Aller au contenu principal

Le maïs shredlage est testé en Ille-et-Vilaine

Technique répandue aux USA, le maïs shredlage commence à se développer en France. C'est un maïs plante entière coupé en brins longs et déchiquetés, avec des grains pulvérisés. 

To shred signifie déchiqueter, déchirer en anglais. Le maïs shredlage est un procédé répandu aux USA qui est arrivé en France depuis 2015. L'ensileuse est équipée de rouleaux éclateurs rainurés en croix entre lesquels passent les grains. D'autre part, la structure des rouleaux et le différentiel de vitesse appliqué écrasent et cisaillent le grain pour parvenir à un éclatement notable. 

En Ille-et-Vilaine, une quinzaine de chantiers d’ensilage shredlage ont été réalisés l’automne dernier, sur plus de 700 hectares, par une ETA locale, qui a investi dans une ensileuse Claas à 12 rangs. Eilyps a accompagné la réalisation de l’ensemble des chantiers, depuis la prédiction du stade de récolte jusqu’à la confection du silo. Le suivi se poursuivra encore pour analyser la qualité de conservation du fourrage et les performances zootechniques obtenues.

« Les premiers chantiers ont démarré en suivant les recommandations des États-Unis, qui préconisaient des longueurs de coupe de 26 à 30 mm, raconte Anthony Baslé, d’Eilyps. Rapidement, nous avons préféré descendre à 24-26 mm, pour y aller par étape la première année. » La longueur de coupe a été adaptée au taux de matière sèche du fourrage mesuré à la récolte, plutôt élevé cette année et très hétérogène, ce qui a nécessité des réajustements très réguliers. Les taux de matière sèche pouvaient osciller entre 32 et 40 % sur une même parcelle ! Entre 33 et 34 % MS, les brins ont été coupés entre 24 et 26 mm. La longueur de coupe diminuait si le taux de matière augmentait. À 35-36 % MS, le chauffeur réglait le matériel à 22 mm. Et à 40 % MS, il passait à 18 mm.

Une première étape avec des brins de 24 à 26 mm maximum

« Pour chaque remorque, nous avons passé un échantillon au tamis pour ajuster encore les longueurs de coupe », dépeint le consultant. « Cette technique requiert de la précision. Un écart de 1 mm de coupe entraînait 7 % de particules grossières en trop au tamisage ", précise Stéphane Couvert, l’entrepreneur et chauffeur de la machine qui conseille de « vérifier que la taille des brins ne dévie pas de l’objectif fixé à chaque remorque ». La même précaution est d’usage pour surveiller la qualité de la pulvérisation des grains. D’autant plus que, pour un même stade de maturité, les grains se sont montrés plus ou moins difficiles à pulvériser selon les variétés.

Côté tassement des silos, une même règle s’est appliquée à tous : 2 tonnes par rang d’ensilage, soit un minimum de 24 tonnes sur le tas. « Le fourrage s’est révélé difficile à repousser, un peu comme l’ensilage d’herbe, ont remarqué les éleveurs. Par contre, une fois les couches faites, le tassage ne pose aucun problème. Au contraire, comme les remorques arrivent moins vite, il s’effectue dans de bonnes conditions. » Visuellement, les éleveurs se disent satisfaits. D’une part, tous les grains sont pulvérisés, et d’autre part, le fourrage n’a pas du tout l’aspect déchiqueté que craignaient certains. La coupe est franche, avec des brins fendus dans le sens de la longueur.

La récolte de l’ensilage brins longs nécessite davantage de puissance qu’un chantier classique. « J’ai consommé 15 litres de fioul supplémentaires par hectare, note Stéphane Couvert, entrepreneur. Le chantier prend également plus de temps, on perd quasiment 20 % de débit. Et le surcoût du matériel s’élève à 30 000  euros. » De plus, l’éclateur sera à renouveler plus fréquemment (tous les 1 400 ha au lieu de 2 000 ha). « En Allemagne, le surcoût de récolte est facturé entre 40 et 80 €/ha », précise-t-il. Sans oublier d’intégrer un surcoût pour assurer un meilleur tassage.

" Une très bonne première impression "

Au Gaec de Chemillé, le maïs shredlage semble bien réussir aux jeunes bovins laitiers à l’engraissement. Les refus dans les auges sont bien moindres et les animaux sont en pleine forme, .

A Saint-Léger-des-Prés, en Ille-et-Vilaine, le Gaec de Chemillé distribue de l’ensilage de maïs récolté selon le procédé shredlage. Les associés sont très satisfaits de leur premier hiver avec ce fourrage, que ce soit pour les vaches laitières ou pour les 90 jeunes bovins laitiers à l’engraissement.

Pour ces derniers, la ration est simplissime car elle se compose de 25 kilos bruts de maïs ensilage shredlage à 32 % MS et de 1,6 kg d’un aliment azoté complémentaire du commerce à 41 % de protéines brutes. C’est le même aliment que celui qui était distribué auparavant et il l’est dans la même proportion. Les derniers mois, un kilo de farine (blé ou maïs) est distribué en plus. Avec le shredlage, il n’y a plus besoin de mélanger de la paille avec l’ensilage de maïs. D’autre part, les refus se sont considérablement réduits. « Avant, je retirais les refus trois fois par semaine. Avec cet aliment, un seul nettoyage par semaine est nécessaire. » L’éleveur, Augustin Plassoux, a aussi constaté que le fumier était très homogène dans les cases, si bien qu’il a pu espacer les curages. « C’est au final beaucoup de temps de gagné grâce au shredlage », apprécie-t-il.

Une consommation augmentée de 10 %

La consommation de maïs est de 10 % supérieure à celle de l’an dernier pour les vaches laitières et pour les jeunes bovins. En prévision, une plus grande surface que d’habitude avait été récoltée.

« L’adaptation des veaux laitiers, âgés de 2 mois à 2,5 mois à la sortie de la nurserie, s’est très bien passée », observe aussi Augustin Plassoux. Les animaux reçoivent à ce moment une ration composée de paille, foin et ensilage de maïs avec un complémentaire azoté. Et progressivement, selon la consommation qu’ils en font, est disposée à côté de façon plus importante la ration d’engraissement. « Avant, la transition durait relativement longtemps. Cette année, les veaux se sont vite mis à consommer le maïs et la transition n’a duré que trois semaines à un mois. Et ils étaient en forme sur cette période. »

C’est d’ailleurs ce qui a particulièrement marqué l’éleveur. Cette année, avec le maïs shredlage, les jeunes bovins sont beaux et bien viandés. « Leur poil est très fin et très brillant, cela saute vraiment aux yeux. »

Beaucoup de soin apporté à la confection du silo

Les associés du Gaec de Chemillé avaient mis toutes les chances de leur côté pour réussir leur fourrage. « L’ensileuse 12 rangs a été très minutieusement réglée par l’entreprise qui a réalisé le chantier. Selon les veines de terre, le réglage a été fait à la main pour ne pas subir le délai du temps de réponse du système automatique de réglage selon la matière sèche dont est équipé la machine, explique Augustin Plassoux. De notre côté, nous avons utilisé deux tracteurs de 300 chevaux pour tasser le silo. » La densité du silo a été calculée : elle est de 291 kg MS/m3 avec un taux de matière sèche de 32 %. Il se trouve aussi que de nouveaux silos, dont le front est au Nord, entraient en service cette année. Leur fermeture est assurée avec un film anti-oxygène, deux bâches et un filet. « Il y a zéro perte au silo. »

Côté éco

Le surcoût lié au mode de récolte s’est élevé à 40 €/ha par rapport à un ensilage de maïs classique plante entière.

Le potentiel de rendement est de 15 à 16 tMS/ha.

Les plus lus

Camion d'abattoir mobile du Boeuf ethique
L’abattoir mobile du Bœuf éthique vendu aux enchères 152 000 euros

Plus d’un an après la liquidation du Bœuf Ethique, premier outil d’abattage mobile en France, son matériel a été mis en vente…

parage fonctionnel des pieds bovins
Boiteries : « Je me suis formé au parage fonctionnel »

Guillaume Sansoit, éleveur de charolaises dans la Nièvre, a suivi avec un de ses salariés une journée de formation sur le…

L’implantation de la cage est à raisonner pour qu’un homme seul puisse y amener ses bovins en sécurité.
Boiteries : choisir une cage de parage adaptée aux vaches allaitantes

La cage de parage devient un équipement incontournable pour les exploitations touchées par la dermatite digitale. Veillez à…

Les prix d'honneur ont été difficiles à départager au concours de Varennes-sur-Allier (Allier), tenu les 15, 16 et 17 mars en race charolaise. « Une série d'une vingtaine de génisses, aux conformation et qualité de viande hors-normes, s'est particulièrement démarquée. Le lot était très homogène, avec des volumes de carcasse qui dépassaient les 650 kg », rapporte Olivier Chaveroche, responsable au concours.
Bovins de boucherie : les concours de Pâques enregistrent de belles ventes

Après une édition 2023 en demi-teinte, les organisateurs des traditionnels concours de Pâques tirent un bilan plutôt positif…

jeunes bovins charolais boiteries morbihan bretagne
Boiteries : « Nous avons dû jouer sur plusieurs fronts pour lutter contre panaris, Mortellaro et fourbure »

Gwendal Marchand a résolu une bonne partie des problèmes de boiteries sur son exploitation grâce à un audit approfondi avec…

Assurance prairies : l’indice Airbus doit encore convaincre

Les interrogations sur la fiabilité de l’indice satellitaire d’Airbus qui mesure la pousse de l’herbe freinent le…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site bovins viande
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière bovins viande
Consultez les revues bovins viande au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière bovins viande