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Philippe Auger, président d'Elvea France : « La contractualisation sécurise le revenu des éleveurs »

Elveaop est favorable au maintien de l’obligation de la contractualisation pour les bovins. Elle souhaite cependant faire évoluer les règles pour dynamiser le processus. Le point avec Philippe Auger, président d’Elveaop France.

Philippe Auger est éleveur de charolaises en Haute-Sâone et président d’Elveaop France.
Philippe Auger est éleveur de charolaises en Haute-Sâone et président d’Elveaop France.
© S. Bourgeois

Elveaop a obtenu sa reconnaissance d’association d’organisations de producteurs en février 2022. Où en êtes-vous dans la négociation de contrats-cadres pour le compte du réseau des associations Elvea ?

Philippe Auger - Un important contrat-cadre a été signé en avril avec SVA et Intermarché, et un autre contrat-cadre au niveau plus local a été conclu avec l’abatteur Pruvaut Leroy de Douai (Nord) en juin. Ce dernier porte sur 2 500 jeunes bovins de toutes races à viande élevés en région Hauts-de-France et Normandie (1). Les négociations sont une démarche longue et complexe, et même une aventure humaine, car nous sommes tous des indépendants.

Quelle est la position d’Elveaop près d’un an après l’annonce de l’obligation de contractualisation ?

P. A. - Nous sommes favorables au principe du caractère obligatoire de la contractualisation. Elle permet de donner des perspectives aux éleveurs car c’est une solution pour sécuriser la rémunération et faire vivre les familles.

Côté opérateurs, le premier objectif de la contractualisation est de sécuriser les approvisionnements. La situation est inédite avec une offre en animaux très faible. Entre avril 2021 et avril 2022, la France compte 110 000 vaches allaitantes de moins. C’est énorme. Il semble impossible de faire revenir sur leur décision les éleveurs qui ont décidé d’arrêter la production de viande bovine. Mais on doit soutenir les éleveurs qui sont encore debout.

Que voulez-vous dire aux éleveurs qui ne veulent pas contractualiser leurs animaux ?

P. A. - Plus on a d’animaux sous contrats, plus on arrive à contrôler et donner le sens du marché. C’est le moyen de ne plus avoir des cotations de vaches qui font le yoyo, à un euro en plus ou en moins par kilo. La contractualisation donne de la lisibilité et donc de la solidité à toute la filière.

La loi a été mal perçue, mais quand on la décortique, il s’avère que rédiger un contrat n’est pas une privation de sa liberté d’entreprendre. Ce n’est pas pour faire plaisir à Julien Denormandie ni à son successeur que nous faisons des contrats, mais uniquement pour que les éleveurs obtiennent une juste rémunération et pour garantir ainsi une qualité de viande pour les consommateurs.

Peu de contrats sont signés pour l’instant. Que proposez-vous pour débloquer la situation ?

P. A. - Notre point de vue est qu’appliquer l’obligation de contractualisation à 60 % ou aux deux tiers des ventes d’une exploitation permettrait de donner l’élan à la démarche. Nous ne parviendrons jamais à contractualiser 100 % des animaux, mais une telle mesure donnera déjà un bon niveau de sécurisation du revenu des éleveurs. Nous allons solliciter le ministre de l’Agriculture en ce sens.

Nous voulons aussi étendre le caractère obligatoire à l’engagement des abatteurs. Il faut se mettre à la place de nos amis les négociants. Si l’abatteur y va, le négociant va y aller aussi.

Nous souhaitons que le caractère obligatoire de la contractualisation puisse s’appliquer aussi au distributeur, mais ceci n’est a priori pas compatible avec la réglementation européenne du droit à la concurrence.

Que va-t-il se passer pour l’obligation de contractualisation pour les broutards ?

P. A. - Avec le faible niveau des volumes d’animaux qui s’annonce pour cet automne, la situation est particulière. Dans quelles proportions les éleveurs français vont-ils engraisser ? Les engraisseurs italiens sont majoritairement sous contrat avec un abatteur, et très souvent aussi avec un distributeur. Il faut donc leur expliquer que s’ils veulent encore du maigre français, cette logique de contrat qu’ils pratiquent avec leur aval doit s’appliquer aussi à leur approvisionnement en broutards. Organiser la filière sur une partie des volumes qui oriente le marché mérite d’être essayé.

La balle est dans le camp des abatteurs

(1) Le prix est fixé à 80 % à partir de l’indicateur interprofessionnel du coût de production et 20 % du prix de marché, avec une prime de 12 centimes de qualité et une seconde prime selon la race.

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