Être résilients et performants
À partir des données de 189 fermes des réseaux d’élevages, l’Institut de l’élevage a réalisé une étude afin d’identifier les systèmes les plus résilients et performants. Zoom sur les premiers résultats.
À partir des données de 189 fermes des réseaux d’élevages, l’Institut de l’élevage a réalisé une étude afin d’identifier les systèmes les plus résilients et performants. Zoom sur les premiers résultats.
« Face aux différentes crises de la viande, quels sont les élevages qui s’en sortent le mieux, avec quels arguments et quelles évolutions ? Nous nous sommes attachés à trouver quelques éléments de réponses en nous basant sur les résultats des fermes du dispositif Inosys-Réseaux d’élevages, note Patrick Sarzeau, de l’Institut de l’élevage, En se penchant sur les résultats courants des élevages bovins viande spécialisés des réseaux d’élevage et ceux des bovins viande (Otex 46), avant impôts, de 2007 à 2013, on constate que les premiers disposent de résultats supérieurs mais relativement parallèles avec toutefois une lente dégradation de la rentabilité en fin de période, due notamment à une envolée des charges (modernisation des élevages et flambée des prix des intrants)."
Les évolutions des 189 élevages bovins viande spécialisés de la base Inosys ont tout d’abord été étudiées et ce, sur la période 2003-2013. Agrandissement constant en hectares et en UGB, augmentation de la productivité du travail (26 %), maintien de la place de l’élevage et du niveau d’intensification sont les trois principaux constats. « On note par ailleurs des gains de productivité qui s’expliquent notamment par l’augmentation des effectifs et la progression du poids des femelles. Au niveau de la reproduction, les résultats sont assez stables à l’exception de l’intervalle vêlage-vêlage qui s’allonge », souligne Patrick Sarzeau.
Attention à la transmissibilité des exploitations
Sur la question de l’autonomie alimentaire, on se trouve plutôt sur des systèmes constants basés sur l’herbe. La quantité de concentrés utilisée reste relativement stable et ce, malgré la hausse des prix des intrants. Les élevages travaillent d’autre part avec davantage de stocks.
Autre constat : la moindre efficacité du capital. « En effet, le montant d’actifs par UMO est en croissance, l’endettement reste stable (30 %) mais progresse par UMO et le taux de rotation du capital est moins rapide. Ceci laisse présager une transmissibilité plus difficile de ces exploitations (coût de la capitalisation trop élevé). »
Sur la période 2003-2013, les crises ont été multiples (sanitaires, sécheresses, cours des matières premières) et fréquentes. « À partir de là, nous avons décidé de comparer les résultats de deux périodes : la première allant de 2003 à 2006, la seconde de 2007 à 2013 pour un échantillon constant de 168 élevages des réseaux (115 naisseurs et 53 naisseurs-engraisseurs). À compter de 2007, un problème d’efficacité des charges fixes, une hausse sensible des charges opérationnelles et des aides en baisse de manière quasi continue ont entraîné une dégradation nette de l’efficacité économique (EBE sur produit). Les exploitations restant toujours fortement dépendantes des aides, dont la contribution est très importante dans le revenu (et l’installation). »
Chaque exploitation a ensuite été classée, selon le niveau de rémunération permise et l’évolution de celle-ci sur les deux périodes, pour être ensuite répertoriée comme résiliente (maintien ou hausse de la rémunération permise entre les deux périodes) ou non-résiliente (baisse de la rémunération permise entre les deux périodes).
Résilience, pas de recette unique
Les systèmes identifiés comme résilients sont moins marqués par de fortes évolutions. Les troupeaux sont plus grands avec une bonne maîtrise technico-économique (taux de mortalité, autonomie protéique, coût de production, taux de rotation). Ce travail a permis également de noter que la résilience n’est pas forcément liée à des niveaux élevés de productivité. D’autre part, malgré leur caractère herbager, les élevages restent sensibles aux aléas des prix mondiaux. « Un raisonnement est à engager au niveau de l’exploitation. Il n’y a pas de recette unique, mais des stratégies différentes à mettre en place. La résilience est un ensemble. Une réflexion est nécessiare pour chercher comment retrouver une meilleure efficacité et être plus fort face aux crises de charges, tout en tenant compte de la transmissibilité. Il n’y a pas de différences entre races. C’est surtout une question d’adéquation entre produits et charges. La question de la politique d’investissement est quelque chose d’important, mais nous ne l’avons pas encore regardée dans l’étude », conclut l’ingénieur.
Résilience
La résilience se définit comme étant le fait de demeurer pérenne au-delà des crises et des adaptations conjoncturelles et structurelles. « Autrement dit, être efficace, mais aussi durable et paré pour les évolutions de demain. »