Prairies fourragères
Le fonctionnement des prairies multi-espèces s´éclaircit
Prairies fourragères
Souvent exploitées en systèmes biologiques, les prairies associant plusieurs graminées et plusieurs légumineuses trouvent aussi très bien leur place en systèmes conventionnels.
Qualité et équilibre alimentaire de l´herbe, étalement de la production sur l´année, meilleure résistance aux aléas climatiques et pérennité, économie d´apport azoté, capacité d´adaptation de la prairie à des parcelles hétérogènes, sans oublier le maintien de la biodiversité. Les arguments cités par les adeptes des prairies multi-espèces sont nombreux. Et nombre de ces avantages peuvent trouver leur intérêt dans les systèmes fourragers d´élevages allaitants.
Cela dit, toute la difficulté réside autour de l´équilibre de ces prairies. « La diversité floristique créée à l´implantation se retrouve rarement au bout de trois ou quatre ans », regrettent certains éleveurs. Le maintien de petites légumineuses, comme la minette, le lotier ou le trèfle hybride pose notamment question. Certaines espèces comme le dactyle ou le trèfle violet peuvent aussi se montrer trop agressives et risquent au contraire d´étouffer la prairie. « Cela doit inciter les éleveurs à la prudence dans le choix et l´élaboration des prairies multi-espèces, indique François Hubert de la Chambre d´agriculture du Maine-et-Loire. La conception du mélange repose sur trois paramètres : le contexte pédoclimatique, le mode d´utilisation de la prairie (fauche, pâturage, etc.) et les performances animales souhaitées. »
Crédits photo : FD CUMA 47 |
Crédits photo : FD CUMA 47 |
Des essais grandeur nature à Thorigné d´Anjou
L´objectif est d´obtenir une prairie composée pour moitié de graminées et de légumineuses. « Mais la composition varie dans le temps. De même, en cours de saison, la proportion de légumineuses évolue ; l´été, elle peut atteindre 50 à 65 %, voire plus. En-deçà de deux tiers de légumineuses dans la prairie, on n´observe pas de problème particulier. »
Les essais menés depuis trois ans à la ferme expérimentale viande bovine de Thorigné d´Anjou, dans le Maine-et-Loire, permettent des observations fines et grandeur nature. « Nous avons testé six types de prairies multi-espèces dans des sols limono-sableux, acides, peu profonds et très pauvres, indique Jean-Paul Coutard, responsable de la station. L´objectif est de voir comment évolue la composition botanique de la biomasse. » Le mélange de base comporte 8 kilos de RGA, 10 kilos de fétuque élevée, 3 kilos de trèfle blanc, 3 kilos de trèfle hybride et 3 kilos de lotier corniculé, auquel se greffent quelques variantes selon le type de parcelle et son utilisation.
Premier constat encourageant : toutes les espèces semées sont présentes (sauf le pâturin des prés). « Ceci est particulièrement vrai dans des conditions de milieu difficiles, car dans ce cas, la concurrence entre espèces joue peu, note Jean-Paul Coutard. Trois ans après l´implantation, la part des légumineuses oscille entre 30 et 60 %. » En moyenne, la productivité des prairies multi-espèces apparaît supérieure à celle de l´association ray-grass anglais - trèfle blanc, avec près de 30 % de rendement supplémentaire, soit un écart de 1,5 t MS/ha. Côté valeurs alimentaires, ces prairies tournent autour d´1 UFL/ha.
Autres enseignements des essais en 2003 : les prairies ont bien résisté à la sécheresse. « Le lotier, particulièrement bien adapté aux situations difficiles, et le trèfle hybride, représentant 15 à 20 % de la biomasse, ont permis de sauver les meubles ! » Une bonne surprise, puisque cette espèce, réputée peu pérenne, est encore présente en quatrième année.