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Déchets verts
Les déchets verts ont de quoi vous satisfaire

La quantité de déchets verts valorisés dans les exploitations comme complément à la litière ou pour co-composter du fumier est encore assez anecdotique. C’est cependant une possibilité qui gagnerait à être mieux connue à condition de pouvoir disposer de déchets suffisamment « propres ».

Les coproduits du jardinage et de l’entretien des espaces verts deviennent plus convoités et tendent à changer de statut.
Les coproduits du jardinage et de l’entretien des espaces verts deviennent plus convoités et tendent à changer de statut.
© F.Alteroche

«Le co-compostage à la ferme est un mode de gestion de proximité par un groupe d’agriculteurs éleveurs des déchets verts d’une collectivité (tonte, élagage, entretien des jardins…), en compostage avec leurs effluents d’élevage », explique l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture sur son site Internet. « Pour moi, le co-compostage, c’est une des formes de participation des agriculteurs à l’évacuation des déchets verts en travaillant localement et de façon écologique », ajoute Jean Jallat, directeur de la Fédération départementale des Cuma du Puy-de-Dôme. Ce gisement de déchets verts à recycler ou à éliminerd’une façon ou d’une autre s’est sensiblement accru à partir du début des années 90 quand les communes ou communautés de communes ont multiplié le nombre de déchetteries où les particuliers viennent déposer les déchets non collectés par le service des ordures ménagères.

Sur la pente ascendante

Ce mode de recyclage des déchets verts n’est pas le seul fait des exploitations bovines. Une partie de ces volumes est aussi recyclée puis valorisée par des systèmes d’exploitation davantage orientés sur les productions végétales où la baisse du taux de matière organique des sols incite à rechercher des amendements organiques à l’extérieur. Par conséquent, il est actuellement impossible d’avoir des statistiques précises au plan national sur les volumes de déchets verts valorisés par les éleveurs bovins. Seule la pêche aux informations par sondages aléatoires dans les départements atteste d’une pratique qui manifestement se développe. Les quantités semblent cependant confidentielles comparativement aux tonnages de déchets verts recyclés par le biais du compostage dans de grosses unités émanant principalement d’entreprises spécialisées dans la collecte, le tri, le traitement et la valorisation des différents sous-produits issus des ordures ménagères. Chez les éleveurs bovins, cette utilisation des déchets verts a pris son essor à la fin des années 90. Depuis, l’activité est globalement sur la pente ascendante même si les volumes et le nombre d’éleveurs concernés dans les différents départements demeure modeste. La Vendée peut être considéré comme un département pionnier. Cette activité a démarré en 1996 et s’est depuis bien développée. Sur les 15 communes constituant le Pays Yonnais, tout autour de la Roche-sur-Yon, une forte proportion des déchets verts collectés est ainsi valorisée par des éleveurs situés à proximité. Dans la Creuse, cette utilisation est plus récente. « Nos premiers essais ont eu lieu en 2002 et tout a vraiment démarré en 2003. Actuellement, il y a environ 3000 tonnes par an de déchets verts utilisés par une quinzaine d’éleveurs, mais avec une file d’attente ! La demande est croissante. Sans faire de pub, nous n’arrivons pas à satisfaire tout le monde. Les gens se rendent compte que cet ajout de déchets verts leur permet de mieux composter les fumiers », souligne Pierre Lépée, en charge du machinisme et du suivi de l’activité compostage à la chambre d’agriculture. C’est aussi cet effet « structurant » du déchet vert pour composter des fumiers moux souvent issus de raclage qui a incité des éleveurs des Pyrénées-Atlantiques à opter pour ce co-compostage. « C’est une technique qui se développe dans le département. La valeur fertilisante liée à cet apport de déchets verts n’est pas non plus à négliger. Cela permet de petites économies. D’abord en amendement calcique, mais aussi en P et K », estime Georges Lacampagne, éleveur et président de la Cuma Agricompost dans les Pyrénées- Atlantiques.

Rôdés au compostage

« Le co-compostage est l’exemple type de la pratique agricole qui s’est développée suite à un coup d’oeil par-dessus la haie. Dans notre zone, beaucoup d’éleveurs aiment bien voir d’abord chez le voisin quels résultats peut donner une nouvelle technique avant de la mettre en application chez eux ! », s’amuse Bernard Cote, président de la Cuma Ferticompost dans la Loire. Quels que soient les départements enquêtés, cette démarche de co-compostage a le plus souvent démarré chez des éleveurs déjà coutumiers du compostage de leurs fumiers pailleux. « Pour mettre toutes les chances de leur côté, il faut que les agriculteurs intéressés soient déjà des "branchés compost" à peu près rôdés au compostage avant de commencer à chercher à les sensibiliser au co-compostage », souligne Jean Jallat. Cette activité ayant été considérée comme une participation de l’agriculture pour permettre d’écouler ou plutôt recycler un déchet issu de collectivités, certains départements ont réussi à faire financer ce service, au moins dans un premier temps. Dans le Puy-de-Dôme, les éleveurs reçoivent par convention pour l’année en cours 10 € par tonne de déchets verts broyés si le produit peut être livré sur une exploitation située à moins de 30 kilomètres ou moins d’une demi-heure de camion de la plate-forme de broyage. Dans la Creuse, c’est autour de 100 € par benne de 15 m3 soit un peu moins de 10 euros. Mais la plupart du temps, le produit est simplement broyé et livré gratuitement à l’agriculteur sans autre forme de dédommagement. A lui d’en faire ensuite son affaire. « Chez nous, l’agriculteur ne reçoit rien en contrepartie de l’élimination de ces déchets. Le produit est en revanche broyé sur plateforme puis livré gratuitement avec surtout analyse (agronomique + métaux lourds) pour chaque broyage. Par convention, la collectivité s’engage à reprendre le produit s’il est au- delà des normes », précise Bernard Cote.

Un produit recherché

Si dans certains départements, ces déchets verts ne sont encore véritablement que des déchets pour lesquels les collectivités locales doivent payer des sommes parfois rondelettes pour arriver à s’en débarrasser, dans d’autres, le contexte a radicalement changé ces quatre ou cinq dernières années. Les coproduits du jardinage et de l’entretien des espaces verts deviennent plus convoités et tendent à changer de statut. « Chez nous, les déchets verts, ce ne sont plus des déchets, cela tendrait même plutôt à devenir un produit qui commence à être recherché », souligne Gilbert Quillaud, éleveur aux Essarts en Vendée. Avec un marché du compost en progression, qu’il soit destiné aux particuliers ou aux professionnels de l’agriculture dont les sols tendent à être déficients en matière organique (céréaliers, maraîchers, viticulteurs…), de grosses entreprises se sont vite rendues compte de tout l’intérêt que pouvaient représenter ces produits qui par leur effet « structurant » peuvent aider à composter des déchets plus mous ou plus humides (épluchures, légumes avariés, boues…) qui pris en l’état ne peuvent évoluer en compost. La mise en place par des syndicats de communautés de communes, d’outils pour le tri des ordures ménagères accroît les possibilités de récupération et de valorisation de ces produits à condition d’avoir sous la main tous les ingrédients nécessaires à la réussite d’un bon compost. En Vendée, les volumes disponibles pour les éleveurs depuis les déchetteries pour faire du co-compostage ont ainsi brutalement fondu à partir de 2005 lorsqu’une partie des tonnages ont été réorientés pour être utilisés en mélange avec des épluchures de légumes produits en grande quantité par des industries agroalimentaires de ce secteur.

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