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L’ambiance du bâtiment, critère majeur de la santé des animaux

Dès la conception du bâtiment, certains éléments sont à prendre en compte pour une bonne ventilation. Un diagnostic bâtiment permet de déterminer ensuite si les conditions de vie des animaux sont correctes.

Le test aux fumigènes permet de vérifier les flux d’air dans un bâtiment. 
Le fumigène crée une opacité qui doit disparaître au bout de deux minutes.
Le test aux fumigènes permet de vérifier les flux d’air dans un bâtiment.
Le fumigène crée une opacité qui doit disparaître au bout de deux minutes.
© C. Delisle

« Un diagnostic bâtiment permet d’en déterminer clairement le fonctionnement par rapport aux animaux présents. Il consiste à visualiser les critères qui peuvent impacter les conditions de vie du cheptel », commence Jean-François Bourdais, conseiller à la chambre d’agriculture de Seine-Maritime. Attention, l’intervention d’un diagnostic d’ambiance « n’a normalement pas lieu d’être quand le bâtiment est neuf. On suppose en effet l’absence de problèmes, du fait de la réflexion généralement menée en amont en vue de construire une structure offrant une ventilation réussie, en fonction de la catégorie d’animaux en production », poursuit le conseiller.
L’éleveur à intérêt à demander un diagnostic dès l’apparition de problèmes sanitaires. Il est alors indispensable pour le réaliser, que le bâtiment soit plein, car les flux d’air varient selon le nombre et la catégorie d’animaux, et selon les conditions climatiques : humidité et température, notamment lorsque la différence de température entre intérieur et extérieur est importante. « D’autre part, la disposition de certains couloirs destinés au paillage ou à l’alimentation au sein du bâtiment peuvent entraîner la création de zones froides, zones non utilisées par les animaux. Ce phénomène n’est souvent pas bien pris en compte à la réalisation du bâtiment. Quand on construit un second bâtiment, attention au positionnement vis-à-vis de l’existant pour ne pas entraver la ventilation. Par ailleurs, même si on est censé anticiper les choses, les conditions du site d’exploitation ne s’y prêtent pas toujours (reprise d’anciens bâtiments, orientation permise…) », précise Jean-François Bourdais.


Eviter les grands volumes d’air pour limiter les écarts de température


On a par ailleurs eu tendance à construire des bâtiments larges et hauts, en passant de petits à de grands troupeaux, mais aussi dans l’optique d’une évolution future de son utilisation (stockage par exemple), en cas d’arrêt de l’atelier bovins. « Or, les grands volumes d’air sont à éviter pour limiter les écarts de température. La vocation d’un bâtiment d’élevage est l’élevage. Le volume est donc à adapter à la taille du troupeau. Deux effets sont à considérer : l’effet cheminée et l’effet vent. Pour le premier, la hauteur du bâtiment va avoir un impact direct. » Ainsi, l’air chaud dégagé par les animaux qui est plus léger cherche les points hauts. Si les sorties d’air se situent à des hauteurs supérieures à 7,5-8 mètres, l’air chaud va alors se refroidir et retomber, créant de l’humidité dans le bâtiment. Or, l’humidité est le premier ennemi des bovins. Ce phénomène peut être observé visuellement sur les animaux — poil humide — sur la litière — humide — et/ou sur la charpente — noircie et tâches blanchâtres. L’ambiance est alors propice au développement de bactéries, notamment sur la litière. « Dans le cas de basses températures, le risque est d’avoir des toux car l’air humide provoque un ressenti du froid plus important. Lors de la période estivale, le risque est l’augmentation de la température dans le bâtiment, s’il y a un manque d’aération et le développement de micro-organismes en raison de l’échauffement de la litière. Le dimensionnement entre hauteur et largeur est également un critère important pour une bonne ventilation », souligne le conseiller. La hauteur doit être reliée au versant. Il faut une sortie d’air tous les huit à dix mètres de versants. Des aménagements sont possibles. On peut faire plusieurs bi-pentes pour réduire la hauteur de sortie d’air. Par exemple, il est préférable de construire deux bâtiments de 15 mètres de large avec un faîtage à 7,5 mètres au lieu d’un seul bâtiment de 30 mètres avec un faîtage de 10 mètres.
Ensuite, il faut prendre en compte, l’effet vent. Le plus grand côté du bâtiment doit être exposé côté vent dominant pour un maximum d’entrée d’air. Cependant, il est nécessaire de freiner l’air par un bardage. Le choix du type de protection s’effectue en fonction du coefficient d’efficacité ou de réduction du vent (pour un vent de 100 kilomètres/heure et un coefficient d’efficacité de 80 %, l’entrée d’air sera de 20 kilomètres/heure derrière le bardage) et du coefficient multiplicateur (surface de brise-vent à mettre en place pour assurer le même débit qu’une ouverture libre). En fonction du bardage sélectionné, l’efficacité de l’entrée d’air sera diminuée. « Les éleveurs ont le choix entre les bardages bois, bac acier perforé, qui ont cependant l’inconvénient de se colmater avec la poussière dans le cas d’un paillage à la pailleuse et les bâches translucides avec sonde climatique, plutôt utilisées chez les laitiers. La surface d’entrée d’air doit être comprise entre 0,24 et 0,30 m2 par animal pour des vaches allaitantes avec leurs veaux ou pour des taurillons et celle de sortie, entre 0,12 et 0,15 mètres carrés par animal. »


Le renouvellement d’air, un paramètre important


La problématique « site » est également à réfléchir au préalable pour placer dès le départ le bâtiment dans les meilleures conditions. L’idéal pour un bâtiment semi-ouvert est de positionner l’ouverture entre le sud et l’est et le long pan opposé nord-ouest ainsi, la structure est protégée des vents dominants et de la pluie, quand elle se situe en zone non perturbée par rapport au relief. Trois paramètres sont ensuite à prendre en compte par rapport à la rose des vents : la protection par rapport aux vents dominants, l’ensoleillement maximum et la position par rapport aux autres bâtiments, pour éviter les effets couloirs. « Un bâtiment totalement fermé n’est pas l’idéal en raison du confinement. Dans ce cas, il faut prévoir des vitesses d’entrée et de sortie d’air en fonction du nombre d’animaux et une fois le bâtiment rempli, réaliser un diagnostic d’ambiance pour vérifier la ventilation. Le paramètre le plus important est le taux de renouvellement de l’air que l’on peut apprécier à l’odeur. Quand il n’est pas suffisant, on sent l’ammoniaque. L’objectif est d’obtenir un renouvellement constant : toutes les une à deux heures, l’air doit se renouveler en totalité. Les toiles d’araignées sont également l’indice d’une mauvaise ventilation par manque de déplacement et de renouvellement de l’air. »
Les outils principaux utilisés lors d’un diagnostic d’ambiance sont l’hygromètre (taux d’humidité relative), l’anémomètre (vitesse du vent), le thermomètre et les fumigènes (dégagement suffisant ou non). La température de confort va dépendre du taux d’humidité et de la vitesse du vent. La zone de confort d’une vache va de –10 à +25 °C, au-delà, un stress est engendré.  Pour les veaux, cette zone s’étend de 0 à 20-25 °C. Ils sont plus sensibles que les adultes aux amplitudes thermiques accentuées d’autant plus avec l’humidité.


Des aménagements possibles pour favoriser les sorties d’air


Lorsque qu’un manque de dégagement d’air est constaté (humidité trop importante et vitesse d’air insuffisante) des aménagements sont possibles. « Pour favoriser les sorties d’air, des agencements sur la toiture peuvent être mis en place, en enlevant des plaques sur le toit, en décalant les tôles (toiture en écailles) ou en installant des tôles cheminées (capot de ventilation). Dans les bâtiments hermétiques, on peut favoriser les entrées d’air en enlevant progressivement des planches dans le bardage. Le changement de translucides devenus opaques permet le séchage naturel de l’air par rayonnement et l’apport d’éclairage qui favorise la fécondité des animaux. Les normes prévoient 6 à 7 % de translucides en bâtiment semi-ouvert par rapport à la surface couverte et 8 à 10 % en bâtiment fermé. Enfin, s’il n’y a pas assez de translation d’air, il est possible d’investir dans des ventilateurs mécaniques ou des extracteurs d’air pour forcer entrées et sorties d’air », note Jean-François Bourdais.

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