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La litière de dolomie, une alternative à la paille

Connue comme amendement calco-magnésien pour les sols, la dolomie du Poitou, sable sédimentaire très fin, peut-être employée pour la litière des animaux. Elle a ainsi une double utilité, une fois épandue.

Là où la paille manque, la dolomie peut représenter une alternative en termes de litière.
Là où la paille manque, la dolomie peut représenter une alternative en termes de litière.
© C. Delisle

La dolomie, sable dolomitique calco-magnésien très fin, peut servir à la fois d’amendement pour les sols et de litière pour les bovins. « Nous testons depuis quelques années déjà, la dolomie du Poitou (dollit : dolomie pour litière) en paillage pour bovins, ovins, caprins ou encore en volailles ou en porcs. Son utilisation s’est notamment développée après la sécheresse de 2011, période où la paille était convoitée, pour nourrir en priorité les bovins. Dans la région, les éleveurs s’en servent soit sur une fine couche de paille, soit directement dans la stabulation », explique Pascal Picault, de la société Iribarren (Vienne) qui extrait la dollit. La dolomie est une roche sédimentaire marine carbonatée, composée d’au moins 50 % de dolomite, c’est-à-dire d’un carbonate double de calcium et de magnésium. Elle contient ainsi, environ 30 % de calcium (CaO) et 20 % de magnésium (MgO). Grâce à sa granulométrie, cet amendement basique (pH 7,5-8) dispose d’un pouvoir absorbant important. Il permet ainsi d’assécher et d’assainir les litières des animaux.

Des économies de paille et un gain de temps

La coopérative Terrena a conduit un essai avec un engraisseur de jeunes bovins pour évaluer l’intérêt du produit quant aux économies de paille. Trois cases d’essais ont été mises en place : une, témoin avec de la paille, une deuxième avec une couche de dolomie de quelques centimètres et un ajout de paille par dessus et une dernière avec une couche de 13 centimètres de dolomie seule. Il faut compter 300 kilos par jeune bovin, à la mise en place.

« Lorsque les animaux sont serrés dans les cases, notamment dans le dernier cas, on arrive rapidement à saturation. Alors qu’en mélange avec de la paille, la saturation est moins rapide. Ainsi, après avoir étalé la dolomie, un paillage a été réalisé au bout de trois jours, à raison de deux kilos par jour et par animal pendant un mois, contre six kilos par jour et par animal dans le box témoin, soit une économie de deux tiers des apports habituels en paille. Au cours du second mois d’engraissement, l’éleveur est repassé par contre à un apport de six kilos par jour et par tête. Le besoin de paillage va également dépendre du type d’engraissement et de la période. Si le temps est humide, la dolomie arrive plus rapidement à saturation », note Sébastien Daujat, technicien Ter’élevage. Au final, le coût total de la litière est identique à la paille seule, cependant l’ajout de dolomie permet de pailler en plus petite quantité et de gagner ainsi du temps. Pendant le premier mois d'engraissement, une économie de dix euros par animal est permise. La hauteur du fumier est plus restreinte et le nettoyage du bâtiment plus espacé.

Autre constat : les animaux restent plus calmes et sont moins nerveux, du fait d’un temps passé au paillage moins important. D’autre part, ils sont plus propres par rapport à une litière paille uniquement. La dolomie ne colle pas aux poils des animaux.

Une litière plus froide de 6 à 7°C, avec moins de poussière

« Par ailleurs, la litière avec dolomie chauffe moins. On a observé une réduction de la température de l’ordre de 6 à 7 °C par rapport à la case témoin avec paille. Du fait que ce soit une matière 100 % minérale, l’éleveur a été moins embêté par les mouches. La dolomie capte l’ammoniaque et les odeurs », poursuit le technicien.

Les observations des voies respiratoires réalisées sur les taurillons en abattoir n’ont par ailleurs pas mis en évidence de lésions pulmonaires particulières. « La dolomie ne reste pas en suspension comme la litière de paille et entraîne moins de poussière », rapporte le technicien.

Pas besoin de matériel spécifique. Un chargeur avec godet permet d’étaler la dolomie dans les bâtiments et de les vider. Le mélange fumier–dolomie s’épand très bien avec un épandeur à hérissons verticaux et table d’épandage. « Attention toutefois lors du chargement ! La densité de la dolomie (1,3 tonne au m3) est supérieure à celle d’un fumier classique (800 kg/m3). Pour le calcul de la dose d’épandage, il faut compter sur le fait qu’une tonne de chaux équivaut environ à trois tonnes de dolomie », observe Sébastien Daujat.

Un coût dépendant du transport

Le coût est variable en fonction du transport. « Actuellement, il est d’environ 25 à 45 euros la tonne selon l’éloignement de la carrière », précise Pascal Picault. Une expérimentation conduite chez un naisseur en Saône-et-Loire (voir page ??) a montré que la dolomie pouvait être une bonne alternative à la paille. « Toutefois, ce produit ne permet pas de réaliser une économie intéressante par rapport à la paille de litière. En effet, le coût par vache, rendu Saône-et-Loire, est équivalent à l’utilisation de la paille (80 €/t la paille et 46 €/t la dolomie), hormis lors de flambées des cours de la paille comme en 2011. La dolomie, en effet, ne subit pas de fluctuations des cours », remarque Pierre-Antoine Comte, responsable technique à Charolais Horizon.

Toutefois selon ce dernier, dans l’hypothèse où le coût du transport augmenterait le prix de départ de la dolomie, l’économie se situerait ailleurs et reposerait sur deux points : la suppression de l’astreinte de la paille et la disponibilité en fumier enrichi en magnésium et en calcium. Ainsi, après utilisation, le fumier récupéré représente un amendement très peu coûteux, la dolomie, à la façon de la chaux, apportant du carbonate. « Des analyses en laboratoire ont montré que la dolomie contenait 53 % de valeurs neutralisantes d’origine magnésienne et calcique. Nous avons alors calculé qu’un amendement à partir d’un carbonate de chaux à 54 % de valeur neutralisante et à 70 euros la tonne revenait à 0,13 euro par point de valeur neutralisante, quand la dolomie revient à 0,03 euro par point de valeur neutralisante. Il est donc tout à fait possible en épandant du fumier, de relever le pH des surfaces fourragères, à moindre coût. Pour passer d’un pH de 5 à 5,5, il faut apporter 1 000 unités de CaOMgO, sachant que la dolomie amène 300 unités de calcium et 200 unités de magnésium par tonne de matière sèche. Le pH peut donc être augmenté de 1,5 point assez facilement », poursuit Pierre-Antoine Comte. Elle permet par ailleurs de réduire le volume de fumier et d’épandre fumier et amendement calcique en un seul passage.

Des bâtiments aérés pour un pouvoir absorbant plus efficace

Plus le bâtiment sera aéré, plus le pouvoir absorbant de la dolomie sera performant et efficace. Le milieu minéral apporté par la dolomie est par ailleurs moins propice au développement bactérien. « On ne l’a pas mesuré mais on peut supposer que la dolomie, comparée à un milieu organique, peut limiter les infections et agents pathogènes chez les veaux (gros nombrils…). Lorsque les jours s’allongent, une litière pas très belle le matin peut l’être le soir, grâce à la capacité de rétention de l’eau de la dolomie. Même s’il y a un peu de sable sur le pis des mères, il n’y a pas de risque de toxicité", conclut le responsable technique de Charolais Horizon.

Sable ou roche

On trouve la dolomie sous deux aspects en France : sous forme pulvérulente (dolomie du Poitou) ou sous forme de roche dolomitique (Alsace, Pyrénées). Dans le premier cas, elle se présente naturellement sous forme de poudre et est commercialisée en l’état, sans aucun traitement. Ce sable dolomitique dispose d’un fort pouvoir d’absorption des jus et d’assèchement des litières. Dans le second cas, à l'inverse, elle nécessite des opérations de minage, concassage et broyage avant d’être utilisable dans les champs ou en litières.

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