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Elevages hors des sentiers battus
« Ici on fait de la résistance »

Chez Daniel Fabre, dans l´Hérault. Pas facile d´être éleveur en zone méditerranéenne. Confronté à une troisième année de sécheresse consécutive, Daniel Fabre s´accroche pour dégager un revenu avec une cinquantaine de vaches conduites sur 230 hectares de terres rocailleuses.


A quelques kilomètres de Lodève, Les Plans, petit village situé sur la bordure sud du Causse du Larzac, a subi de plein fouet le phénomène de déprise agricole. Il y a une quarantaine d´années on recensait une centaine de vaches et plus de 2000 ovins sur la commune. Aujourd´hui les effectifs bovins ne totalisent guère plus de 80 têtes pour une centaine de brebis. Les parcours, les anciens champs et vignes abandonnés sont progressivement retournés à la friche. Une bonne partie des surfaces ont été reboisées. Parallèlement à ce phénomène de déprise agricole, les anciennes fermes et maisons disséminées dans les collines ont été rachetées.
Car si sur ce contrefort sud du plateau du Larzac, la nature est ingrate pour l´agriculture, elle est en revanche très belle et qui plus est douce à vivre avec son climat quasi-méditerranéen. La proximité de l´agglomération montpelliéraine (50 kilomètres) a donc incité les Français à initier le phénomène des résidences secondaires avant que Anglais et Hollandais finissent de rafler tout ce qui peut encore être transformé en maison d´habitation. « Ici, en tant qu´agriculteurs, nous avons un peu l´impression de faire de la résistance », explique un rien fataliste Daniel Fabre un des trois derniers éleveurs de la commune.
L´abreuvement des animaux est un souci quotidien ©F.d´A.

Pour la troisième année consécutive, l´abreuvement des animaux est un souci quotidien. Le sous-sol calcaire fait que toutes les précipitations sont happées par le sol et ne ressortent pas sous forme de source. Sur les 130 hectares de la plantation résineuse, deux grandes réserves sont habituellement remplies grâce au ruissellement hivernal et permettent de tenir jusqu´au mois d´août. Le déficit pluviométrique tout au long de l´hiver et du printemps oblige à avoir recours à la corvée quotidienne de réapprovisionnement des bacs.
Lui-même fils d´agriculteur, il s´est installé en 1988 et est aujourd´hui à la tête d´un troupeau de 51 vaches de race aubrac toutes conduites en croisement avec des débouchés partagés entre le bétail maigre et la vente directe. Quelque 230 hectares sont nécessaires pour nourrir le troupeau - ce ratio pour nourrir une vache doit bien entendu être relativisé compte tenu du potentiel très limité des surfaces.
L´élevage allaitant joue ici tout son rôle d´occupation du territoire, de dernier rempart contre la friche et donc de frein face aux risques inhérents aux feux de forêt. C´est notamment le cas pour une parcelle de 130 hectares appartenant au groupement forestier communal qui est située à 700 mètres d´altitude à une demi-douzaine de kilomètres du siège de l´exploitation. Il s´agit d´un massif de résineux (cèdres et pins noirs d´Autriche) planté voici une trentaine d´années avec une réussite inégale et sur lequel les vaches font un pâturage sous couvert en maintenant le sous-bois propre et dégagé. Le loyer est bien sûr modique (765 euros/an), mais le potentiel fourrager de ces surfaces l´est tout autant.
Passages canadiens ©F.d´Alteroche

Des passages canadiens mobiles et divers moyens de franchissement facilitent l´accès aux animaux dans la principale parcelle et permettent aussi le passage d´engins motorisés. Ces accessoires sont également utilisés par les chasseurs et randonneurs d´autant que les 130 hectares de boisement sont traversés de part en part par un sentier de grande randonnée.
Les 100 hectares restants sont plus proches de la maison d´habitation. Outre les 18 hectares de parcelles, de taille hétérogène, où sont réalisés l´essentiel des stocks fourragers, cette part restante se compose de parcours séchants où le broyeur doit être utilisé sans parcimonie pour tenir la broussaille en respect.
L´exploitation a jusqu´à présent permis de faire vivre modestement Daniel Fabre, son épouse et leurs quatre enfants. Mais en cette fin de printemps, la troisième année de sécheresse consécutive commence à se ressentir sur les performances des animaux et sur le moral de l´éleveur avec les achats de fourrages à prévoir et les incertitudes quant à la saison de pâturage en cours. « J´ai récolté 50 tonnes de foin cette année, alors qu´il m´en faut 90 pour passer l´hiver. »
Parcelles de fauche ©F.d´Alteroche

Les parcelles de fauche sont le plus souvent d´anciens champs ou vignes de petites dimensions disséminés dans la garrigue. Il y a en tout 18 hectares de parcelles fauchables implantées avec du ray-grass ou une association luzerne + dactyle avec deux coupes par an si le printemps est suffisamment humide. Leur pourtour est constitué de landes à genêts aussi utilisées comme pâturage. Le tout est complété par 3 hectares de sorgho fourrager irrigué semé fin mai et pâturé en vert au plus sec de l´été.
Laitonne ©F.d´Alteroche

Une bonne douzaine de laitonnes sont commercialisées chaque année en vente directe. Elles sont abattues entre six et sept mois à un poids carcasse oscillant entre 130 et 160 kilos avec le souci d´étaler les dates de vente. La viande est conditionnée en caissettes de 5 ou 10 kilos et vendue livrée 11 euros le kilo. La clientèle régulière se compose d´une trentaine de personnes résidant dans un rayon d´une cinquantaine de kilomètres autour de l´exploitation. Daniel Fabre commercialise aussi de cette même façon, une vache par an, en moyenne (caissettes vendues 10 euros le kilo). Il estime qu´il aurait suffisamment de demandes pour en passer une ou deux supplémentaires, mais toutes les réformes ne méritent pas d´être finies compte tenu du faible taux de renouvellement.

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