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Effectifs allaitants
La tendance est à la décapitalisation

Le troupeau allaitant français affiche depuis deux ans un recul de ses effectifs. Côté productivité des cheptels, les conséquences de la sécheresse 2018 ne sont pas de bon augure pour les mois à venir.

Les statistiques de la Base de données nationale de l’identification sont catégoriques. Le troupeau allaitant français est en phase de décapitalisation. Il totalisait 4,071 millions de vaches le 1er janvier 2017. Ce chiffre était passé à 3,978 millions 365 jours plus tard. Et surtout, cette baisse tendancielle initiée fin 2016 s’est confirmée tout au long de l’année écoulée.

Ce phénomène avait été momentanément masqué. Le troupeau allaitant français avait progressé de 110 000 vaches entre octobre 2013 et octobre 2016. Cette progression concernait de nombreuses exploitations qui avaient conservé quelques génisses de renouvellement supplémentaires. Des décisions alors motivées par les incertitudes vis-à-vis des nouvelles modalités d’application de la PAC accompagnées de la volonté, dans certaines exploitations, de conforter des cheptels qui avaient parfois été ajustés à la baisse suite à la sécheresse de 2013. Mais depuis l’automne 2016, la tendance s’est clairement inversée. Cette chute brutale des effectifs s’explique surtout par les problèmes de trésorerie et les aléas climatiques. Aux tarifs peu attractifs de la viande finie est venue s’ajouter la volonté d’ajuster les cheptels une fois connues les modalités d’attribution de l’aide couplée aux cheptels allaitants avec aussi le souci de faire de la trésorerie pour honorer les factures.

« Le troupeau allaitant français s’est réduit de 140 000 têtes entre octobre 2016 et octobre 2018. On a perdu en deux ans plus de vaches que l’on en avait gagnées au cours des trois années précédentes », explique Eva Groshens, agroéconomiste à l’Institut de l’élevage.

Recul du nombre de détenteurs

Cette réduction du cheptel s’explique également par les cessations d’activité. Depuis 2009, le nombre de détenteur de cheptels de plus de 20 vaches allaitantes est en diminution très régulière. Ce recul s’explique d’abord par les départs en retraite, mais également parfois par la volonté de liquider des cheptels dont la rentabilité est analysée comme insuffisante comparativement à l’astreinte qu’ils génèrent avec — lorsque le contexte pédoclimatique le permet — le choix de retourner les surfaces en herbe pour les consacrer à la céréaliculture.

Le nombre de détenteurs de troupeaux de plus de 20 vaches allaitantes est à quelques unités près passé de 68 000 en 2008 à 61 000 cette année avec, semble-t-il une brusque accélération ces derniers mois. Alors que le recul du nombre de détenteurs avoisinait 800 exploitations par an depuis 2008, l’érosion se serait brutalement accélérée depuis fin 2017 et ce chiffre aurait pratiquement doublé en 2018.

Les nouveaux installés sont loin de compenser les départs en retraite. La restructuration des exploitations fait que si les surfaces des cédants sont reprises, il n’en est pas de même des cheptels. Leur reprise n’est souvent que partielle et ampute d’autant les effectifs du troupeau français.

Moins de vaches, donc moins de veaux

Moins de vaches signifie forcément moins de veaux. Au cours de la dernière campagne de vêlage, le recul du nombre de naissances a été qui plus est supérieur à la baisse des effectifs de vaches mères. Sur la campagne 2017-2018, il y a d’abord eu un très fort recul du nombre de mises bas sur la période comprise de juillet à février (- 240 000 veaux). Puis ce recul n’a été que partiellement compensé (+ 50 000 veaux) par des mises bas tardives décalées au cours des mois qui ont suivi (mars à juin). Au final, cela se traduit par une moindre disponibilité pour les veaux issus du cheptel allaitant : à savoir un recul de 190 000 têtes sur la campagne de vêlage 2017-2018 comparativement aux deux précédentes.

« La décapitalisation du cheptel ne permet pas à elle seule d’expliquer ce recul », souligne Eva Groshens. Il y a eu un réel problème de productivité et donc de fertilité dans de nombreux troupeaux. La mauvaise qualité des fourrages récoltés en 2016 serait une des explications. Elle semble avoir été lourde de conséquences sur le niveau d’état corporel en fin d’hiver des vaches et génisses mises à la reproduction à partir de la mise à l’herbe 2017. Ce manque d’état se serait traduit par des femelles qui n’ont pas rempli ou qui se sont sérieusement décalées. La fin de printemps 2017, particulièrement humide dans certains départements s’est également traduite par des conditions de pâturage difficiles alors même que dans certains élevages les mises à la reproduction printanières battaient leur plein. Les autres hypothèses évoquées pour expliquer ce recul des naissances sont liées à la FCO et à un parasitisme mal jugulé.

Ce recul du nombre de naissances (hors effet cheptel) est constaté dans la quasi-totalité des départements même si certains le sont plus que d’autres : ex-région Limousin, Côte-d’Or, Sarthe… Toutes les races semblent également touchées même si les races rustiques sont moins concernées.

Interrogations liées à la sécheresse 2018

Pour les vêlages de la campagne 2018-2019, c’est encore l’inconnu côté statistiques. Les premières données relatives aux naissances de l’été et du début de l’automne 2018 font état du ratio habituellement observé entre le nombre de vêlage et le nombre de vaches présentes. Les interrogations portent désormais davantage sur les vêlages qui auront lieu cet hiver. Les conséquences de la sécheresse de l’été et de l’automne 2018 laissent planer de sérieuses menaces sur des vaches et des génisses pleines souvent bien maigrichonnes en début d’hiver après avoir passé une fin d’été puis un automne souvent éprouvant côté alimentation.

L’absence d’herbe pâturée et des rations automnales le plus souvent basées sur de la paille, pas toujours bien rééquilibrée, laissent planer quelques interrogations sur la vigueur et la santé des veaux qui vont naître cet hiver.

François d’Alteroche

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