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Alimentation
Le maïs grain humide est intéressant en engraissement

Le maïs grain conservé humide permet d'économiser les frais de séchage et son utilisation est simple. C'est un aliment riche en amidon rapide.

© C. Pruilh

Les éleveurs de porcs utilisent le maïs grain humide depuis les années cinquante, sont aujourd’hui les principaux utilisateurs, mais c’est une pratique qui prend de l’ampleur depuis le début des années 2000 dans d’autres productions comme en bovins viande ou vaches laitières.  Principalement produit dans le Grand-Ouest, « on en dénombre plus de 100 000 hectares. Cependant, on estime que ce chiffre est sous-évalué », note Bertrand Carpentier, d’Arvalis lors d’un colloque sur la valorisation du maïs organisé par Arvalis le 25 septembre dernier. Selon cet institut, en 2012 le coût de production complet du semis à la récolte est compris entre 150 et 170 euros la tonne selon les cas.

Le maïs grain humide possède la même composition chimique (cellulose brute, matière azotée et amidon) que le sec. Son amidon est par contre plus rapidement disponible et est absorbé plus vite par rapport au maïs sec. Il vaudra mieux l’utiliser en grain entier ou simplement le broyer grossièrement. « Ces rations doivent donc être sécurisées avec des fibres pour éviter les risques d’acidose », souligne Alexis Férard d’Arvalis, avant d’ajouter que « le MGH permet de densifier la ration en énergie : 1,23 UFV/kg MS. Sa valeur énergétique élevée facilite l’ajustement des rations des animaux à haut niveau de production. » Il est par contre à complémenter avec un aliment riche en protéines pour obtenir l’objectif de 90 - 110 g de PDI/UF. En engraissement, le maïs humide peut être intégré dans les rations équilibrées, à volonté ou en complément. « En engraissement en race Blonde d’Aquitaine, le MGH est souvent utilisé comme l’aliment de base de la ration. À la coopérative, la ration type est constituée à 70 % de maïs humide et à 30 % d’un complément protéique minéralisé, auquel on associe des fibres (foin/paille). Certains éleveurs disposant de maïs humide en apportent dans les rations d’entretien des vaches, sans dépasser les deux à trois kilos par jour. On voit également apparaître la récolte de maïs grains avec les rafles pour les rations des vaches, en raison d’une teneur en cellulose un peu plus importante », constate Christophe Grandeur, directeur de la Celpa (Coopérative des éleveurs des Pyrénées-Atlantiques).


« Le MGH est une des matières les plus faciles à conserver », remarque Régis Coudure d’Arvalis. La conservation peut se faire sous deux formes : ensilage de grains broyés ou inertage de grains entiers. Les ruminants valorisent aussi bien l’ensilage que l’inertage. Les deux méthodes sont basées sur l’absence d’oxygène (anaérobiose) et l’acidification du milieu, ce qui empêche les microorganismes indésirables de se développer. En ensilage, le broyage et le tassement entraînent la disparition de l’oxygène et le développement des bactéries anaérobies qui vont produire de l’acide lactique à partir des sucres du maïs. Dans l’inertage, la respiration des grains (qui restent entiers) ainsi que la microflore présente, consomment rapidement l’oxygène interstitiel en le remplaçant par du gaz carbonique. Si l’on conserve le maïs sous forme ensilé, l’humidité optimale se situe entre 32 et 40 %, mais jamais en dessous de 30 % (tassement moins efficace). Dans le cas de l’inertage, les maïs peuvent être récoltés plus secs entre 26 et 36 % d’humidité.


« En engraissement, le maïs humide inerté peut être distribué entier lorsque les grains atteignent 32 à 36 % d’humidité. L’aplatissage (concassage) est par contre conseillé si l’hu- midité est inférieure à 30 % », précise Alexis Ferard. Des solutions de stockage à sa convenance Selon les moyens financiers, la disponi- bilité en main-d’œuvre, le tonnage de maïs disponible, la consommation jour- nalière et annuelle, chaque éleveur pourra trouver le mode de stockage qui lui convient. On trouve entre autres pour le maïs ensilé : les silos taupinières, couloir ou tour et les boudins (humidité et vitesse d’avancement suffisantes : 10 cm/jour). Le maïs inerté peut être conservé en silo souple ou tour et en big bag. « Pour de petits volumes (inférieurs à 100 tonnes), les boudins et big bag semblent mieux adaptés.


Pour des volumes compris entre 100 et 500 tonnes, les silos couloir et souple (bâche se déformant de façon à compenser la perte de volume liée à la prise de maïs, évitant ainsi les entrées d’air) sont appro- priés. Le silo tour est à réserver pour des quantités importantes (supérieures à 500 tonnes) », explique Jean-Georges Cazaux, chargé de mission à la Fédération natio- nale de la production de semences de maïs et de sorgho (FNPSMS). « Quelle que soit la solution retenue, il est fondamental de stocker immédiatement après récolte et de bien évacuer l’oxygène de la masse, pour garantir une bonne conservation. » S’il s’agit de grains broyés, il faut également veiller à un bon tassement et prévoir durant l’exploitation, une vitesse d’avancement suffisante du front d’attaque (boudin et silo couloir). L’utilisation d’un conservateur n’est pas obligatoire si les règles de récolte et de stockage sont respectées. Son emploi a tendance à se généraliser, dans le cas d’un silo boudin. « Pour les grains broyés conservés en silo couloir, tour ou big-bag et si l’humidité est supérieure à 30 %, l’utilisation d’un conservateur n’est pas nécessaire, idem en inertage. Par contre, en cas de lots récoltés trop secs ou de silos présentant une vitesse d’avancement du front d’attaque trop lente, le conservateur est fortement conseillé », poursuit Jean- Georges Cazaux.

Côté culture, la conduite est identique à un maïs sec. Le choix de la variété est à raisonner selon les conditions pédoclimatiques de la région. Il permet d’agir sur la qualité finale de la récolte. « Il ne faut pas hésiter à changer de précocité si on prend du retard au semis », note Régis Coudure. La qualité sanitaire du maïs grain conservé humide dépend en partie de son statut sanitaire à la récolte. Récolter tôt pour éviter le risque de contamination « L’objectif est de récolter tôt, avant le 30 octobre, pour éviter les risques de contamination au champ par les mycotoxines. Une récolte tardive favorise d’autre part les risques de fusariose. Les variétés précoces sont donc à préférer. Il faut ramasser à maturité physiologique, c’est-à-dire dès l’apparition du point noir à la base des grains », précise Jean-Georges Cazaux.


Autre avantage d’une récolte précoce, la libération des terres, rendant possible l’implantation d’une culture hivernale ou d’un couvert végétal. Pour obtenir un aliment sain, « il est indispensable de visiter les parcelles à l’approche de la récolte afin de préparer et d’organiser le chantier, de contrôler l’humidité et l’état des cultures (blessures, foreurs...) et plus particulièrement de juger les symptômes visibles sur les épis (moisissures...) », souligne Régis Coudure. Le jour de la récolte, ces observations permettent d’ajuster le réglage de la moissonneuse- batteuse (premier nettoyeur). Ralentir le chantier optimise le nettoyage des grains réduisant ainsi les risques de souillures, sources de fermentations indésirables.

Indicateurs de conservation : la couleur, le toucher et l’odeur

Il existe trois indicateurs de bonne conservation en dehors de l’analyse d’échantillon (pH, teneur AGV, acide lactique) : - visuelle : la couleur doit être proche de celle de la récolte et il ne doit pas y avoir de moisissures (bonne étanchéité, bon tassement...) ; - tactile : la température doit être fraîche traduisant l’absence de reprises de fermentations de type aérobie, les grains lisses et pas collants ; - olfactive : odeur de farine, absence d’odeur alcool (pas de développement de levures) et absence d’odeur de vinaigre (processus fermentaire de type lactique, rapide et intense).

Source : Arvalis

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