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Elevage bovins viande : « j'ai réduit mes frais vétérinaires avec l'homéopathie »

Grâce à l’homéopathie et l’aromathérapie, le Gaec Desafy-Beaubert, en Haute-Vienne, est parvenu à diviser par deux sa facture de soins vétérinaires depuis 2020. Et son cheptel de 110 vaches limousines s’en porte aussi bien. Cette pratique exige de la formation, du temps et beaucoup d’observation.

Près de 3 000 euros de frais vétérinaires annuels en 2024 contre 6 000 euros il y a encore quelques années. « L’intérêt de l’approche homéopathique sur le troupeau est avant tout économique », estime Claire Desafy. Pour l’éleveuse, installée avec son conjoint à Saint-Martin-de-Jussac en Haute-Vienne, « aucune raison de revenir en arrière ! ».

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Claire Desafy, éleveuse : "nous avons réalisé beaucoup de tests sur notre troupeau."

Agricultrice depuis 2006, avec actuellement 110 mères en système naisseur sur 262 ha de SAU, elle a opté pour une conversion à l’agriculture biologique en 2015. Dès 2014, elle suit une formation sur les médecines alternatives via la chambre d’agriculture de son département, animée par Hervé Gratien, vétérinaire spécialisé en homéopathie, désormais à la retraite. « Je souhaitais utiliser le moins possible de produits de traitement sur mes animaux, confie-t-elle. Nous avons réalisé beaucoup de tests sur nos bovins de 2014 à 2017 avec de l’homéopathie et de l’aromathérapie, dont plusieurs se sont avérés très concluants. »

Parmi ces tests, l’apport de granules de Millefolium, mélangés à de l’eau et pulvérisés sur les museaux, en prévention d’hémorragies lors de l’écornage. « Nous avions fait deux lots, avec ou sans homéopathie sur les muqueuses du nez juste avant écornage. Nous avons été surpris du résultat. Le lot de génisses ayant reçu cinq granules mis dans un spray de 0,5 litre avait très peu de sang coulant des cornes, alors que les autres en perdaient beaucoup plus », s’étonne encore l’éleveuse.

Contre la toux et les coups

Autre pratique régulière, l’apport du complexe Ipeca dans l’eau de boisson (5 granules 9CH dans un bac de 1000 l) contre la toux. « Au départ, notre stabulation photovoltaïque n’était pas bardée, et les courants d’air entraînaient des problèmes respiratoires. Cela nous a bien aidés, en prévention, pour réduire le nombre de cas plus sévères. » Le couple utilise aussi des granules d’Arnica contre les douleurs physiques (coups), Caulophyllum, pour aider à la dilatation au vêlage, ou Pulsatilla pour stimuler les veaux à téter. Les granules sont appliqués dans la vulve ou dans la bouche, voire en pulvérisation sur le nez, en mélange avec de l’eau.

« Si j’ai commencé avec seulement de l’homéo, j’ai ensuite complété avec des huiles essentielles, pour combiner les deux aujourd’hui. L’avantage des huiles essentielles est de pouvoir faire du préventif. Je fais mes propres mélanges d’huiles essentielles, en fonction des symptômes que je relève, aidée du manuel d’Hervé Gratien. Certes, c’est assez contraignant, mais quand vos animaux sont en bâtiment, et qu’ils sont dociles, c’est plus facile. » L’éleveuse a sauvé tous les cas atteints de grippe l’an dernier, et sans une piqûre. Contre les gros nombrils, l’huile essentielle de tea-tree semble aussi faire ses preuves à l’échelle de leur système. Sur la douve, le paramphistome et les strongles, l’éleveuse préfère ajouter à l’alimentation un complémentaire en granulé apportant des huiles essentielles et des extraits végétaux.

Antibiotiques en dernier recours

« Dans mon carnet sanitaire, je ne dois avoir chaque année que cinq à six lignes de traitements antibiotiques, pour les 110 mères et leur suite. » Si le gain financier se fait sur la réduction de traitements allopathiques, l’éleveuse reconnaît un coût initial assez élevé pour l’achat d’un kit homéo-aroma. « Chaque tube d’homéo coûte autour de deux euros et le flacon d’huiles essentielles bio autour de dix euros. Mais une fois la mallette constituée, pour moins de 500 euros dans mon cas, le coût n’est pas si élevé. Il convient juste de compléter, avec des achats en pharmacie ou sur internet. »

<em class="placeholder">tubes homéopathie</em>

Claire Desafy insiste : « Il est très important de noter les différents symptômes, et l’environnement – météo, vent, position de l’animal, etc. – afin de déterminer le bon traitement. Si l’effet attendu ne se produit pas, il faut recommencer. Ces pratiques peuvent prendre du temps, et exigent beaucoup d’observation. »

Patrice Rouchossé, vétérinaire homéopathe

« L’homéopathie pour vêlages difficiles, maladies respiratoires, boiteries et gros nombrils »

<em class="placeholder">Patrice Rouchossé, vétérinaire homéopathe</em>

« Si aujourd’hui encore, il reste difficile de trouver un vétérinaire homéopathe, nous voyons ces dernières années de jeunes diplômés s’intéresser à l’homéopathie, l’aromathérapie ou la phytothérapie. La demande sur le terrain reste élevée.

L’entrée première de l’homéopathie en élevage est la traumatologie (coups, vêlages difficiles…), et elle apporte également de bons résultats sur les mammites, les problèmes respiratoires, les boiteries ou encore les gros nombrils. Dernièrement, nous avons recensé de grosses attentes sur la gestion des maladies vectorielles telles que la FCO et la MHE. 

Une réduction des frais vétérinaires est observée grâce aux médecines alternatives, mais j’insiste sur l’exigence en termes de formation, d’observation et de temps pour la mise en œuvre de ces pratiques. »

Rédaction Réussir

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