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« Les éleveurs n'ont pas encore pris de décision sur la décapitalisation » affirme Martial Tardivon

Dans la Nièvre, une décapitalisation consécutive à la nouvelle PAC n'est pas à exclure, mais le risque est lié au déficit d'installations en élevage et à l'attrait de la céréaliculture. Trois questions à Martial Tardivon, chef des ventes de la Sicafome.

Martial Tardivon : « La décapitalisation résultera davantage du déficit d'installations. »
Martial Tardivon : « La décapitalisation résultera davantage du déficit d'installations. »
© DR

. Craignez-vous une décapitalisation dans les cheptels nivernais compte tenu du mode d'attribution retenu pour les aides couplées aux troupeaux allaitants dès 2015 ?


Martial Tardivon - A ce jour (NDLR : 23 juin 2014), entre les foins et le début des moissons, les éleveurs n'ont pas pris de décision. Ils n'ont pas encore procédé à des simulations pour analyser l'impact des nouvelles mesures sur leurs exploitations. C'est après ces analyses qu'ils aviseront. Entre l'actuel écrêtement des DPU, les trois niveaux seuils pour les PMTVA l'an pro-chain, l'actuelle baisse du prix des femelles de réforme, les incertitudes sur le prix des mâles et la hausse des charges, les éleveurs sont un peu sonnés. Ils appréhendent le résultat de ces simulations. Comment vont-ils réagir ? Ce sera du cas par cas. On ne connaîtra leurs décisions qu'à l'automne, voire en début d'hiver.


.  Si décapitalisation il doit y avoir, sera-t-elle liée à la nouvelle PAC ?


M. T. - Il y aura forcément des éleveurs qui vont ajuster la dimension de leur cheptel en cherchant à optimiser au contexte de leur exploitation le nouveau mode d'attribution des PMTVA. Mais à mon avis, ces ajustements se feront à la marge. Si décapitalisation il doit y avoir, elle résultera davantage du déficit d'installations.
Cela se joue sur les élevages actuellement détenus par des exploitants proches de la retraite. Lorsqu'ils cessent leur activité, les terres sont reprises, mais pas les vaches, du moins pas en totalité et les prairies sont retournées. La Nièvre est confrontée depuis plusieurs années à ce phénomène. Il tend à s'amplifier depuis 3 à 5 ans dans une large zone située à l'ouest de Moulins-Engilbert. Et c'est loin d'être marginal. On voit régulièrement des fermes récemment reprises dont les parcelles sont intégralement reconverties vers la céréaliculture. Faute de jeunes motivés par l'élevage et disposés à investir dans ce secteur, certains céréaliers mettent de grosses sommes pour reprendre du foncier en herbe et le labourer. Je ne sais si le potentiel agronomique est bien pris en compte. Cer- taines fermes désormais entièrement labourées étaient de bonnes fermes d'élevage mais seront bien moyennes pour la culture. Autour de 60 à 70 quintaux les premières années, puis quand la terre va « s'user » faute de retour de matière organique, ce sera forcément moins bien.


. Avec des niveaux d'aides pour l'élevage inférieurs aux premières annonces, le seul palliatif pour contrer la végétalisation réside-t-ildans la hausse du prix du bétail ?


M. T. - L'élevage est un métier technique, difficile et astreignant. Si les prix ne deviennent pas plus stables et rémunérateurs, les éleveurs vont se détourner de la production. Entre mai 2013 et mai 2014, le prix moyen des vaches charolaises vendues sur notre marché au cadran a baissé de 230 EUR/tête. Si on retrouvait des prix rémunérateurs, les éleveurs conserveraient les cheptels. Il faut savoir ce que l'on veut pour l'élevage et nos hommes politiques doivent afficher leurs positions. Soit on opte pour un produit qui a un prix de revient élevé mais offre des garanties de qualité, de traçabilité, de suivi sanitaire et il faut accepter d'en payer le prix, ou bien on importe de la viande des États-Unis. Les conditions de production sont alors très discutables, mais cela semble correspondre aux souhaits de certains représentants de la Commission européenne. Derrière les menaces d'importation de viande nord-américaine, il y a deux problèmes. Le premier est que cela va créer des références de prix très basses. Elles tireront vers le bas le prix des animaux produits en Europe. Le second problème au moins aussi grave est que l'on sèmera une nouvelle fois le doute dans l'esprit des consommateurs. Quand ils sauront comment est produite la viande aux États-Unis, cela risque de les détourner encore un peu plus de la viande bovine.

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