suffisant d´acheteurs qui permet ensuite d´animer un peu le marché », précise Jérôme Chartron. Ensuite, le monde attire le monde. « Plus il y a d´animaux et plus on attire les acheteurs et plus les éleveurs y trouvent leur compte en amenant leurs animaux. »

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