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Gestion des fumiers de bovins : des pistes pour limiter les pertes de valeur entre curage et épandage

Limiter le nombre de manipulations et couvrir l’andain de fumier au champ avec une bâche géotextile conjuguent un intérêt agronomique et économique. Des conseils sur ce point avec Seenovia.

Le brassage relance la fermentation par de bonnes conditions aérobies, ce qui engendre la formation de vapeur d’eau et de chaleur.
Le brassage relance la fermentation par de bonnes conditions aérobies, ce qui engendre la formation de vapeur d’eau et de chaleur.
© S. Bourgeois

« Il faut éviter de trop bouger les fumiers », explique Bénilde Lomelet, conseiller bovins viande chez Seenovia. Ceci recoupe plusieurs intérêts : limiter les risques de perte de valeur agronomique, tendre vers une meilleure organisation du travail et un contrôle des coûts de mécanisation associés.

Dans une fumière couverte ou pas, il vaut mieux ne pas relever le tas pour essayer d’en stocker un maximum, mais plutôt l’organiser dès le début de façon à ne pas devoir déplacer de matière ensuite. « Le brassage entraîne la décomposition par de bonnes conditions aérobies, ce qui engendre de la vapeur d’eau, de la chaleur, et donc libère par volatilisation davantage d’ammoniac, observe l’expert. Et quand on stocke au champ, construire un andain tassé en forme régulière de triangle dès le départ limite également les pertes avant de le couvrir. »

La couverture du tas de fumier comme solution

Seenovia a mené un test en 2019 sur l’évolution de la teneur en minéraux (carbone, N, P, K, Ca, Mg, S) d’un fumier de bovins après six semaines de stockage. Il était stocké en andain au champ entre janvier et février, et a reçu 100 mm de pluie. Le fumier était soit laissé à l’air en tas, soit bâché avec un géotextile, soit bâché puis composté au bout d’un mois et rebâché.

L’évolution de la teneur en azote ne peut pas être bien interprétée dans ce test car cet élément est en cours d’évolution structurale au sein du fumier. En revanche, pour la potasse, des pertes par lessivage très importantes ont été mises en évidence.

Au terme des six semaines, selon les différentes modalités de stockage, le fumier avait perdu 30 à 38 % de sa teneur en phosphore, 37 à 52 % de sa teneur en potassium. Les pertes ont aussi été conséquentes pour le calcium (28 à 41 %) et le magnésium (29 à 42 %).

« Ce test a mis en évidence un effet favorable du bâchage, qui préserve de 10 à 15 % les teneurs pour ces quatre éléments minéraux après six semaines de stockage par rapport à un tas de fumier non couvert », avance Gilles Crocq, conseiller cultures et fourrages de Seenovia. Très peu de différences entre le fumier simplement bâché et le fumier baché, composté puis rebaché ont été mesurées.

« Le fumier perd aussi et surtout au fil du stockage une part importante de sa masse énergétique : la partie carbone facilement assimilable qui est la source principale de nourriture pour les microorganismes du sol », complète Gilles Crocq.

Baisser le nombre de reprise entre curage et épandage

« On reprend petit à petit conscience du gros intérêt du fumier frais apporté directement au champ », une pratique pas assez développée sur le terrain. « Pour convaincre les plus sceptiques par rapport à cette pratique, nous organisons régulièrement lors de nos formations d’hiver des visites dans les élevages le pratiquant depuis de nombreuses années, les participants repartent alors convaincus de l’intérêt pour leurs prairies », assure Gilles Crocq.

Les manipulations entre le curage, le stockage et l’épandage peuvent être organisées de différentes façons (voir infographie). Les plus directes sont probablement les plus pertinentes. Le temps de travail, le coût de mécanisation, l’intérêt agronomique mais aussi d’autres critères comme la salissure des routes ou encore l’entretien de bonnes relations de voisinage sont à conjuguer pour trouver l’option la plus adaptée à la situation de chacun.

Gestion des fumiers de bovins : des pistes pour limiter les pertes de valeur entre curage et épandage

Des repères pour les apports de fumiers sur prairies

« Sur prairies, on conseille d’apporter régulièrement les éléments qui ont été exportés », explique Bénilde Lomelet, conseiller bovins viande chez Seenovia. Comme point de repère, on peut prendre l’apport de 10 tonnes par hectare (t/ha) tous les deux ans pour les prairies pâturées. Pour celles fauchées et pâturées, il est de l’ordre de 15/ha tous les ans, et pour les prairies de fauche, de 20 t/ha tous les ans. À adapter selon les pratiques de chacun, la richesse des fumiers et le niveau de productivité des prairies.

Le saviez-vous ?

600 tonnes de fumier en élevage bovins viande représentent l’équivalent de 6,4 tonnes d’ammonitrate, 1,5 tonne de superphosphate et 6,7 tonnes de chlorure de potassium, « soit des quantités vraiment conséquentes d’engrais minéral », fait remarquer Bénilde Lomelet.

 

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