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Mickaël Leclerc, EARL de l'Eclair dans la Meuse
"Je m'attends à de moindres performances de mon troupeau"

Dernier lauréat des Sabots d'Or en race Salers, Mickaël Leclerc s'attend cette année à une nette détérioration des performances de son troupeau suite à l'épisode de fièvre catarrhale qu'il a subi. Son cheptel a été vacciné dès que possible.

D’après la dernière pesée, il me manque en moyenne 23 kilos sur le poids des veaux, mâles et femelles confondus, pour arriver aux mêmes chiffres que les années précédentes», explique Michaël Leclerc, éleveur à Vaudeville, dans le sud de la Meuse et dernier lauréat des Sabots d’Or en race Salers. Alors que ses broutards et broutardes pesaient en moyenne 301 kilos à 210 jours les années précédentes, les chiffres devront être révisés à la baisse cette année. Mais ces résultats sont loin d’être uniformes et la moyenne camoufle de gros écarts. Les meilleurs animaux ont continué d’avoisiner les 1200 à 1300 grammes alors que d’autres ont plafonné à 800 grammes, voire nettement moins.

Pour expliquer ces moindres croissances, Michaël Leclerc cite aussi le rôle de la mauvaise qualité du foin récolté l’an dernier. Distribué à volonté, additionné de 1,5 kilo de céréales et 500 grammes de tourteaux, ce fourrage — incluant aussi une petite proportion de regain de meilleure qualité — a été comme les années précédentes le principal composant de la ration hivernale des vaches suitées. Lorsqu’ils ont été touchés dans les premières heures de leur vie, les veaux ont le plus souvent tout au long des mois suivants, atteint des niveaux de performances bien en-deçà de ce qu’il est permis d’attendre dans un élevage bien conduit et d’un bon niveau génétique. «Les problèmes ont commencé à apparaître début septembre, puis l’épidémie a véritablement flambé tout au long du mois d’octobre.» Michaël Leclerc décrit les symptômes. «Les vaches touchées ont de fortes poussées de fièvre, les yeux gonflés, des croûtes sur le nez et la peau du pis qui finit par se nécroser par plaques. Les membres sont enflés et les animaux peinent à se déplacer, comme s’ils marchaient sur des aiguilles. On a vraiment l’impression que les bêtes souffrent. Seuls les anti-inflammatoires parviennent à les calmer.» Les animaux les plus fragiles ont aussi été les plus atteints par la maladie et Michaël Leclerc pointe du doigt le rôle du nombre de piqûres par les cullicoïdes, comme facteur aggravant. «Les vétérinaires nous disent que quand les animaux sont bien nourris et bien minéralisés, ils sont moins atteints, mais ils nous disent aussi qu’ils découvrent la maladie en même temps que nous», souligne Richard Hennequin, technicien Bovins Croissance.

Allongement prévisible de l'IVV

A côté des répercussions facilement et rapidement mesurables telles ces pertes de GMQ sur les broutards, Michaël Leclerc s’attend aussi à devoir subir dans les mois à venir le lourd impact économique d’une mise à la reproduction sérieusement perturbée. L’intervalle vêlage-vêlage (IVV) moyen était jusqu’à présent un des points forts du troupeau avec 362 jours sur la campagne 2005/2006 et 364 jours sur la suivante, avec quelque 40% du cheptel inséminé. Mais pour les vêlages à venir, le jeune éleveur s’attend à de sérieux retards. C’est sans nul doute ce phénomène qui sera le plus lourd de conséquences de la FCO dans son troupeau. 

La mise à la reproduction démarre en novembre. Après qu'une partie des vaches aient été malades en première partie d'automne, elle ont ensuite très mal rempli. Il a fallu attendre décembre pour constater un retour à la normale. Cinq vaches présumées pleines se sont avérées vides en février, après avoir coulé dans l'hiver.  "J'avais une petite dizaine de vaches qui vêlaient en cours d'hiver et j'ai bien peur que leur nombre s'accroisse dans des proportions importantes", estime Michaël Leclerc. Malgré tout, l'éleveur pense avoir limité les dégâts lorsqu'il compare les résultats de son élevage à ceux d'autres exploitations du départment où parfois plus du tiers des veaux quand ce n'est pas davantage ont terminé à l'équarrissage.

Des bêtes qui souffrent longtemps

Avec, profondément ancré dans sa mémoire, le triste souvenir du dernier hivernage, Michaël Leclerc s’est empressé de faire vacciner son cheptel dès que les doses ont été disponibles. «La première injection a eu lieu le mai. Je ne veux pas avoir à revivre un hiver comme celui que je viens de connaître.» Le fait d’avoir à rassembler dans des parcs de contention extérieurs des lots d’animaux mis à l’herbe fin avril pour les vacciner est bien entendu jugé comme une contrainte, mais cette dernière n’est au final pas grand-chose par rapport à l’impact sanitaire et les soucis générés par le passage de la maladie l’automne dernier. «Le plus pénible c’est d’avoir des bêtes qui sont longtemps malades, qui souffrent et de ne pas pouvoir les soulager.» 

LA FCO ET LA MAUVAISE QUALITÉ DES FOURRAGES

Technicien Bovins Croissance, Richard Hennequin suit actuellement 92 élevages allaitants sur le département de la Meuse.«Sur l’ensemble de ces troupeaux, le taux de mortalité des veaux de la naissance au sevrage est actuelle- ment en moyenne de 18 % contre 11 % l’an dernier.Soit un surplus de 7 à 8 %. Les vaches se sont avancées dans les dates de vêlage, et se sont mal préparées, avec au final beaucoup de veaux morts-nés ou qui deviennent des non valeurs économiques.» De plus,ces chiffres déjà très élevés le seraient encore davantage chez beaucoup de non adhérents au contrôle de performances. Les élevages du nord du département, près de la frontière belge ont globalement été les plus touchés. A côté de l’impact direct de la maladie, la FCO a aussi accentué toutes les autres pathologies habituelles en troupeau allaitant, du fait de l’état de faiblesse des troupeaux. «Il va manquer beaucoup de veaux à l’automne prochain», souligne Richard Hennequin. Ces mauvais résultats techniques sont principalement le fait de la FCO, mais le technicien pointe aussi du doigt la très mauvaise qualité des fourrages récoltés cette année. La valeur alimentaire de certains foins qui a péniblement atteint celle de pailles récoltées dans de bonnes conditions n’a malheureusement fait qu’accentuer les dégâts. Entre le volet sanitaire de la maladie, la bien médiocre conjoncture pour la viande bovine et la hausse du prix des céréales qui en Lorraine comme dans beaucoup de régions a favorisé le retournement de parcelles jusque-là en herbe pour les réorienter vers les céréales, Richard Hennequin s’attend à un net recul de la production de viande bovine dans le département pour les mois et années à venir. 

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