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En Guadeloupe
La race créole est à la fois menacée et pleine d´avenir

Environ 20 000 vaches créoles sont élevées en Guadeloupe. Son adaptation au milieu tropical, en particulier sa résistance aux maladies transmises par les tiques et ses performances honorables sont une aubaine. Pourtant, elle est menacée d´absorption par croisement.


L a race créole est le fruit de l´histoire des Antilles au cours des trois siècles derniers. Elle est issue de bovins européens, principalement ibériques, avec des apports de bovins et zébus d´Afrique de l´Ouest au dix-huitième siècle, et aussi de quelques bovins d´Amérique du Nord et zébus indiens issus des colonies anglaises. « Ces animaux ont été maintenus isolés sur l´île, soumis à la sélection naturelle et aux modes d´usage traditionnels pendant de nombreuses générations. Une race originale et homogène a ainsi été façonnée », explique Michel Naves de l´Inra de Petit Bourg en Guadeloupe.
« La race créole a des qualités d´adaptation très utiles pour l´élevage au pâturage en zone tropicale. Le climat chaud est sans incidence sur son appétit ni sur ses capacités de reproduction ». Il arrive en élevage qu´elles restent trois jours sans boire !
Cette race valorise correctement les fourrages locaux pourtant peu digestes à cause de leur teneur élevée en fibres, la complémentation n´est pas obligatoire.
La Créole témoigne d´un potentiel de croissance important pour une race rustique en milieu tropical.©UPRA Creole

Elle a aussi le grand avantage d´être résistante aux maladies transmises par les tiques que sont la gale (dermatophilose), le mal kadik (cowdriose) et la piroplasmose (babébiose). Ceci signifie que même si les animaux ne sont pas traités contre les tiques tous les quinze jours comme il est conseillé, ils ne développent pas de maladie. Les traitements sont donc réalisés pour qu´elles ne souffrent pas des piqûres qui occasionnent gênes et pertes d´état. D´autre part leur niveau d´infestation par les strongles est très faible, ce qui n´entraîne pas d´effet notable sur le niveau de leur performances.

« La race créole affiche un bon niveau de productivité lié surtout à sa rusticité et à ses qualités maternelles », note aussi Michel Naves. Les vaches reviennent en chaleur couramment un mois après le vêlage et donnent ainsi un veau tous les dix à onze mois. Aucune assistance n´est nécessaire à la mise-bas. La fertilité est aussi sans lien avec l´état d´engraissement : une vache peut perdre 30 % de son poids sans incidence sur sa fertilité ! Les vaches produisent couramment huit à neuf veaux, jusqu´à l´âge de douze ans, et certaines vont jusqu´à vingt ans et font naître quinze à dix-sept veaux.
Les croissances au pâturage sont de l´ordre de 600 grammes par jour avec un régime herbe, et de 800 à 900 gramms par jour en engraissement intensif. « L´indice de consommation est équivalent à celui des croisés avec une race à viande ». Les veaux pèsent 26 kilos en moyenne à la naissance et 154 kilos au sevrage. En ce qui concerne les performances moyennes des taurillons, les Créoles atteignent un poids final de 360 kilos en moyenne à l´âge de dix-neuf mois soit un GMQ de 620 grammes par jour de la naissance à l´abattage. En comparaison, les croisés limousins pèsent au même âge 430 kilos soit un GMQ de 665 grammes par jour.
La race a son programme de sélection
On dénombre actuellement en Guadeloupe environ 80 000 têtes créoles dont 20 000 mères. C´est environ la moitié des bovins élevés en Guadeloupe, et les autres sont des croisés, avec principalement des races à viande européennes. « L´effectif en race pure est en constante diminution. Au rythme actuel, la Créole est même menacée d´absorption totale », estime Sony Barclais, technicien de l´Upra Créole.
« Les petits éleveurs » de loisir « et les éleveurs les plus traditionnels apprécient sa rusticité et élèvent la race pure. Les éleveurs davantage engagés dans la production agricole ont souvent un cheptel constitué principalement de bovins créoles et ont recours à des croisements dans des proportions variables, souvent sans politique précise de croisements. Les éleveurs plus » modernes « qui recherchent davantage de productivité ont recours au croisement sur environ 80 % de leur effectif et réintroduisent de temps à autre des femelles créoles pour retrouver une certaine rusticité », décrit Sony Barclais.
En 1995, la race a été reconnue officiellement et une Upra qui regroupe les éleveurs de Guadeloupe a été créée en 1998. Un programme a été mis en oeuvre dans le même temps avec pour objectif de maintenir l´effectif, tout en améliorant la croissance et la conformation des animaux, en particulier le développement musculaire. En seconde ligne, ce programme vise le maintien des qualités maternelles (allaitement et reproduction) et des qualités d´adaptation au milieu.
Les travaux de l´Inra ont permis d´établir des références en station sur la race, de préciser les paramètres génétiques des performances, et à partir de là de proposer un mode de sélection adapté au contexte tropical. Actuellement 500 mères (en tout 2 000 têtes) participent à ce programme. Des contrôles de performances sont réalisés en ferme jusqu´au sevrage (poids de naissance, facilité de naissance, intervalle entre vêlages, poids à 120 jours, poids à 210 jours, note de pointage). L´évaluation des quinze meilleurs veaux mâles sera poursuivie en station de contrôle par l´évaluation de la croissance au pâturage, ce qui permet de bien tenir compte de l´adaptation au plein air. Chaque année, cinq à six d´entre eux deviendront des taureaux de monte naturelle qualifiés et un à deux des taureaux d´insémination animale.
©UPRA Créole

Description : La bosse et les fanons des ancêtres zébus
La hauteur au garrot est de 120 à 130 centimètres, le poids varie de 370 à 450 kilos pour les femelles et de 600 à 800 kilos pour les mâles. Les Créoles ont une bosse et des fanons et un prépuce développés. Huit types de robes sont décrits : roux cuivré, roux pâle, roux fauve uni, roux et charbon brûlé, beige très clair, beige et charbon brûlé, brun très sombre, et même tacheté. Le cornage est en lyre ou en coupe basse tournée vers l´avant. Les oreilles sont petites et horizontales, la tête fine avec un profil rectiligne, les muqueuses et les sabots sont sombres. Les membres et le squelette sont fins, la peau épaisse et le poil ras, la queue est longue et son toupet touche le sol.
Robes variées, cornes en lyre ou en coupe basse, tête et squelette fins. ©UPRA Créole

[ En savoir Plus ]
Il existe des rameaux créoles dans les autres départements français d´Amérique, qui comptent moins de 500 têtes chacun, pour un cheptel total de 40 000 têtes en Martinique et 10 000 têtes en Guyane. La race locale y a été supplantée depuis le milieu du 20e siècle par des importations massives de Brahman et des croisements avec des races à viande. Chaque rameau a par ailleurs connu une histoire d´introduction et de métissage particulière. Les animaux de Guadeloupe ont des caractéristiques « zébus » particulièrement marqués par rapport aux autres races créoles d´Amérique latine et aux rameaux de Martinique et de Guyane.

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