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La production de viande bovine irlandaise change

La crise a fait redécouvrir à l’Irlande son secteur agricole. Les pouvoirs publics s’y sont recentrés avec un plan « Food Harvest 2020 ». L’objectif est d’atteindre une augmentation de 40 % en valeur dans le secteur bovins viande.

Troupeau de bovins viande au pâturage en Irlande.
Troupeau de bovins viande au pâturage en Irlande.
© Cyrielle Delisle

La crise qui a fortement frappé l’Irlande en 2008 a eu pour conséquence de rapprocher davantage le pays de son secteur primaire agricole, afin de relancer l’économie. La publication du plan d’action « Food Harvest 2020 » illustre cette volonté. Pourtant, compte-tenu de la rigueur imposée, aucun budget public n’a pu être alloué à ce plan. Les objectifs sont ambitieux. Il est notamment prévu une progression de 50 % des volumes de lait produits, des hausses en valeur de 40 % pour la production de viande bovine et de 20 % pour la viande ovine. Contrairement au secteur laitier, dont l’objectif de progression est en volume, en viande bovine la marge à atteindre se chiffre en valeur. En effet, « à l’horizon 2020, la production de viande bovine ne devrait que peu progresser, au mieux de 1 à 2 % par rapport à la moyenne 2008-2012. C’est donc par son positionnement de plus en plus qualitatif, avec un développement des produits haut de gamme de plus en plus élaborés et marketés avec mise en avant de l’élevage à l’herbe, des races anglo-saxonnes et de la maturation, que la filière compte atteindre les perspectives fixées par le plan d’action. Du fait de l’éloignement du pays et par conséquent du coût élevé du transport, l’Irlande a choisi de vendre de la viande désossée, dont chaque pièce est envoyée vers le débouché le plus rémunérateur, permettant ainsi une valorisation optimale. Cette dernière est permise grâce également à une main-d’œuvre relativement bon marché et très flexible - 90 % est immigrée et employée dans des conditions précaires. Cette stratégie est payante, mais a du mal à suivre côté éleveurs qui optent davantage pour la production de jeunes bovins plutôt que de bœufs et qui voit le cheptel laitier reprendre de l’importance », note Caroline Monniot de l’Institut de l’élevage.

Davantage de jeunes bovins produits


La nature de la production de viande bovine se modifie. Le bœuf, production traditionnelle permettant de valoriser l’herbe, reste le premier type de bovin produit. « Cependant, cette production est en perte de vitesse car en 10 ans, le nombre de bœufs abattus s’est réduit de 46 %. Le jeune bovin lui vole la vedette auprès des éleveurs. La part des mâles non castrés dans les abattages est passée de 3 % en 2002 à 17 % en 2012. La meilleure rentabilité de cette production à cycle court encourage aujourd’hui les éleveurs à délaisser les bœufs ce qui inquiète les abatteurs », poursuit Caroline Monniot. L’Irlande exporte également des broutards dont les flux sont très dépendants des prix et influent directement la production de viande finie. En 2012, les industriels ont dû faire face à une pénurie de production.
Par aillleurs, le nombre de femelles allaitantes devrait diminuer dans les abattages. En cause, la moindre disponibilité en génisses croisées provenant des élevages laitiers. En 2011, 25 % des génisses de renouvellement du troupeau allaitant étaient encore issues du cheptel laitier. Or, pour développer le troupeau laitier, le besoin en génisses laitières va augmenter et les éleveurs laitiers auront donc moins recours au croisement avec un taureau viande. Garder des femelles allaitantes dans les troupeaux sera indispensable pour maintenir le cheptel allaitant. En parallèle, il y aura plus de taurillons laitiers, issus des 200 000 vaches laitières supplémentaires prévues à l’horizon 2020. Ceci n’est pas du goût des abatteurs qui axent leur communication sur l’élevage à l’herbe et sur les races allaitantes anglo-saxonnes. « Les effets du volontarisme laitier seront limités sur les secteurs allaitants en termes de volumes mais non négligeables sur la qualité et l’image de la viande bovine. Des baisses de cheptels ne sont pas à exclure, sauf s’il y a un soutien spécifique des structures allaitantes de petites tailles et très dépendantes des politiques agricoles. Les objectifs de Food Harvest sont accessibles en continuant le travail sur l’ajout de valeur. »


Un dossier « L’élevage irlandais et ses filières - Quel paysage à l’horizon 2020 ? » réalisé par l’Institut de l’élevage, est disponible sur le site www.idele.fr.

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