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Génétique bovine
En Saône-et-Loire, des pratiques d´achat de taureaux de monte naturelle passées à la loupe

En Saône-et-Loire quelque 4000 taureaux charolais sont renouvelés chaque année. Une étude a été menée l´été dernier auprès de 60 éleveurs ne faisant pas partie de la base de sélection afin de mieux cerner quelles étaient leurs pratiques au moment de l´achat d´un taureau.


D`après les dernières données du recensement général de l´agriculture, un peu plus de 222 000 vaches allaitantes pâturent les vertes prairies de Saône-et-Loire. Charolaises à une écrasante majorité, la plupart d´entre elles (90 %) sont conduites en monte naturelle. Le renouvellement des taureaux reproducteurs se traduit donc par de nombreuses transactions. Pour mieux cerner l´aspect qualitatif de ce marché chez les éleveurs ne faisant pas partie de la base de sélection, une enquête a été réalisée l´an dernier par Vincent Cardot, stagiaire en DUT d´Agronomie au service « génétique » de la Chambre d´agriculture de Saône-et-Loire. « Une première étude avait été réalisée en 2000 et 2001 à partir du fichier d´identification Pérenne Généralisée. On pouvait alors estimer le marché des reproducteurs en Sâone-et-Loire à 4000 animaux par an dont seulement 40 % étaient issus de la base de sélection », précise Vincent Cardot. 60 % de ces taureaux n´avaient donc aucune valeur génétique reconnue.

Par ces enquêtes, l´objectif de l´étude était donc de chercher à savoir pourquoi plus de la moitié des taureaux de monte naturelle en service dans ce département n´étaient pas nés dans des élevages faisant partie de la base de sélection. L´idée était également de savoir quel était le mode d´approvisionnement ainsi que les prix d´achat pratiqués tout en cherchant à mieux appréhender la façon dont étaient perçus les éleveurs faisant partie de la base de sélection. Pour mener à bien ce travail 60 éleveurs non adhérents à Bovins Croissance possédant un cheptel moyen de plus de 40 vaches ont été interrogés.
Pour 22 % des éleveurs enquêtés les taureaux en service dans leur élevage proviennent tous de la base de sélection. On retrouve la même proportion chez les éleveurs ne possédant que des animaux non inscrits. La plupart des éleveurs interrogés associent donc taureaux inscrits et non inscrits tout en privilégiant autant que faire se peut l´achat d´animaux inscrits. « On s´est également aperçu que lorsque le taux de taureaux provenant d´élevages en contrôle de performances diminuait, la moyenne d´âge des exploitants augmentait. »
©F. d´Alteroche


80 % des achats se font directement dans les élevages
La plupart (80 %) des animaux sont achetés directement en ferme en consacrant généralement une demi-journée à cet achat. Les éleveurs interrogés apprécient ce travail de visite d´élevage, de choix et de négociations d´un futur reproducteur. Ces visites d´achat sont fréquemment réalisées à plusieurs afin d´avoir l´avis d´une tierce personne. Sans exclure l´auto-approvisionnement, en choisissant un veau né sur l´exploitation, l´autre méthode la plus couramment utilisée pour se procurer un taureau est de passer par un intermédiaire, qu´il soit négociant ou groupement. Il s´agit alors souvent de cas d´urgence lorsque l´un des taureaux de l´exploitation se blesse en pleine période de saillie.
Dans le cas d´un achat en ferme, certains déclarent se rendre dans un élevage d´après les conseils d´un marchand, d´un voisin ou d´un vétérinaire. Les autres modes d´approvisionnement (ventes aux enchères, foires, concours, stations d´évaluation...) sont très peu représentés.

Cependant, ces manifestations permettent le « repérage » préalable d´élevages potentiellement intéressants pour un futur achat. Beaucoup d´éleveurs sont également très attachés à la possibilité de voir les parents du veau et même l´ensemble des animaux de l´élevage. Ils précisent à ce propos : « Il vaut mieux acheter le mauvais veau d´un bon élevage que le bon d´un mauvais. » Dans le cas de l´achat d´un animal inscrit, seulement la moitié des acheteurs demandent à prendre connaissance des documents de pesée.

Le choix relève donc avant tout de critères visuels en attachant une grande importance au développement musculaire. En effet, les trois principaux critères détaillés au moment de la visite d´achat sont dans l´ordre, les aspects viande et conformation, le développement et le gabarit puis les aplombs. Par ailleurs, plusieurs indicateurs montrent que les éleveurs hors base de sélection pensent que les animaux inscrits manquent de viande. « Les éleveurs qui possèdent à la fois des taureaux inscrits et des taureaux non inscrits, s´accordent tous pour dire que les taureaux inscrits sont meilleurs en terme de développement squelettique. Par contre, concernant le développement musculaire, c´est assez nettement l´inverse. »
Quand vient l´heure de la réforme, on distingue généralement deux types de comportement : les agriculteurs qui gardent leurs taureaux jusqu´à ce qu´ils soient inaptes à la saillie et les agriculteurs qui les réforment vers cinq ans, après qu´ils aient réalisé trois ou quatre campagnes de monte afin d´éviter la consanguinité. D´où deux pics pour les âges de réforme à cinq et huit ans.
Les prix moyens consentis lors de l´achat varient du simple au triple.

Achetés à l´automne entre 9 et 12 mois dans 60 % des cas
Cette enquête a permis à Vincent Cardot de faire un récapitulatif sur le prix d´achat des 234 animaux détenus dans les 60 élevages. Les 137 taureaux achetés dans des élevages de la base de sélection ont été en moyenne payés 1700 euros, dans une fourchette comprise entre 838 et 2744 euros. Les tarifs sont moins élevés pour les 97 taureaux achetés hors base de sélection. La moyenne est alors de 1300 euros pour un minimum de 762 euros et un maximum de 1830 euros. Malgré cette très large fourchette de prix, plus de la moitié des éleveurs ont dépensé en moyenne entre 1370 et 1830 euros pour l´achat d´un taureau. « La moitié des éleveurs enquêtés ont estimé que la différence de prix entre les taureaux de la base de sélection et les autres était justifiée. Deux sur dix pensent que cette différence n´est pas toujours justifiée et trois sur dix qu´elle ne l´est pas du tout. Mais ce sont en majorité les éleveurs qui possèdent un fort taux de taureaux inscrits qui jugent la différence de prix justifiée. Ils sont donc satisfaits des produits. »

Toujours d´après cette enquête, dans plus de 60 % des cas, les taureaux sont achetés à l´automne entre 9 et 12 mois. La raison fréquemment invoquée est alors la possibilité d´avoir un choix important. 35 % sont achetés plus âgés entre 18 et 24 mois. Cela concerne souvent des veaux plus tardifs et donc encore un peu jeunes pour être mis à la saillie un an après leur naissance. Après un second passage à l´herbe, ils sont achetés en cours d´automne ou juste avant le début de la saison de monte quand ils prennent deux ans. Leur principal intérêt est d´avoir un animal à même d´être utilisé sur un plus grand nombre de femelles tout en évitant les frais du premier hivernage. Certains des éleveurs enquêtés ayant opté pour cette solution jugent également qu´à cet âge, il est plus aisé de voir les éventuels défauts d´un animal qui est alors plus proche de son format adulte. Un peu moins de 5 % des achats concernent des animaux adultes, réformés dans leur exploitation d´origine pour des raisons de consanguinité.


Au sein de cet échantillon de 60 éleveurs âgés en moyenne de 42 ans, les deux tiers sont installés sur des exploitations en statut individuel.
Toujours en moyenne, il s´agit d´exploitations de 128 hectares de SAU (dont 106 d´herbe) où est entretenu un cheptel de 78 vaches. Ce sont des valeurs supérieures à la moyenne départementale liée dès le départ à la volonté de ne retenir dans l´échantillon que des éleveurs suffisamment spécialisés en production de viande bovine.
Il s´agit pour la plupart de producteurs de bétail maigre. Les taux de renouvellement sont en moyenne de 20 à 25 % tant pour le troupeau de femelles reproductrices que pour les taureaux de monte naturelle.
Seulement un tiers de ces éleveurs engraisse les vaches de réforme et seulement 10 % d´entre eux ont recours à l´insémination animale qui concerne alors majoritairement les génisses.
Enfin, il convient de souligner que cette étude se base sur les déclarations des éleveurs. Elle peut donc comporter certaines incertitudes.

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