B. Byrne et J. O´Toole
« Les exportations irlandaises sont au beau fixe »
Dans le cadre du Sial(1), Bernadette Byrne et Jim O´ Toole du Bord Bia expliquent que la demande en viande irlandaise est actuellement très soutenue et que les perspectives sont très bonnes pour la filière.
Quelles sont les conséquences pour l´Irlande du retour sur le marché de bovins britanniques ?
Jim O´ Toole - Pour l´instant, les conséquences sont très faibles. Le Royaume-Uni a toujours été, traditionnellement, un marché très important pour la viande bovine irlandaise, en dehors des conséquences de l´ESB, sur les quinze dernières années.
Nous avions estimé que le retour des vaches britanniques nous priverait d´un débouché de 80 000 Téc en 2006, un chiffre à mettre en perspective avec les 260 000 Téc qui y ont été exportées en 2005. Or, il se trouve que les prévisions qui ont été faites sur le retour de la production au Royaume-Uni ont été optimistes. Pour les réaliser, il faudrait abattre 4000 à 5000 vaches de plus par semaine que ce qui est réalisé actuellement. Et la consommation y est très soutenue. Finalement, pour l´instant, les débouchés irlandais vers le Royaume-Uni ont diminué d´environ 10 000 Téc. Cela ne nous pose pas de problème et nous permet de disposer de disponibilités supplémentaires pour d´autres marchés qui sont demandeurs.
La demande pour la viande irlandaise est-elle très forte de la part des pays d´Europe continentale ?
Bernadette Byrne - Les exportations irlandaises vers la France, l´Italie et les Pays-Bas - nos trois principaux clients - représenteront environ 150 000 Téc pour 2006, soit une progression de plus de 20 % sur l´année. Ceci s´explique par l´embargo lié à la fièvre aphteuse sur la viande provenant de certains états du Brésil, qui libère des marchés surtout en Allemagne et aux Pays-Bas, et aussi par le déficit croissant de production quasi-général en Europe continentale. Par exemple, pour le marché français, les fournisseurs traditionnels de vaches que sont l´Allemagne surtout, et dans une moindre mesure l´Italie, affichent eux-aussi une baisse de production et donc des disponibilités réduites pour l´export. En Irlande, la production devrait augmenter de 4 % en 2006 et il n´est pas prévu qu´elle baisse dans les huit à dix prochaines années.
Sur quels marchés, la viande irlandaise est-elle orientée en France ?
B. B. - En France, sont expédiées des vaches, destinées aussi bien au secteur de la restauration qu´à la grande distribution. Nous souhaitons développer une identification en rayon de GMS de la viande irlandaise. Nous avons réalisé il y a quelques années des tests en rayon libre-service auprès de 1000 consommateurs, avec de la viande identifiée, qui ont montré que l´Irlande, ses prairies et sa viande bovine, bénéficiaient d´une très bonne image auprès des Français. Les carcasses irlandaises sont d´un poids idéal pour la découpe et la commercialisation. Ces dernières années, le niveau génétique et la conformation ont bien progressé. La saisonnalité des abattages a été aussi bien réduite. Par exemple, en 2005, 21 % des abattages ont été faits sur le premier trimestre, 24 % au 2e, 26 % au 3e et 29 % au 4e. Des vaches irlandaises sont aussi exportées dans les pays scandinaves. Aux Pays-Bas et en Italie, nous expédions des boeufs.
Que pensez-vous de la concurrence de la viande d´Amérique du Sud en Europe continentale ?
J. O.T. - C´est une menace pour l´avenir de tous les producteurs européens de viande bovine. Pour l´instant, la préférence communautaire joue, il faudrait qu´elle soit consolidée par la volonté des consommateurs.
Pour en savoir plus
Le Bord Bia ou Irish Food Board, est l´organisme irlandais qui assure toutes les fonctions équivalentes à celles des organisations françaises que sont l´Ofival, l´interprofession, le Centre d´information des viandes et le Comaral (conseil en marketing et communication).
Cet organisme s´occupe de tous les produits agroalimentaires irlandais.
(1) Salon international de l´agroalimentaire qui se déroule en octobre, tous les deux ans, à Paris.