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Le marché chinois, prometteur mais très concurrentiel

Les Chinois consomment plus de viande bovine qu’ils n’en produisent et surtout leur appétit pour ce produit va croissant. La part des importations est en forte progression.

On assiste depuis quelques années à une hausse des flux de viande bovine commercés de par le monde. Cette évolution est en grande partie liée à la hausse de la demande des pays asiatiques. Au sein de ces derniers, la Chine tient une place majeure. Dans ce pays, la consommation de bœuf est actuellement modeste (6,8 kg/hab/an) mais en constante progression. La hausse du niveau de vie, l’influence des cuisines étrangères et l’évolution de la société chinoise favorise cette évolution. Et dans ce pays, dès que les niveaux de consommation progressent un tant soit peu, l’effet multiplicateur est conséquent. La Chine compte 1,36 milliard d’habitants, soit 19 % de la population de la planète !

Même si avec 36,7 kg/hab/an la viande porcine est de loin la plus consommée, la viande bovine est appréciée. « Si on s’en tient aux prix de gros chinois, ce produit était l’an dernier 2,4 fois plus coûteux que le porc et 3,5 fois plus que la volaille », expliquait Jean-Marc Chaumet, agroéconomiste à l’Institut de l’élevage à l’occasion d’une présentation des possibilités offertes par ce pays lors d’une conférence sur les marchés mondiaux de la viande organisée fin mai à Paris.

La viande produite localement prend une part non négligeable de la consommation. Les évolutions techniques ont permis aux élevages chinois de conforter les tonnages produits. La production autochtone (7,26 millions de tec l’an dernier) progresse d’environ 1 %/an depuis le début du siècle mais à un rythme trop lent pour satisfaire la progression de la demande intérieure. D’ailleurs l’importance du cheptel n’évolue guère. L’augmentation des tonnages indigènes est d’abord permise par la lente progression des poids carcasse.

Tonnages importés en nette progression

Pour satisfaire l’appétit croissant des Chinois, la part de la viande importée est en nette progression (voir graphique). D’après les données « officielles », les importations de viande bovine en Chine continentale et à Hong Kong sont passées d’un peu plus de 200 000 tec en 2012 à 1,4 million de tec l’an dernier. Les volumes importés seraient au final nettement plus conséquents. La Chine importe aussi quelque 800 000 tec supplémentaires qui transitent par le Vietnam. Il s’agit alors essentiellement de viande « premier prix » fournie au départ par des entreprises indiennes. « Si on inclut ces 800 000 tec d’importations 'grises', la Chine aurait importé l’an dernier 2,2 millions de téc, soit 23 % de la consommation du pays, ce qui en fait désormais le premier importateur mondial derrière les États-Unis », précisait Jean-Marc Chaumet.

Le marché chinois est assez segmenté. Les tonnages importés sont donc orientés vers différents créneaux. Les plus rémunérateurs sont ceux de la restauration haut de gamme. Ils sont occupés par les produits australiens et nord-américains. Les viandes grasses et très persillées que ces pays proposent sont les plus prisées sur ce créneau. En milieu de gamme on trouve la viande d’Argentine et d’Uruguay. Vient ensuite la viande brésilienne, suivie de la viande Indienne qui est aussi la moins chère.

Pour faire face à l’évolution de ses besoins, la Chine continentale élargit régulièrement le cercle de ses fournisseurs. Les frontières chinoises se sont rouvertes en juin 2017 à la viande étatsunienne et en avril dernier à la viande irlandaise. « Fin mai, un total de 14 pays étaient agréés pour exporter sur ce marché. Six d’entre eux totalisent 98 % des volumes », précisait Jean-Marc Chaumet. L’immense majorité des tonnages importés le sont sous forme de congelé désossé. Les importations de viandes réfrigérées ne progressent pas (8 300 tec l’an dernier) et proviennent presque exclusivement d’Australie.

Ouverture du marché Chinois en procédure accélérée

Entre le moment où la Chine annonce la levée d’un embargo envers un pays et le moment où les premières entreprises de ce même pays sont agréées pour réellement exporter, il s’écoule en général quatre à cinq ans. Les procédures d’ouverture de marché sont très codifiées et longues à mettre en place. C’est une période au cours de laquelle s’enchaînent les missions d’audit, les réunions et les visites d’agrément. Pour la France, la levée de l’embargo par la Chine a été annoncée le 3 mars 2017. Depuis, les discussions avancent. Elles avancent même rapidement. « Tout laisse à penser que pour la France cela va aller beaucoup plus vite que prévu », expliquait Carole Ly, en charge de ce dossier pour la mission des affaires européennes et internationales de FranceAgriMer. Et de souligner qu’il y a eu ce printemps une « accélération supersonique » des négociations, lesquelles laissent à penser que l’accès de la viande française au marché chinois pourrait avoir lieu très prochainement. L’experte de FranceAgriMer table sur une « procédure accélérée » avec la possibilité de voir ce marché réellement ouvert le 14 juillet prochain.

De la viande maigre chez les adeptes de la viande grasse

« En Chine, les projections pour les tonnages de viande bovine qui seront importés dans les années à venir sont tout simplement astronomiques. Il faut être présent sur ce marché », estimait Marc Feunteun responsable commercial export de SVA Jean Rozé. Dans un horizon assez proche (voir encadré), la France devrait être en mesure d’exporter vers ce pays. L’offre hexagonale était jusqu’à présent mal connue des importateurs potentiels. Mais les Chinois sont curieux et leur esprit commerçant les rend ouverts à toutes les possibilités proposées. « Depuis 2014 on prospecte activement en Asie. On a participé à différents salons. On a noué des contacts. On se fait connaître et on cherche à comprendre quels sont les besoins et ce que nous serons en mesure de leur vendre », soulignait Marc Feunteun.

Une des difficultés va être de permettre une bonne adéquation entre l’offre française et la demande chinoise. « Les Asiatiques aiment la viande grasse. Ils pensent que c’est ce qu’il y a de meilleur. » Dans la mesure où la demande ne pourra concerner que des viandes issues d’animaux de moins de trente mois, la France ne sera pas forcément bien positionnée pour proposer les produits prisés sur les créneaux du haut de gamme et plus globalement ceux de la restauration, lesquels concerne une part conséquente des tonnages consommés. « En Chine des enquêtes ont montré que la part de la RHF (1) dans la consommation de viande bovine avoisinerait 50 % en villes et 40 % dans les zones rurales », rapporte l’Institut de l’élevage.

Compte tenu des caractéristiques de l’offre française, les muscles qui pourront être orientés vers la Chine seront principalement des muscles de JB. Une viande maigre et peu persillée qu’il faudra faire connaître. L’importance du débouché chinois laisse heureusement à penser qu’il sera possible de la positionner sur certains créneaux. « La cuisine traditionnelle chinoise ce ne sont pas les grillades sur le barbecue, ce sont davantage les soupes et les préparations faites dans des woks pour lesquelles on doit pouvoir caser la viande française. » Certains muscles issus du capa sont appréciés pour des recettes traditionnelles préparées un peu comme le font les Anglais avec le bacon. « Les Chinois sont à même de payer plus cher ce type de morceaux que ce que nous pourrions les valoriser en France, où ils sont classiquement destinés au circuit du haché. » Pour autant l’objectif est également de viser la restauration haut de gamme en mettant en avant les « plus » de l’élevage français : part de l’herbe dans l’alimentation, dimension des élevages, absence d’hormones… Autant de caractéristiques qui gagnent à être mises en avant comparativement à d’autres provenances.

La route de la soie

La volonté des Chinois de développer la part du ferroviaire pour faire transiter les marchandises depuis l’Europe en reprenant en cela l’ancienne « route de la soie » est analysée comme un atout. Cela permettrait d’atteindre plus facilement qu’avec la voie maritime les villes du centre et de l’ouest dans la mesure où les ports chinois sont dans l’est et le sud du pays. « Le train c’est pour nous la possibilité d’arriver au cœur du pays. Entre l’Europe de l’ouest et le centre de la Chine il y a quinze jours de transport en train. C’est une possibilité supplémentaire pour y vendre de la viande fraîche et non congelée », ajoutait Marc Feunteun.

(1) Restauration hors foyer.

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