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Les grands principes du pâturage tournant dynamique

Maximiser la pousse de l’herbe : tel est le grand principe du pâturage tournant dynamique. Et de faire en sorte que cette herbe soit au bon stade quand les animaux la consomment en s’interdisant tout gaspillage.

Le pâturage tournant dynamique (PTD) se traduit par le cloisonnement des parcelles en herbe en de nombreuses petites surfaces élémentaires, sur lesquelles les animaux tournent rapidement. Cela permet d’adapter la quantité d’herbe sur pied disponible aux besoins du lot pour une période donnée. Les animaux ont suffisamment à brouter sans pour autant faire de surpâturage. Cela se traduit dans les faits par la pose de clôtures électriques et la mise en place d’un réseau d’abreuvement. Ce cloisonnement permet si besoin de débrayer une parcelle pour constituer des stocks, et d'adapter l’offre à la demande sans gaspillages. Le fait d’augmenter les fréquences de pâturage maintient le couvert herbacé au bon stade, avec une proportion de feuilles élevée quand les animaux la consomment.

Un planning de pâturage rigoureux et préparé en amont est incontournable. Il doit permettre de différencier les îlots selon leur niveau de productivité, et tient compte de la courbe de croissance de l’herbe tout au long de la saison de végétation. Cette courbe peut être ajustée en fonction des différents types de prairies de l’exploitation. L’autre donnée de base concerne les besoins en kilos de matière sèche d’herbe des animaux, selon leur poids et leur stade de lactation ou objectif de croissance. Autant de notions complexes mais vulgarisées lors des formations destinées à familiariser les éleveurs avec cette technique. Ces données permettent d’établir un prévisionnel de l’organisation du pâturage à l’échelle de l’élevage, en constituant des lots et en leur attribuant les différentes parcelles divisées en blocs.

Ne pas pâturer trop ras

En faisant entrer les animaux sur la parcelle quand l’herbe est à son stade optimum, il s’agit de maximiser la photosynthèse en maintenant l’herbe au stade feuillu, tout en conservant un bon équilibre entre graminées et légumineuses. Il ne faut donc pas pâturer trop ras, ce qui pénaliserait les repousses, ni pâturer trop haut pour ne pas dégrader la valeur nutritionnelle de l’herbe.

Les promoteurs du PTD accordent une grande importance au respect du temps nécessaire à la reconstitution des réserves et au développement de la masse racinaire entre deux pâturages. Dans la mesure où ce volume racinaire est proportionnel au volume des parties aériennes, les racines seront profondes et vigoureuses s’il n’y a pas eu de surpâturage. En revanche, s’il y a eu surpâturage, les plantes auront été affaiblies, avec un impact sur la dynamique de leur repousse. À cela vient s’ajouter le développement des adventices. Quand ils pâturent, les bovins sélectionnent en permanence les plantes les plus appétentes et digestes. Cela les conduit à surpâturer les meilleures espèces et donc à favoriser les indésirables. Les surpaturées auront de ce fait un système racinaire moins dynamique. Quand aux sous-pâturées — car peu appétentes —, elles n’en seront que plus dynamiques. Elles prendront donc peu à peu le dessus.

Quant ils entrent dans la parcelle, les bovins commencent à utiliser les parties terminales de la plante car aisément préhensibles et de meilleure valeur nutritive. Puis ils exploitent les niveaux résiduels, avec une plus ou moins grande intensité selon les possibilités de choix qui leur sont offertes. Dans une prairie, une faible pression de pâturage instantanée tendra donc à hétérogénéiser le couvert. Mais quand on a un chargement élevé sur une petite surface, on minimise le comportement sélectif des animaux. Cela va dans le sens d’une homogénéisation du couvert. Les animaux ne doivent rester qu’un temps limité sur le paddock qui leur a été attribué. Une journée est l’idéal et il ne faudrait pas aller au-delà de trois jours. Au delà de ce délai, la plante a recommencé son cycle de croissance et si les animaux demeurent sur cette parcelle, ils vont immédiatement attaquer ces repousses et donc surpâturer. Avec le PTD, le phénomène de tri est moins sensible. Le couvert des parcelles devient régulier et égal. Le développement des bonnes fourragères est favorisé et les espèces indésirables perdent du terrain.

Un temps de séjour réduit a également un effet bénéfique sur la répartition des fèces et de l’urine, lesquels ne sont plus concentrés autour des points d’eau et des points d’ombre mais plus uniformément répartis. À long terme, cela permet un meilleur retour des éléments fertilisants sur l’ensemble de la parcelle.

Le stade le plus favorable pour faire entrer les animaux est atteint quand le stock d’herbe sur pied est de l’ordre de 2 500 à 3 000 kgMS/ha. Puis de les faire sortir quand ce même stock sur pied se situe entre 1 000 et 1 500 kg de MS /ha. Pour évaluer ces quantités de matière sèche, il existe différents outils. Les repères sur la botte et le coup d’œil de l’éleveur herbager expérimenté sont souvent, au final, analysés comme les plus efficaces.

Comportement dans le paddock

Plusieurs autres avantages sont régulièrement mis en avant par les éleveurs qui ont opté pour le pâturage tournant dynamique. Les animaux sont calmes et en deviennent même vite familiers, dans la mesure où la visite de leur propriétaire est assimilée au changement de paddock. Ils ne perdent pas non plus d’énergie inutilement pour se déplacer, et en particulier pour aller boire. Le fait que les animaux avancent régulièrement évite le risque de détérioration de l’ensemble de la prairie en cas de fortes pluies, dans la mesure où les animaux ne restent qu’une journée sur une zone donnée. À partir du moment où on commence à mettre en œuvre ce système, il faut en général trois à quatre ans pour vraiment bien le maîtriser. Mais dès la première année, les bénéfices sont là si les règles sont respectées.

Rendement en herbe

Pour connaître le rendement potentiel en tonnes de matière sèche d’herbe par hectare d’une prairie uniquement pâturée selon le principe du pâtuage tournant dynamique, le cabinet PatureSens estime qu’il faut se baser sur le rendement en grain moyen + 30 % d’une céréale à paille cultivée sur des parcelles voisines de la prairie : à savoir 7,8 tMS/ha pour un rendement de 60 q. Ou sur le rendement du maïs ensilage. Quand on produit 12 tMS/ha avec du maïs, on peut en produire autant avec de l’herbe uniquement pâturée mais très bien gérée.

La formation allie la théorie à la pratique

Les formations au pâturage tournant dynamique associent toujours la théorie à la pratique. Elles se déroulent classiquement sur plusieurs journées par petits groupe d’une douzaine d’éleveurs. Elles incluent des rappels sur la croissance des plantes et pourquoi il est primordial de les faire pâturer à certains stades. Les éleveurs travaillent ensuite sur les données de leurs exploitations et entrent dans le vif du sujet pour savoir comment redécouper leurs parcelles pour mettre en place les paddocks. Puis ils sont accompagnés sur les périodes clés (mise à l’herbe, pleine pousse…). 

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