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La sarcosporidiose bovine, peu connue mais très répandue

L’alerte vis-à-vis de la sarcosporidiose bovine intervient lors de saisie partielles voir totales en abattoir. Ces saisies pour « myosite éosinophilique », semblent en augmentation depuis plusieurs années.

Lors de l’inspection des viandes, la « myosite éosinophilique » se manifeste par de petites lésions verdâtres (0,5 à 5 mm x 0,5 à 2 mm) fusiformes à rondes, correspondant à une infiltration par des éosinophiles et à une dégénérescence des fibres musculaires.
© J.-M. Nicol

La sarcosporidiose est une maladie parasitaire (protozoose) transmissible aux carnivores par la viande de divers animaux de rente contenant des sarcocystes (kystes musculaires). Deux types sont transmissibles à l’être humain par la viande de bœuf ou de porc. Cette protozoose est présente dans le monde entier. Le parasite à besoin de deux hôtes : un hôte intermédiaire pour se développer et un hôte définitif pour se multiplier. Le bovin intervient comme hôte intermédiaire pour trois espèces de sarcocystis (coccidie kystogène) : Sarcocystis cruzi, S. hirsuta, S. hominis dont les hôtes définitifs sont respectivement le chien, le chat et l’Homme. S. cruzi semble être l’espèce la plus pathogène pour les bovins. Elle est rarement observée mais pourtant très fréquente. Selon différentes enquêtes effectuées dans toutes les régions du monde, 90 à 100 % des bovins sont porteurs de ces parasites musculaires.

Un cycle évolutif rapide

La source d’infection, pour l’hôte final, est la viande crue ou insuffisamment cuite, renfermant les kystes. La contamination de l’environnement se fait par les matières fécales des carnivores qui sont immédiatement infectantes (voir schéma du cycle évolutif du parasite). Les sporocystes évacués sont relativement résistants aux facteurs extérieurs, d’autant plus qu’un milieu humide favorisera leur survie durant une année, et que des températures légèrement basses n’altèrent pas leur résistance. Les hôtes intermédiaires s’infestent à leur tour en broutant l’herbe contaminée ou par coprophagie. Les sporocystes ainsi ingérés libèrent des sporozoïtes (cellules infectantes pour le nouvel hôte) qui pénètrent dans la paroi intestinale puis dans l’hôte via le sang ou la lymphe. Le parasite se multiplie alors et la dernière phase de reproduction conduit à la formation de ces kystes tissulaires.

Très peu de symptômes chez les bovins 

Bien que l’infection sarcosporidienne soit très fréquente chez les bovins, la maladie est très rarement observée. Dans le cas de contamination massive (infections expérimentales), la maladie peut exister avec des symptômes très peu évocateurs : état fébrile, anémie, amaigrissement, perte de poil, avortements, mortinatalité. Lorsque les kystes se développent dans les muscles des bovins, la plupart du temps aucun symptôme n’est observé. Les sarcosporidies ne sont en général pas pathogènes pour les carnivores. Il peut être observé une diarrhée, bénigne, passagère, sans hyperthermie qui rétrocède d’elle-même en quelques jours.

Chez l’homme, après ingestion de viande bovine insuffisamment cuite contenant des sarcocystes de S. hominis, une entérite diarrhéique peut se manifester autour du quinzième jour après le repas infectieux et se prolonger huit à dix jours. Cela s’observe lors de consommation de grand nombre de sarcocystes, ce qui est rarement trouvé dans une viande infectée naturellement.

Le risque : la saisie à l’abattoir

Les kystes étant invisibles à l’œil nu, la mise en évidence à l’abattoir des bovins infectés reste rare. Il n’est vu que les kystes coalescents ou en voie de dégénérescence, et les bovins sont alors, tout ou partie, saisis pour « infection parasitaire ». La myosite éosinophilique est un terme utilisé en inspection des viandes. C’est une inflammation spécifique des muscles striés. Elle se manifeste par de nombreuses petites lésions multifocales verdâtres (0,5 à 5 mm x 0,5 à 2 mm) fusiformes à rondes. Ces lésions correspondent à une infiltration par des éosinophiles et à une dégénérescence des fibres musculaires. Les animaux affectés apparaissent le plus souvent comme cliniquement normaux et cette myosite n’est détectée qu’au moment de l’inspection post mortem à l’abattoir ou dans les salles de découpe. Ces viandes sont déclarées impropres à la consommation humaine. Le motif de saisie est « couleur anormale », avec précision sur le libellé de saisie de « myosite éosinophilique ». Alors que le portage à sarcocystis est quasi systématique, le déclenchement de la myosite éosinophilique est un événement rare, observé chez moins de 0,1 % des bovins (voir encadré). Le mécanisme reste inconnu. La myosite éosinophilique est la conséquence d’une réponse immunitaire de l’hôte intermédiaire, le bovin, contre le parasite. Différentes hypothèses ont été avancées : rupture des kystes consécutive à l’augmentation de leur taille, réponse anormale similaire à une hypersensibilité, prédisposition génétique…

Des moyens de lutte assez restreints

Le diagnostic de la sarcosporidiose est très difficile car il n’est pratiquement jamais évoquée en première intention. Le contexte épidémiologique (présence de chien et de chat, épandage de résidus de fosses septiques…) peut parfois renforcer la suspicion. Néanmoins, ces diagnostics ont leurs limites, liées au fait que les symptômes de la maladie sont peu révélateurs. Il n’existe pas de vaccins disponibles contre les cas cliniques, mais les animaux peuvent s’immuniser par une faible ingestion de sporocystes. Le traitement ne concerne que la forme aiguë de la maladie. Cependant, il est rarement utilisé et s ‘appuie essentiellement sur les données provenant d’infections expérimentales. Il fait alors appel aux anticoccidiens. En ce qui concerne la prophylaxie, seule la prophylaxie sanitaire reste efficace et consiste principalement à prévenir les contacts directs entre les bovins, les chiens et les chats. Pour cela, il est nécessaire de limiter la circulation et le nombre de ces carnivores au sein des bâtiments d’élevage pour restreindre la dispersion des sporocystes par les fèces. La prévention de l’infection de l’être humain consiste à éviter la consommation de viande de porc ou de bœuf crue ou saignante. On prévient l’infestation chez les carnivores et les animaux domestiques en leur donnant de la viande préalablement congelée ou bien cuite. Les kystes sont détruits par une cuisson à cœur (56 à 75 °C pendant 20 à 25 min) et par une congélation – 5°C pendant 48h ou à – 20°C pendant 24h. En revanche, ils résistent aux micro-ondes.

Un hôte intermédiaire et des hôtes définitifs

Le cycle évolutif inclus deux hôtes dont le bovin est l’hôte intermédiaire, et le chien, le chat et l’Homme sont des hôtes définitifs. La phase exogène commence par l’émission de sporocystes en très grand nombre dans les matières fécales de l’hôte définitif. La phase endogène se déroule en impliquant deux espèces différentes : d’abord l’hôte intermédiaire qu’est le bovin, puis l’hôte définitif.

Le bovin s’infecte en ingérant les sporocystes présents sur le sol. Les sporocystes ainsi ingérés libèrent des sporozoïtes (cellules infectantes pour le nouvel hôte) qui pénètrent dans la paroi intestinale puis dans l’hôte via le sang ou la lymphe. Le parasite se multiplie alors et la dernière phase de reproduction conduit à la formation de ces kystes tissulaires. L’hôte définitif s’infecte à son tour par l’ingestion de kystes musculaires qui libèrent des cellules dans l’intestin grêle qui vont ainsi former des oocystes, et leur sporulation va donner naissance à des sporocystes qui seront rejetés dans le milieu extérieur via les matières fécales. La prophylaxie de la contamination des bovins est difficile. Elle est basée sur la limitation des contacts entre les fèces des carnivores et les bovins, ce qui constitue une mesure de prévention pour d’autres pathologies comme la néosporose.

Les Blondes sont les plus concernées

Les différentes enquêtes réalisées établissent une prévalence inférieure à 0,1 %. Une prédisposition raciale a été mise en évidence. La Blonde d'Aquitaine et la Parthenaise sont significativement surreprésentées dans la population d'animaux saisis, alors que la Charolaise et la Prim'Holstein sont significativement sous-représentées. Le risque de myosite éosinophilique apparaît en effet environ douze fois plus important pour la Blonde d'Aquitaine et six fois plus important pour la Parthenaise, lorsque ces races sont comparées à la classe d'animaux de race non précisée.

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