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Reproduction
La fécondité mérite un suivi rigoureux

Plusieurs causes sont susceptibles d’affecter les résultats de reproduction d’un troupeau allaitant. Les solutions ne peuvent s’appuyer que sur un diagnostic précis des résultats de productivité numérique. Pour cela, il existe différents outils permettant de mesurer l’état de la situation dans chaque élevage.

En élevage allaitant, l’impact de la fécondité sur la rentabilité globale du troupeau est conséquent, mais trop souvent négligé car mal connu. Les suivis de fécondité se sont largement développés en troupeau laitier, mais ils n’ont pas eu le même succès en élevage allaitant. Cette lacune était à une époque en partie liée à des données chiffrées et à des bilans d’analyse insuffisamment ou difficilement disponibles pour les éleveurs. Cette situation résultait aussi d’une sensibilisation insuffisante de ces derniers à l’impact du volet fécondité sur la rentabilité globale de leur élevage. Or, depuis, des données de qualité, issues des enregistrements obligatoires des mouvements d’animaux effectués par les éleveurs, sont disponibles dans tous les élevages. De plus, des outils informatiques, également à la disposition de tous, permettent d’avoir des bilans fiables, ouvrant ainsi la porte à une analyse rationnelle de la fonction reproduction dans tous les élevages allaitants avec tous les impacts positifs que cela peut engendrer.

Impact économique à deux niveaux

Ces derniers vont se situer à deux niveaux. Le premier impact de la bonne maîtrise de la reproduction dans un élevage va se traduire par une amélioration du nombre de veaux produits par vache et par an. Ainsi, le seul fait de passer d’un intervalle vêlage–vêlage (IVV) moyen de 370 jours à 380 jours sur 37 vaches équivaut à la perte d’un veau ! La productivité numérique, qui intègre cette notion d’IVV moyen associée aux taux de gestation et de mortalité, constitue une notion primordiale à connaître pour tout éleveur. Une étude menée en Pays de la Loire, portant sur l’analyse des résultats de reproduction des troupeaux allaitants adhérents au contrôle de performance, a permis de caractériser les performances obtenues dans les quatre principales races allaitantes de la région (Charolaise, Limousine, Blonde d’Aquitaine et Rouge des Prés). Il en ressort d’abord une importante dispersion des résultats au sein de chaque race. Mais cette étude met surtout en avant qu’il existe d’importantes marges de progrès dans de nombreux élevages sur l’âge au premier vêlage et la maîtrise de la durée de l’IVV. Une extrapolation des résultats à l’échelle de la région avec une réduction de l’IVV de 13 jours (375 au lieu de 388) permettrait de gagner environ 10 000 veaux !

Trois critères à analyser

De plus, l’amélioration de la fonction reproduction va aussi le plus souvent de pair avec une amélioration globale de la situation sanitaire et économique du troupeau. En effet, la fonction de reproduction est la première à être détériorée lors de toute présence de facteurs de déséquilibre dans un élevage. Le nombre de veaux sevrés par vache mise à la reproduction et par an est le critère le plus important à prendre en compte. Il est cependant souvent jugé comme étant trop global. En effet il ne permet pas de rechercher quelles sont précisément les causes qui aboutissent à ces plus ou moins mauvais résultats. Trois critères plus analytiques vont permettre de caractériser plus précisément quel est le degré d’efficacité de la reproduction des troupeaux allaitants. Il s’agit du taux de gestation, de l’intervalle entre vêlages et du taux de mortalité des veaux de la naissance au sevrage. Déterminer précisément ces valeurs suppose bien entendu d’avoir pu procéder à un inventaire précis et rigoureux de toutes les femelles mises à la reproduction, mais aussi de tous les mouvements d’animaux avec leur état de gestation lors du mouvement. Le taux de gestation est le seul mode d’expression de la fertilité. Calculé sur une durée de douze mois variable suivant les troupeaux en fonction des périodes de vêlages, il est égal à la proportion de femelles pleines par rapport au nombre de femelles mises à la reproduction. La valeur seuil généralement retenue se situe à 90 %. Au-dessous, on peut considérer que le résultat est mauvais. Chez certaines races avec des qualités de reproduction situées dans le haut du panier comme la Limousine ou les races rustiques, l’objectif sera de 92 %.

IVV moyen de moins de 370 jours

L’intervalle moyen entre deux vêlages successifs est le critère le plus pratique pour exprimer la fécondité d’une vache. Cependant, la considération des paramètres techniques du troupeau dans son ensemble présente un plus grand intérêt économique. La moyenne des intervalles entre vêlages des vaches ayant vêlé deux campagnes consécutives traduit bien, en première approximation, la fécondité du troupeau. L’objectif étant d’avoir un IVV de l’ordre de 365 à 370 jours. L’objectif est de 365 jours pour les multipares et 370 jours pour les primipares. Le pourcentage de primipares déterminera l’objectif du troupeau. Une moyenne supérieure à 380 jours est le premier indicateur d’infécondité. Cette moyenne est toutefois la résultante de situations très inégales. Elle peut parfois traduire, soit des intervalles individuels longs pour l’ensemble des vaches du troupeau soit des intervalles très longs (supérieurs à 390 jours) sur un certain nombre de vaches. Plus de 10 % des vaches avec des IVV supérieurs à 390 jours constitue un second critère d’alerte. Le taux de mortalité des veaux avant leur sevrage va venir compléter ces deux critères pour déterminer le nombre de veaux sevrés par vache mise à la reproduction ou productivité numérique. Ce taux de mortalité doit être inférieur à 5 %. L’âge moyen des vaches au premier vêlage représente un élément complémentaire. Il gagne à être calculé précisément. Dans certains élevages, il peut être synonyme d’une importante marge de progression économique. Le positionnement des résultats d’un troupeau à partir de ces différents critères peut se faire à l’aide du graphique « Résultats de la reproduction en fonction du taux de gestation et de l’IVV ». Ce dernier permet de situer son élevage par rapport aux deux seuils retenus. À partir de ces données il est plus aisé de quantifier les marges de progression raisonnablement envisageables pour son élevage.

Un bilan de la situation par période de reproduction est indispensable

À la fin de chaque campagne, un bilan sera systématiquement réalisé afin d’établir un état des lieux de la situation par période de reproduction. Ce travail constitue une base de gestion incontournable pour chaque éleveur en raison des implications économiques et sanitaires directes et indirectes que cela représente. Plusieurs raisons font que la non-réalisation de ce bilan est généralement jugée comme particulièrement dommageable.

■Les éléments rationnels de bilan sont disponibles dans les élevages du fait des obligations réglementaires, il suffit de les consulter et les analyser.

■ Les marges de progression existent dans nombre d’élevages.

■ Les implications économiques de l’amélioration ou du maintien si la situation est favorable sont importantes de manière directe et indirecte .

■ Les moyens de lutte qui découlent de l’analyse sont faciles à mettre en place, pour peu qu’une certaine remise en cause de quelques aspects de la conduite de l’élevage sont acceptés, d’où l’importance de l’accompagnement et de la pertinence du conseil.

■ L’apport de « sécurité » obtenue s’avèrera très appréciable, notamment dans les grands effectifs.

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