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Sur le port de Sète dans l'Hérault
L'activité dopée par l'export vers les pays tiers

Sur le port de Sète, un regain d’activité a été enregistré pour le transit de bétail vif, l’an dernier. Pour autant, ses acteurs se défendent d’assécher l’offre susceptible d’être abattue en France.

Selon la météo et la vitesse des bateaux, il faut tabler sur un jour et demi pour rallier la Tunisie ou l'Algérie, deux jours pour le Maroc, et cinq jours et demi pour la Turquie.
Selon la météo et la vitesse des bateaux, il faut tabler sur un jour et demi pour rallier la Tunisie ou l'Algérie, deux jours pour le Maroc, et cinq jours et demi pour la Turquie.
© F. Alteroche

Baignée par la mer, la petite cité du sud de l’Hérault vit avant tout grâce à l’activité générée par son port de commerce. Une porte ouverte vers les rives sud de la Méditerranée. Le long des docks, le transit de bovins vers ces destinations ne constitue qu’une fraction des marchandises qui passent par le port. Pour autant, cette activité est loin d’être négligeable. Elle a surtout enregistré une belle progression l’an dernier.

« Plus 40 %, soit très précisément 167673 gros bovins: 128502 taurillons et broutards et 41171 génisses d’élevage principalement de races laitières, auxquels il convient d’ajouter quelque 67000 petits ruminants », indique Laurent Trémoulet, directeur de la Sepab, la société qui gère le parc de transit du port de Sète. L’activité « génisse » s’est bien maintenue, mais la nette progression des volumes est principalement liée aux mâles.

Les pays du Maghreb ont confirmé leur intérêt pour les broutards français avec, côté Algérie, une tendance à acheter des animaux plus lourds au fil des mois. « En début d’année, ils étaient sur des 450 kg puis se sont réorientés vers des 600 kilos. » Le fait marquant de 2011 reste l’ouverture de la Turquie. Le premier bateau est parti le 8 septembre et depuis, tous les taurillons français orientés vers cette destination sont embarqués à Sète.

« L’activité sur le Liban a été beaucoup plus calme fin 2011. Cela est lié à la hausse des prix consécutive à l’émergence du marché turc. Les animaux qui ne sont pas partis vers le Liban ont été réorientés vers la Turquie. Cependant, les Libanais restent des importateurs potentiels », commente Jacques Houot, négociant, dont l’activité essentiellement orientée vers ces deux pays en fait un gros utilisateur du port de Sète.

D’ABORD LE PRIX

Si les relations diplomatiques ne se détériorent pas trop entre Paris et Ankara, Jacques Houot semble confiant sur le maintien de ce flux. « Mais il ne faut surtout pas imaginer que c’est un marché captif. C’est d’abord le prix au kilo rendu qui importe, même si la parité euro/dollar joue actuellement en notre faveur. » Quant à la gamme de taureaux pouvant être concernée, elle s’étend des pie noir aux charolais avec moins d’intérêt pour le haut de gamme très conformé. « C’est les clients qui décident. C’est une question de prix et de valorisation des différents muscles. Certaines semaines, ils veulent plus de noirs que de blancs. Mais en bons industriels, ils ont surtout très vite appris à calculer et analyser les rendements suivant les catégories.

» Pour Bernard Martin, président de la Sepab, « il se passe en ce moment là-bas la même chose qu’a connue la France et ses principaux voisins dans les années soixante. Le niveau de vie progresse, la consommation de produits carnés fait de même. Pourquoi ont-ils ouvert la porte à nos animaux ? Tout simplement car leurs besoins sont en train d’exploser. » Et de souligner que vers la Turquie, les exportations sont le plus souvent traitées directement avec des entreprises d’abattage et non avec de petits négociants ou chevillards.

PETITE CHINE À NOS PORTES

D’ailleurs, bien des entreprises d’abattage turques n’ont pas grand chose à envier aux outils industriels français. Que ce soit pour l’agro-alimentaire ou d’autres domaines, la Turquie a énormément évolué ces dernières années. Dans les milieux économiques, elle est parfois comparée à « une petite Chine à nos portes. » Avec ses liens étroits avec le Moyen-Orient et compte tenu de sa situation stratégique entre Europe de l’Ouest et Orient, le pays fait souvent figure de tremplin potentiel vers d’autres horizons.

« Depuis ses usines ultra-modernes, un de mes clients turcs vend une partie de sa production garantie hallal sur des pays voisins. La Turquie est une plaque tournante pour ces nouveaux marchés. Leur volonté d’acheter du vif est aussi très liée à l’abattage rituel. Ils veulent de la viande fraîche et la sécurité hallal », souligne Jacques Houot.

Si les exportateurs de vif prêchent évidemment pour leur paroisse, ils se défendent d’avoir asséché le marché français du taurillon et soulignent surtout que la hausse du prix du JB français a entraîné dans son sillage celle de l’ensemble des autres catégories, redonnant ainsi envie de produire aux éleveurs. « Le JB à 4 € le kilo carcasse, ce n’est pas grâce à la Turquie. C’est grâce aux JB vendus en vif sur la Turquie. Il y a là une petite nuance à bien souligner », souligne Laurent Trémoulet. Les volumes exportés en vif sur pays tiers restent aussi, à leurs yeux, modestes dans la mesure où l’émergence du marché turc a pratiquement fait cesser les envois vers le Liban.

Les 50 000 JB vendus pour la Turquie entre le 8 septembre et le 31 décembre 2011, représentent malgré tout une moyenne d’un peu plus de 3000 têtes par semaine. Certes ce chiffre est bien en-deçà des 75 à 80 000 têtes abattues chaque mois cet automne dans les outils français, mais ils érodent une offre qui avait déjà eu tendance à se contracter ces derniers mois.

Face à cette évidence, les exportateurs mettent surtout en avant que c’est par cette dynamique sur les prix que l’on va pouvoir redonner aux éleveurs français l’envie de continuer à produire. Compte tenu de la hausse des charges ces dernières années, si le prix des JB français était resté au niveau des tarifs pratiqués ce printemps, il est illusoire de penser que cela aurait permis de relancer la production. Ni même de la maintenir !

Débouché turc

Quand le politique risque de faire patiner l'économie

Si le sanitaire du troupeau français constitue une menace potentielle, l’impact diplomatique et surtout commercial des décisions politiques liées à l’adoption le 22 décembre dernier par l’Assemblée Nationale de la loi sur la négation des génocides puis à sa ratification le 23 janvier par le Sénat fait trembler tous les différents opérateurs économiques – et pas seulement les exportateurs de bovins vivants — dont l’activité repose sur les échanges commerciaux avec la Turquie.

Si cette loi est ensuite promulguée par le président de la République, elle permettra de punir pénalement les personnes qui contestent en France le génocide perpétré contre les arméniens en 1915. Cette perspective d’évolution de la législation française a déjà suscité fin décembre de vives réactions de la part du gouvernement turc.

Les nombreuses entreprises françaises travaillant avec la Turquie craignent des mesures de rétorsions économiques. Les produits venant de France seront ils seulement boudés de façon temporaires ou ce débouché leur sera t il hermétiquement fermé? Réponse dans les jours à venir.



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