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« Je ne travaillerais plus sans chien ! »

Pierrick Berthelot, éleveur en Ille-et-Vilaine, est un utilisateur inconditionnel de chiens de troupeau. Il a déjà dressé sept Border Collie pour l’aider au quotidien.

« J’ai eu mon premier vrai chien de troupeau en 2002. Au départ en retraite de mes parents, cela devenait difficile de réaliser le travail seul et c’est en voyant un voisin travailler avec son chien que j’ai eu le déclic. À force d’en parler autour de moi, on m’a offert mon premier chien non LOF (livre des origines françaises) en 2000. J’ai perdu deux ans à essayer de le dresser. C’est pourquoi, je suis désormais très minutieux dans le choix du chiot », raconte Pierrick Berthelot, à la tête d’un troupeau naisseur-engraisseur de 90 mères charolaises et salers, à Pacé, en Ille-et-Vilaine(1). L’instinct du chien pour le troupeau est très important. « En choisissant un animal avec pedigree, je mets davantage de chance de mon côté pour la suite. Au bout de cinq ans maximum, j’en forme un nouveau. J’ai ainsi en permanence deux chiens au travail », ajoute l’éleveur. Gaston, 8 ans, et Joie (fille de Gaston), 2,5 ans sont les deux compagnons de travail actuels.

Depuis sept ans, Pierrick Berthelot se déplace à la finale des concours des chiens de troupeau. « Si un Border Collie me plaît, je demande alors l’adresse de l’éleveur pour aller le voir en situation. Je regarde également sur le site de l’association française du Border Collie. Je vais toujours voir les parents travailler. Si je suis satisfait, je réalise une première visite un mois après la naissance des chiots pour réaliser une pré-sélection. J’y retourne quinze jours après sevrage pour établir mon choix final. Il m’est déjà arrivé de repartir sans chiot car il ne me convenait pas. Ma première expérience m’a servi de leçon. Le fait d’avoir deux animaux au travail en même temps m’autorise à prendre le temps de la réflexion et de la sélection », observe l’exploitant.

Un chien avec du caractère et des origines

Les Border qui travaillent sur l’élevage ont systématiquement des parents en activité sur bovins viande. Outre les origines, les chiens de Pierrick Berthelot doivent avoir du caractère. à chaque nouvelle acquisition, l’éleveur effectue les deux premiers cycles de formation dispensés par l’institut de l’élevage avant de faire confirmer ses chiens. « Chaque chien est différent. De plus, on est souvent trop centré sur lui. Le formateur nous apporte un œil extérieur. J’attends toujours son feu vert pour mettre le chien au troupeau. Il faut prendre son temps, surtout en vaches allaitantes. Au début de la phase d’apprentissage, je leur apprends les ordres de base et je les emmène en laisse le midi dix à quinze minutes. On va voir les vaches mais sans travailler. Une fois déclarés, je les utilise avec des génisses de 15-16 mois habituées au chien. L’apprentissage prend certes deux ans mais ensuite, c’est dix ans de plaisir. »

Il y a cinq ans, l’éleveur a suivi le troisième volet de la formation dispensée par la MSA. « J’y ai trouvé des astuces pour se protéger et travailler avec mes chiens. Le plus dur reste pour le premier d’entre eux qui doit faire face à des animaux non habitués. Aujourd’hui, tout est rôdé et devenu tellement agréable que je ne vois pas comment je pourrais faire autrement. Une relation différente se crée. Il n’y pas de conflit entre le chien, le maître et le troupeau. Il ramène les bêtes vers le maître. C’est alors le chien qui devient le prédateur. Par contre, si une vache ne respecte pas le chien, je la réforme car je considère qu’elle ne respectera pas davantage l’humain. »

Des travaux divers avec les vaches et les jeunes bovins

Les tâches des chiens sont diverses et réparties sur l’année. L’hiver, les vaches sortent tous les jours tant que la portance des sols est suffisante. Le troupeau doit alors parcourir 500 mètres sur la route. « Je préfère sortir le troupeau avec le chien. Déjà, il court plus vite que moi. Ensuite, comme je me positionne devant le cheptel et lui derrière, les automobilistes freinent dès qu’ils le voient. Ils le respectent davantage que moi. » Dès que Pierrick Berthelot met une botte dans le râtelier, le chien écarte les bovins. Dans les anciens bâtiments sur pente, le rabot est passé tous les trois jours pour les vaches et une fois par semaine pour les taurillons. Le chien tient en respect les vaches sur l’aire paillée pendant l’intervention. Concernant les taurillons, il les repousse sur l’aire paillée pour que Pierrick Berthelot puisse facilement fermer les cases. À leur réouverture, le chien n’est jamais loin pour les tenir en respect le temps de l’opération. « J’attends que mon partenaire soit suffisamment bien dans sa tête pour le mettre sur taurillons. Gaston a débuté dès 18 mois, Joie à 2 ans », précise l’exploitant. Lors de départ de bêtes, le chien aide au tri. Il est là aussi pour les petits chargements en bétaillère. L’éleveur travaille en pâturage tournant dynamique en fil avant. Le chien bloque les différents lots d’animaux pendant que l’éleveur avance le fil. La tâche est répétée chaque jour plusieurs fois. Les deux chiens sont tous deux d’utilité, l’un remplaçant l’autre en cas de fatigue. « Autre point positif, un chien n’est pas rancunier. Si on le dispute, il ne va pas nous en vouloir. Ce qui n’est pas le cas, quand c’est un collègue ou sa femme… »

Quand les chiens ne travaillent pas, ils sont à l’attache ou au chenil, à l’écart des vaches. Le premier chien de l’exploitation s’est fait écraser en se promenant. Leur alimentation est adaptée selon l’âge (aliment supplémenté la première année) et la saison. Au printemps, le travail étant plus intense, un aliment à 32 de protéines est distribué, alors que l’hiver, un aliment à 28 de protéines est donné. Le vermifuge n’est par ailleurs pas négligé. Passé dix ans, seules les tâches faciles sont demandées.

(1) 90 mères 2/3 charolaises, 1/3 salers, 1,5 UTH, 108 ha.
En vidéo

Retrouvez Joie et son maître en action sur bovins-viande.reussir.fr

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