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La sécheresse fait craindre une décapitalisation accrue en élevage bovins viande

En élevage bovins viande, la nécessité d’ajuster les cheptels aux stocks de fourrages risque d’aggraver la décapitalisation. Il est trop tôt pour connaître l’ampleur du phénomène.

La sécheresse fait craindre une décapitalisation même dans des départements du sud Massif central jusque-là épargnés par ce phénomène.
© F. d'Alteroche

C’est une certitude. La sécheresse de 1976, souvent qualifiée d’historique, est désormais détrônée par celle de 2022. Avec de petites nuances selon les départements, les sept premiers mois de l’année ont été marqués par un impressionnant déficit hydrique. À partir de la mi-mai est venue se surajouter une succession d’épisodes de chaleur intense, lourds de conséquences pour l’agriculture, l’élevage, la forêt et les ressources en eau.

Effet rats taupiers

L’autre conséquence de cette météo catastrophique est l’obligation de taper dans les stocks parfois dès la mi-juillet. Dans la moitié sud du Massif central où le déficit en fourrage est accentué par l’éternelle problématique des rats taupiers, ajuster le nombre de bouches à nourrir au disponible dans les granges et silos s’est traduit dès la fin juillet par des ventes anticipées.

« Début août on a eu des marchés avec une bonne centaine de vaches contre une trentaine à cette saison habituellement. Cela concerne des animaux plus ou moins en état de toutes catégories », explique Émilie Delbert-Bertrand, cheffe des ventes du marché au cadran de Mauriac (Cantal).

Ce risque d’avoir des mises en marché soudainement gonflées par les conséquences de la météo ne concernait pas tous les départements pour autant. Avant la trêve de la mi-août, aucune hausse sensible des apports n’avait été constatée au marché au cadran des Hérolles dans la Vienne.

Dans cette zone, le niveau des récoltes d’ensilage d’herbe et de foin correspond à une année moyenne même si la sécheresse a ensuite, comme partout, transformé les prairies en paillasson poussiéreux. « Chez nous les grosses sorties de broutards, c’est d’avril à juin-juillet, précise Guillaume Lajudie. Début août la sécheresse n’a pas perturbé les apports, sans aucunes certitudes pour autant sur ce qui pourrait se passer dans les semaines à venir. »

Risque d’aggraver la décapitalisation

La sécheresse est surtout analysée comme un risque majeur d’aggravation de la décapitalisation. « Le recul du cheptel allaitant semble s’accélérer depuis le début de l’année. Mais nous ne disposons pas encore de chiffres précis », explique Patrick Bénézit, éleveur dans le Cantal et secrétaire général adjoint de la FNSEA.

Il faudra attendre début 2023 et les relevés statistiques de la BDNI pour mesurer très exactement l’ampleur du phénomène. La crainte est qu’un afflux trop soudain d’animaux ait un effet délétère sur les prix alors même qu’il n’y a jamais eu aussi peu de naissances au sein du cheptel allaitant français.

« On sait que les disponibilités en maigre n’ont jamais été aussi faibles que cette année du fait de la décapitalisation. Donc toute tentative de la part des opérateurs de tirer à la baisse le prix des animaux est à terme suicidaire pour eux comme pour les engraisseurs, qu’ils soient italiens ou français. C’est scier la branche sur laquelle eux-mêmes sont assis. À terme cela coûterait très cher à la filière dans son intégralité en accentuant le recul des effectifs. »

Et de rappeler que d’après le niveau des coûts de production calculés par l’Institut de l’élevage, le prix des broutards devrait être de 4 euros du kilo vif pour permettre aux éleveurs de gagner convenablement leur vie.

Un recul d’au moins 100 000 vaches par an

D’après les données statistiques rapportées par l’Institut de l’élevage, le recul du cheptel allaitant français avoisine actuellement 100 000 têtes par an : 105 000 têtes entre décembre 2020 et décembre 2021. « Le recul s’est encore accéléré en mai. Au 1er juin, le nombre de vaches allaitantes a diminué de -3,1 % par rapport à 2021. Les effectifs de génisses de 24 à 36 mois étaient par ailleurs en baisse de -2,3 % », précise l’Institut de l’élevage. Il y avait à peine 3,65 millions de vaches allaitantes le 1er juin dernier contre pratiquement 3,9 millions trois ans plus tôt. Au cours des onze premiers mois de la campagne de vêlage 2021-2022, il est né 3 279 000 veaux de mères allaitantes. « Cela représente un recul de -3,4 % comparativement aux onze premiers mois de la campagne 2020-2021 et -4,1 % par rapport aux chiffres de 2019-2020. »

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