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« Le commerce, c’est ma vie »

Thierry Coppens est un des artisans de l’ascension de Parma France, dont il est l'un des anciens négociants. Comme souvent dans le négoce, travail et vie ne font qu’un. Un métier usant mais d’une richesse humaine incomparable.

© B. Griffoul

Corporation

Je suis technicien agricole de formation, mais j’ai très vite compris que je n’étais pas fait pour aller expliquer à un éleveur comment faire une ration. J’ai préféré la commercialisation. Mais ce fut très dur d’entrer dans cette corporation où l'on est marchand de père en fils.

Petits boulots

À 20 ans, je suis entré chez Louis Blanc, négociant à Saint-Geniez-d’Olt (Aveyron), pour faire des petits boulots : ramasser les bêtes, nettoyer les camions... Très rapidement, il m’a mis à l’achat des petits veaux pour me former. À partir de 1993, j’ai travaillé pendant un an dans l’entreprise Ratery (Lozère). Puis, j’ai décidé de travailler pour Parma Italie, qui est devenu Parma France.

Dur physiquement

La première moitié de ma carrière a été très dure physiquement. Le lundi, on partait à 2 h 30 au marché de Costaros (Haute-Loire) et le mardi, à 5 h 30, pour celui de Laissac (Aveyron). Le mardi soir, on chargeait les camions et, à 19 h 00, on prenait la route de Sancoins (Cher). On dormait deux heures dans la voiture, devant le marché. Parfois, on ne se couchait pas. Le mercredi en fin d’après-midi, de retour au bercail, on triait les animaux et, le soir même, on partait livrer en Italie. Pourtant, le métier était moins stressant qu’aujourd’hui, les rapports humains beaucoup plus forts et le commerce plus facile.

Parma France

Parma France a pris une réelle envergure quand nous avons créé le centre d’allotement de la Vitarelle (Aveyron), en partenariat avec Frank Falguier, négociant. Il a su répondre présent dans les moments difficiles, notamment quand le groupement Bovi PC a envoyé un courrier à tous ses adhérents remettant en cause notre garantie. Puis, la filiale Parma Aubrac a été créée avec l’arrivée de l’entreprise Ratery-Rieutort (Lozère). Depuis, Parma France est passé à plus de 200 000 bêtes par an. L’entrée de la société d’abattage Inalca dans le capital nous a permis de maîtriser toute la chaîne, de l’achat des animaux jusqu’à la distribution de la viande. Aujourd’hui, la moitié du volume d’activité est contractualisé en filière.

Relations humaines

Suite à un grave accident, il y a trois ans, un taureau m’a renversé, j’ai dû arrêter l’activité. J’ai gardé de très bons contacts avec mes amis, commerçants et clients. Le commerce, c’est ma vie. C’est un métier de relations humaines qui procure beaucoup de satisfactions. Je suis à la retraite depuis quelques semaines. Mais ce métier me manque. 

Professeur

Egidio Savi, l’un des fondateurs de Parma Italie avec Giorgio Cantadori, a été mon professeur. Il fut un des premiers à comprendre l’intérêt de la contractualisation, qu’il fallait vendre les animaux avant de les acheter. Il fut le premier aussi à parler de non OGM. Il nous a appris également qu’il fallait respecter scrupuleusement les exigences des clients, que lorsqu’ils demandaient des broutards de 400 kilos, il ne fallait pas leur fournir des animaux de 450 kilos. Nous avons complètement changé nos méthodes de travail. Chaque fois que je remontais d’Italie, j’avais l’impression que, dans nos régions, on s’éclairait à la bougie alors qu’eux étaient passés à l’électricité. Leur professionnalisme, la planification de la production, leur technicité, la taille des élevages me bluffaient.

Savoir-vivre

Le jour où Jeannot Chardaire, un des grands sélectionneurs de la race Aubrac, a reçu toute une délégation d’Inalca, dont Luigi Cremonini, le Pdg, restera un des grands moments de ma vie. Nous avons d’abord cassé la croûte devant la vieille cheminée, avec jambon de pays, saucisson, entrecôte, fromage de Laguiole... Puis, nous sommes allés acheter les bêtes... Monsieur Cremonini n’en revenait pas de ce sens de l’accueil. Ce savoir-vivre tend malheureusement à disparaître.

In memoriam

Je dédie cet article à mon fils, Bérenger, qui s’est éteint le 20 décembre dernier, à 39 ans, des suites d’une cruelle maladie.

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