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La mission d'information du Sénat formule ses propositions pour la filière viande

La mission d'information « la filière viande en France et en Europe », initiée par l'UDI(1), se termine. Tour d'horizon des principales conclusions et propositions qui en résultent, avec Sylvie Goy-Chavent, sénatrice de l'Ain.

Sylvie Goy-Chavent, fille d'un éleveur d'ovins et de bovins, est sénatrice de l'Ain et professeure en lycée professionnel.
Sylvie Goy-Chavent, fille d'un éleveur d'ovins et de bovins, est sénatrice de l'Ain et professeure en lycée professionnel.
© C. Delisle

. Pour quelles raisons, cette mission d'information a t'elle été initiée ?


Sylvie Goy-Chavent - Cette mission a été diligentée par le groupe UDI du Sénat, suite au scandale de la viande de cheval dans les plats transformés, et au regard des autres crises qui ont émaillé l'élevage. Cette affaire est un nouveau coup de canif porté à la confiance du consommateur et par là-même à l'élevage. J'ai été nommée rapporteuse pour deux raisons : je suis fille d'éleveur dans un département rural et l'auteure de plusieurs propositions de loi en rapport avec l'agriculture. J'ai souhaité que cette mission s'effectue rapidement - sur 3 mois contre 6 généralement. Plus de 70 auditions au Sénat et des entrevues sur le territoire et en Europe ont été réalisées. J'ajoute que cette mission n'a pas vocation à faire une enquête, mais un état des lieux de la filière viande, de la fourche à la fourchette, en abordant différents modes de production.



.  Quelles principales constatations ressortent de cette mission ?


S. G.-C. - Les autocontrôles et l'absence de formation des abatteurs dans le secteur de l'abattage-transformation apparaissent comme deux points à reconsidérer. Je tiens à préciser, que les progrès à apporter au niveau des contrôles ne concernent pas des problèmes de traçabilité, mais surtout de concept : l'entreprise réalise elle-même ce travail. La transparence apparaît également comme une stratégie de premier ordre. Il est important de valoriser la production française et notamment sa qualité.
Autre constat, le parcours à l'installation ou la modification d'une exploitation existante représente un véritable parcours du combattant. Les procédures sont trop longues.
Nos concurrents s'accordent à dire que la viande française est de qualité, mais trop chère et pourtant, les éleveurs ne peuvent vivre de leur production. En observant les courbes de chiffres de la grande distribution, on se rend compte qu'elle subit moins les aléas des crises. Elle doit donc fournir des efforts.
Les distorsions de concurrence et les normes sont également deux points sensibles. On nous parle souvent du modèle allemand, mais au niveau social, le modèle français est peut-être mieux !

. Quelles sont les premières propositions ou pistes envisagées ?


S. G.-C. -Pour l'abattage-transformation, la réalisation par l'État de contrôle supplémentaire pourrait être envisagée. La création d'une entité à l'échelle européenne pour les effectuer pourrait être une possibilité. Elle pourrait par ailleurs aider les pays moins favorisés de l'Europe. Il est également important de mettre en place des formations pour les abatteurs et de valoriser la formation de boucher.
Pour favoriser la transparence et valoriser la qualité, un étiquetage simple sur les produits bruts apparaît indispensable. Pourquoi ne pas créer un label d'État comme cela existe en Angleterre ? Il préciserait le lieu et le mode d'abattage avec ou sans étourdissement. Pour les produits transformés, les industriels y sont farouchement opposés car la viande provient de plusieurs pays. Toutefois, on pourrait au moins préciser sur l'étiquette, le pourcentage de viande d'origine française, sans pour autant notifier toutes les origines. Libre ensuite aux consommateurs de choisir.
Pour les procédures à l'installation, rendre obligatoire l'étude des dossiers sur un temps limité - 6 mois maximum et 15 jours à 1 mois pour demander les précisions complémentaires - semble oppor- tun. Plus de communication auprès du consommateur représente également une clé pour leur rappeler que l'élevage est un trésor qui nous nourrit au quotidien, même si les gens ont tendance à l'oublier. Il ne faut pas laisser partir les éleveurs, un élevage qui s'arrête n'est pas remplacé. Ne faudrait-il pas faire un peu de pédagogie et réapprendre aux consommateurs à manger ? Acheter moins mais favoriser la qualité.
Pour faire face aux distorsions de concurrence, il est peut-être nécessaire de faire pression au niveau de l'Europe pour former une Europe sociale équitable. Pour les normes, la France a toujours le chic pour laver plus blanc que blanc. Arrêtons de faire compliqué ! Il faut accepter d'être simple.

(1) Union des Démocrates et Indépendants, parti politique de centre droite, fondé en 2012 par Jean-Louis Borloo.

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