Aller au contenu principal

L’eau, premier nutriment des bovins, souvent oubliée

Une ration calée au millimètre ne donnera pas les résultats escomptés si derrière, les bovins ne disposent pas d’une eau de qualité en quantité suffisante. Santé et performance du troupeau en dépendent.

 © Cosnet
© Cosnet

« L’eau représente le principal nutriment d’un bovin. Et cela, on a souvent tendance à l’oublier, remarque Cécile Chuzeville, ingénieur conseil santé animale au GDS de Saône-et-Loire, avant de préciser, l’eau a un impact sur le bien-être des bovins, sur leurs performances zootechniques (baisse du GMQ et de la production laitière des mères) voire sur leur santé (diarrhées, troubles digestifs, problèmes de fécondité…). Donner à manger et à boire représente, en effet, le premier pilier du bien-être animal. Attention, par conséquent à fournir aux bovins une eau de qualité, en quantité suffisante. »

Différents facteurs influent sur la consommation d’eau par les animaux. Ainsi, le besoin en eau sera variable selon la quantité de matière sèche de la ration, la température extérieure, le stade physiologique de l’animal, son âge… Une vache allaitante et son veau, consomment environ 55 litres d’eau par jour.

Une eau de boisson de qualité…

Si aucune norme de potabilité de l’eau d’abreuvement n’existe en bovins, il est recommandé de se rapprocher de la norme de potabilité humaine. La charte des Bonnes pratiques d’élevage demande en effet que les animaux puissent « s’abreuver correctement, à la fois en quantité et en qualité, que l’eau doit être visuellement propre, sans excréments, claire et régulièrement renouvelée » En revanche, elle ne se prononce pas sur la potabilité de l’eau.

« La qualité de l’eau se raisonne à la fois sur les plans organoleptique, bactériologique et chimique. L’eau peut engendrer certaines maladies comme les salmonelles, la leptospirose qui, ensuite, peuvent se transmettre de bovin à bovin », souligne Cécile Chuzeville.

Un goût marqué ou une odeur prononcée limite la consommation d’eau. Les éléments responsables sont par exemple les éventuels traitements mis en place (chlore par exemple).

Un contrôle régulier

La qualité de l’eau est variable selon les sources d’approvisionnement (puits, forage, réseau…). « Un captage est soumis aux aléas pédoclimatiques. Après un gros orage ou des travaux à proximité du captage, la qualité bactériologique ou chimique peur être modifiée. L’année dernière, avec la sécheresse, beaucoup de captages se sont retrouvés en manque d’eau ce qui a pu induire une concentration plus importante de certains germes, qui est venue s’ajouter au problème de quantité disponible. Pour avoir une vision claire de la qualité de l’eau dans son élevage, il est donc conseillé de réaliser, au minimum, une analyse d’eau par an, sur les captages privés », poursuit la conseillère en santé animale. On recherche certains pathogènes indicateurs de contamination fécale notamment pour s’assurer qu’un captage d’eau est relativement sécurisé d’éventuelles pollutions (coliformes, streptocoques, flore totale). Si on en trouve, le captage n’est pas assez protégé. Pour limiter ces problèmes, il faut d’abord limiter les pollutions majoritairement d’origines superficielles vers les points de captage. Par exemple, la tête de puits ou de forage ainsi que les premiers mètres du captage doivent être étanches, un périmètre de protection non accessible aux animaux évite les contaminations fécales à proximité du captage…

Des traitements de l’eau peuvent être mis en place pour sécuriser le système d’approvisionnement en qualité. « L’eau doit être la plus propre possible avant traitement. Ce dernier sécurise mais ne potabilise pas de la boue ! », insiste Cécile Chuzeville. Avant de choisir une solution de traitement adaptée à son élevage, une analyse bactériologique et physico-chimique représente le point de départ (pour connaître le pH, la dureté…) pour adapter la filtration éventuelle et le type de traitement.

… et en quantité suffisante

Certes, il faut être en capacité de fournir de l’eau de qualité, mais elle doit également être disponible en quantité suffisante. Il est essentiel de ne pas limiter l’abreuvement des animaux par un nombre ou une disposition d’abreuvoirs inappropriés voire par un débit d’eau insuffisant (agrandissement, problème de canalisations…). « Un bovin boit sept à huit fois par jour pour un temps cumulé sur vingt-quatre heures de dix à douze minutes », explique Élodie Collinet, responsable marketing et communication de La Buvette.

Une vache boit par ailleurs 12 litres par minute. Un abreuvoir doit donc permettre aux bovins de boire cette quantité. Or, en élevages bovins viande, on rencontre souvent des abreuvoirs simples sans trop de réserve et avec un peu de débit. « Et pourtant, les vaches ont un fort instinct grégaire. Cela signifie que, si l’abreuvoir est trop petit pour que les animaux y accèdent en même temps, ou qu’il n’y a pas assez de débit pour permettre aux animaux de se succéder rapidement, les dominés ne boiront pas suffisamment et auront des performances limitées. Il est donc essentiel de réfléchir soigneusement à la taille et au débit de l’abreuvoir », ajoute Cécile Chuzeville, avant de souligner « en écurie entravée, les vaches ont à disposition un abreuvoir pour deux vaches. Aujourd’hui, on trouve parfois seulement deux 'demi-abreuvoirs' pour une case de 16 congénères ! »

Les veaux boivent dès la naissance

Il faut penser à toutes les catégories d’animaux. Les veaux boivent par exemple dès la naissance, il est donc nécessaire d’installer un abreuvoir dans leurs cases. « Lorsqu’une vache boit, on doit entendre uniquement le roulis de l’eau et non une grande aspiration d’air sinon le débit n’est pas suffisant. Pour mesurer ce dernier, une astuce consiste à faire couler l’eau de l’abreuvoir pendant une minute et de la récupérer dans un contenant. Il faut ainsi obtenir 12 litres pour satisfaire une vache. Dans la majorité des cas, on obtient 8-10 litres, ce qui reste correct. Par contre, la vigilance est de mise si on en récupère moins. »

Il est possible également, pour contrôler si la quantité d’eau mise à disposition des animaux est satisfaisante « d’installer un compteur d’eau, simple à mettre en place, à l’entrée de la stabulation (40 euros). Cela permet de suivre, à certaines périodes clés, si la consommation d’eau est en rapport avec les catégories d’animaux présentes dans la stabulation. »

À savoir

« Quand on abreuve un bovin, on abreuve son rumen. Attention aux chocs thermiques pour la flore ! », prévient Gaël Cheleux, vétérinaire technique Vétalis. Pour optimiser la consommation d’eau, sa température doit être comprise entre 10 °C et 20 °C, avec un optimum autour de 15 à 17 °C.

Observer ses animaux pour détecter les signes qui doivent alerter

- Animaux qui hésitent à s’abreuver, qui lapent : problèmes de qualité, de mauvaise odeur ou de courant parasite ?
- Abreuvoirs souvent souillés par les déjections : problèmes de positionnement ou de fréquence de nettoyage ?
- Temps d’attente trop important à l’abreuvoir, bruit d’aspiration : problèmes de débit et de volume de réserve ?

- Sous-production laitière malgré ration calée, retards de croissance des veaux d’automne : problèmes de qualité et/ou de quantité d’eau disponible ?

Pour aller plus loin

Les plus lus

Camion d'abattoir mobile du Boeuf ethique
L’abattoir mobile du Bœuf éthique vendu aux enchères 152 000 euros

Plus d’un an après la liquidation du Bœuf Ethique, premier outil d’abattage mobile en France, son matériel a été mis en vente…

parage fonctionnel des pieds bovins
Boiteries : « Je me suis formé au parage fonctionnel »

Guillaume Sansoit, éleveur de charolaises dans la Nièvre, a suivi avec un de ses salariés une journée de formation sur le…

L’implantation de la cage est à raisonner pour qu’un homme seul puisse y amener ses bovins en sécurité.
Boiteries : choisir une cage de parage adaptée aux vaches allaitantes

La cage de parage devient un équipement incontournable pour les exploitations touchées par la dermatite digitale. Veillez à…

Les prix d'honneur ont été difficiles à départager au concours de Varennes-sur-Allier (Allier), tenu les 15, 16 et 17 mars en race charolaise. « Une série d'une vingtaine de génisses, aux conformation et qualité de viande hors-normes, s'est particulièrement démarquée. Le lot était très homogène, avec des volumes de carcasse qui dépassaient les 650 kg », rapporte Olivier Chaveroche, responsable au concours.
Bovins de boucherie : les concours de Pâques enregistrent de belles ventes

Après une édition 2023 en demi-teinte, les organisateurs des traditionnels concours de Pâques tirent un bilan plutôt positif…

jeunes bovins charolais boiteries morbihan bretagne
Boiteries : « Nous avons dû jouer sur plusieurs fronts pour lutter contre panaris, Mortellaro et fourbure »

Gwendal Marchand a résolu une bonne partie des problèmes de boiteries sur son exploitation grâce à un audit approfondi avec…

Assurance prairies : l’indice Airbus doit encore convaincre

Les interrogations sur la fiabilité de l’indice satellitaire d’Airbus qui mesure la pousse de l’herbe freinent le…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site bovins viande
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière bovins viande
Consultez les revues bovins viande au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière bovins viande