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Marché des fourrages
La paille plus facile à acheter que le foin

De nombreux éleveurs vont devoir acheter des fourrages pour passer l´hiver. Si la paille, abondante, n´est pas trop chère, l´approvisionnement en foin risque d´être plus difficile.


« Aucune tension généralisée sur le marché des foins en France », diagnostiquait la cellule de vigilance sécheresse du ministère de l´Agriculture à l´issue de la réunion du 23 août, constat qu´elle confirmait début septembre. Sous-entendu : pas de raison d´intervenir comme en 2003 pour soutenir le transport des fourrages. Plus de souci donc ? Vu de certaines régions, voire de certaines communes, tant les disparités sont grandes selon qu´elles ont bénéficié ou pas d´orages, il en va autrement. Pas de difficulté pour acheter de la paille car les meules sont bien garnies chez les négociants. Mais, pour les éleveurs qui voudront faire rentrer du foin, l´approvisionnement s´annonce plus difficile et les prix atteignaient des niveaux déjà élevés le mois dernier.
Cette année, la qualité des pailles serait plutôt moyenne : paille « noire » altérée par des petites pluies tombées sur les andains, paille stressée par le manque d´eau. ©J.-J. Biteau

Paille : autant de transport que de matière première
Le manque d´herbe dans les pâtures a relancé cet été le marché de la paille, atone depuis deux ans. Les prix n´ont pas flambé pour autant. « En France, il y a des stocks en pagaille, expliquait mi-septembre un négociant de la Vienne qui souhaite garder l´anonymat. Les gars ont une demi-année d´avance. C´est le moment d´acheter car, vu les stocks, tous les marchands bradent la paille, tout le monde a besoin de trésorerie. Mais, quand ils auront éliminé la moitié de leur stock, ils vont moins s´affoler et les prix vont commencer à se ressaisir. Surtout que cette année, il ne s´est pas pressé beaucoup de paille, tout devrait partir. » Situé entre deux régions d´élevage parmi les plus touchées, le Massif central et les Pays de la Loire, il a bénéficié cet été d´une activité importante.
Plus éloigné des zones d´élevage, Rémy Durand (société La Gondrevilloise dans le Loiret) n´a en revanche pas ressenti une « forte demande » et estime même que « livrer de la paille dans les pays d´élevage, ce n´est plus rentable. La paille est devenue un produit à faible valeur. Les gens essayent donc de s´approvisionner au plus près de chez eux car le transport coûte cher par rapport à la valeur du produit. » Il constate que les régions d´élevage de l´Ouest notamment ont accru les surfaces en céréales et donc les disponibilités en paille. Autre phénomène qui, selon lui, explique les stocks conséquents de paille : « des gens qui ont voulu s´insérer sur ce marché faussement porteur suite à la sécheresse de 2003 et ont beaucoup investi. Pour faire leur trou, ils ont baissé les prix et fait des reports de stocks, pas toujours de qualité, qui pèsent sur le marché. »
Si cette situation ne fait pas le bonheur des négociants, elle est plutôt favorable aux éleveurs. Du Sud-Ouest au Bassin parisien, en passant par l´Ouest, tous annoncent des prix départ du champ de 30 euros la tonne, une fois payé le céréalier et l´entreprise de pressage. Si la matière première n´est pas chère, son prix est considérablement grevé par le transport, de plus en plus coûteux. Il faut compter de l´ordre de 1,10 à 1,50 euro le kilomètre, ce qui ramène la paille à des tarifs variant de 50 à 75 euros la tonne rendue ferme selon la distance d´acheminement, la qualité et la possibilité pour le transporteur d´obtenir du fret retour ou pas. Alors, quand Robert Delair, négociant dans le Cantal, découvre que de la paille arrive dans son département, éloigné des zones de production, à moins de 50 euros, il voit rouge et accuse : « Ces gens-là achètent de la paille sur pied, la font botteler et ne payent ni l´agriculteur ni l´entrepreneur. Ils ne signent pas de bon de commande, se mettent en faillite et sautent d´une région à l´autre. Pour ce qui nous concerne, nous avons arrêté d´en faire car nous ne pouvons pas la fournir à moins de 73 euros la tonne. »
D´ailleurs, le Bureau commun des pailles et fourrages (émanation de l´AGPB) recommandait en début de campagne aux céréaliers « de ne prélever des pailles pour la vente qu´en fonction des tonnages ayant fait l´objet de contrats en bonne et due forme et non sur la base de promesses d´achats ». Beaucoup signalent également des qualités de paille plutôt moyennes cette année .
Autant, il ne devrait pas manquer de paille, le foin risque d´être une denrée plus rare cet hiver. Et les vendeurs ne sont pas les derniers à l´avoir compris. « Les prix du fourrage ont augmenté terriblement et on a des difficultés à trouver du foin de bonne qualité, explique Robert Delair. Les régions dans lesquelles nous nous approvisionnons, les Vosges et la Belgique, ont été sèches également et vendront moins de foin que prévu. Et puis, on a tellement médiatisé la sécheresse que les gens préfèrent stocker le foin et attendre que les prix montent. Je me fais beaucoup de souci pour l´hiver car il va manquer de la marchandise. »

Yannick Jaureguiberry (société Agritrans en Gironde), achète du foin dans le Sud-ouest et le commercialise dans la moitié sud du Massif central. Il constate aussi une rétention de la part des producteurs .S´il s´est acheté pas mal de foin cet été, la demande était plus calme en septembre. « Tous les ans, c´est une période d´observation », note Yannick Jaurreguiberry. Juste « des demandes de renseignements ». Aucun marchand ne constatait en septembre d´achats massifs pour pallier le manque de stocks pourtant patents dans certaines régions. Tous savent que la demande s´étalera tout au long de l´hiver. A cela plusieurs raisons. Les éleveurs attendent de voir comment va se passer le pâturage d´automne qui jouera sur la durée de stabulation ; beaucoup feront même leurs derniers achats en fin d´hiver selon la précocité du printemps.
Mais, tous les marchands sans exception soulignent des difficultés de trésorerie de plus en plus pesantes au fur et à mesure que se succèdent les sécheresses. Attente du versement des primes et des ventes d´animaux, demandes de paiements échelonnés.

Une trésorerie de plus en plus difficile pour les éleveurs
« Depuis 2003, c´est vraiment très dur », affirme Noël Péré, négociant en Haute-Garonne. André Valat, de la chambre d´agriculture de la Lozère (dossier sécheresse), y voit aussi un réflexe de prudence de la part des éleveurs pour « éviter la flambée des prix. En 2003, les marchands en ont bien profité. Après ce coup de bambou, les éleveurs ont réagi en modérant et échelonnant leurs achats. L´an dernier, le foin se vendait moins cher dans l´hiver qu´à l´automne. Je pense qu´il ne manquera pas de foin. Si on veut faire augmenter les prix, il faut prôner la misère. Les Espagnols ont du foin à revendre. » Pas facile de s´y retrouver dans un marché aussi opaque.
Cet été, le foin de prairie naturelle de bonne qualité se négociait entre 130 et 145 ?/t rendue ferme. Mi-septembre, il se situait entre 150 et 160 ?. « Nous livrons encore du foin que nous avons acheté à 102 ?/t il y a un mois et demi, il nous faut 53 à 60 ? pour le descendre de la frontière belge jusque dans le Cantal ou la Lozère, indiquait alors Robert Delair. Maintenant, ils en veulent 125 ?. » Dans les régions de montagne, les rigueurs du climat peuvent exposer aussi à des difficultés pour se faire « livrer à la petite semaine ».
Source : P. Bisson, CA 79.

Pour vous guider dans vos achats de fourrages, de concentrés ou de co-produits, ce tableau indique le prix d´équivalence de chaque aliment, calculé par Pascal Bisson (chambre d´agriculture des Deux-Sèvres), c´est-à-dire le prix qu´il « vaut » (en fonction de ses valeurs alimentaires) par rapport à une ration composée de paille à 55 ?, tourteau à 225 ? et céréales à 100 ? si elle est produite, à 150 ? si elle est achetée. Il permet de comparer les aliments à l´intérieur de chaque catégorie. Par exemple, avec de la céréale produite, si vous avez le choix entre un foin à 90 ? et une paille à 60 ? la tonne, il est préférable d´acheter de la paille, son prix est plus proche du prix d´équivalence (60 ? contre 55 ?) que celui du foin (90 ? contre 70 ?).

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