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« Le marché turc peut être durable » estime Christian Berthet, président de la SAS Berthet

Contrairement aux premières craintes, un flux d’animaux maigres s’est établi avec la Turquie. Il répond à un réel besoin dans un pays où la viande atteint des prix astronomiques.

Basée en Rhône-Alpes, la SAS Berthet est spécialisée dans l’exportation d’animaux d’engraissement et de génisses laitières vers les pays du Maghreb, le Moyen-Orient et les marchés traditionnels (Espagne et Italie). En 2014, elle a commercialisé un peu plus de 33 000 animaux.
Basée en Rhône-Alpes, la SAS Berthet est spécialisée dans l’exportation d’animaux d’engraissement et de génisses laitières vers les pays du Maghreb, le Moyen-Orient et les marchés traditionnels (Espagne et Italie). En 2014, elle a commercialisé un peu plus de 33 000 animaux.
© SAS Berthet

. À l’automne dernier, beaucoup d’opérateurs pensaient que le prix du maigre français serait un frein aux exportations...

Christian Berthet - La demande des Turcs a été très forte. Ils ont accepté nos prix, qui semblaient élevés à une époque, mais qui sont compétitifs sur leur marché. Le prix des animaux gras en Turquie est beaucoup plus cher qu’en France, de 8,5 à 9 euros le kilo carcasse. Et, il y a un véritable déficit en animaux finis. Ils ont d’autres sources d’approvisionnement, en Autriche, Hongrie, Roumanie... Nous sommes plus chers de 40 - 50 centimes d’euro par rapport à des Simmentals de ces pays-là. Mais, l’écart de prix est justifié par les performances de nos animaux charolais et limousins. La baisse de l’euro par rapport au dollar nous avantage également.

. Comment gérez-vous les exigences spécifiques aux exportations de maigre vers la Turquie, notamment la quarantaine de 21 jours et le seuil de poids de 300 kilos ?

C. B. - Vu que nous expédions de 1500 à 2000 têtes par bateau, nous ne pouvons pas rentrer tous les animaux le même jour. Donc, nous faisons une pré-quarantaine d’environ 14 jours, le temps de les rassembler, et à partir du quatorzième jour, nous commençons le décompte des 21 jours. Entre le poids de départ dans les centres de rassemblement et le poids à l’arrivée à Sète, ils perdent à peu près 5 %. S’ils sont bien soignés à bord du bateau — nous mettons toujours un accompagnateur pour nous en assurer — à l’arrivée en Turquie, nous retrouvons à 1 % près le poids constaté à Sète. Nous pesons individuellement tous les animaux. Lorsqu’ils entrent en quarantaine, ils ne doivent pas dépasser 280 - 285 kilos, parce qu’ils prennent quelques kilos supplémentaires. C’est très compliqué à gérer, sachant que pour viser un poids de 300 kilos, nous sommes obligés de charger des bateaux avec des animaux qui font à peu près 270 - 275 kilos de moyenne. Fin mars, nous avons fait le quatrième bateau(1).

. À quel prix arrivent ces animaux en Turquie ?

C. B. - Ils arrivent à un petit peu plus de 4 euros le kilo vif. Le coût de la quarantaine et des frais d’approche jusqu’au port de Sète est de l’ordre de 65 à 70 centimes d’euro au kilo et le coût du transport maritime d’environ 35 centimes.

. Avez-vous des difficultés pour trouver des animaux dans cette catégorie de poids sur le marché français ?

C. B. - C’est très difficile, mais les prix ont fait sortir la marchandise. Nous avons eu une offre supérieure à ce que nous pouvions espérer à cette saison. Le prix étant élevé, entre 800 et 900 euros par tête, certains éleveurs ont calculé que ce n’était peut-être pas la peine de les alourdir davantage. Le Charolais, le Limousin et les croisés sont les races les plus demandées. Nous faisons aussi du veau sevré Montbéliard, qui est un peu moins demandé par l’Algérie cette année, ainsi que du Gascon. Sur toutes les expéditions, nous mettons un quota de Salers pour arriver à faire le nombre et avoir un prix un petit peu plus intéressant. En termes de volume d’animaux, nous en trouverions un petit peu plus encore, mais nous ne pouvons pas suivre au niveau logistique.

. Le marché turc vous paraît-il durable ?

C. B. - Si on s’en tient à un raisonnement purement économique, oui il est durable. Les Turcs ont besoin de marchandise, ils vendent très bien la viande, il y a de la place dans les ateliers d’engraissement... Par rapport à la première fois où il y avait eu un déboulé de taurillons, les importations ont été décidées en parfaite concertation avec les éleveurs et toutes les dispositions ont été prises pour importer les animaux sans écrouler leur marché. Mais, dans ces marchés, nous ne pouvons pas raisonner sur un strict plan économique. Nous sommes toujours suspendus aux risques de maladies, de change et de décisions politiques. Sans oublier, pour la Turquie, les risques géopolitiques.

 

(1) Depuis la réouverture des frontières aux animaux d’engraissement, à date du 20 mars 2014, près de 14 000 animaux mâles ont été exportés par bateau vers la Turquie à partir de Sète. Quelques expéditions se font également par camion.

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