Sur le terrain
Des visiteurs d'Afrique du Nord venus nombreux au Sommet de l'Elevage
Des délégations marocaine, algérienne, tunisienne, égyptienne, turque et libanaise ont visité des élevages dans le Cantal à l'occasion du Sommet de l'Elevage.

Des invitations avaient été lancées par Interbev avec FranceAgriMer, France Génétique Élevage et les organisateurs du Sommet de l’élevage. Composées de responsables commerciaux d’entreprises d’importexport, d’éleveurs, de représentants de sociétés d’agrofournitures ou de journalistes, ces Marocains, Algériens,Tunisiens, Égyptiens,Turcs ou Libanais affichaient la même curiosité.
Quatre élevages et un centre d'allottement avaient accepté d’ouvrir leurs portes afin d’expliquer à livre ouvert quelles étaient leurs méthodes de travail. L’objectif étant aussi de donner un bon aperçu des principales catégories d’animaux produites dans cette région
La météo du jour et la couleur jaune paille des pâtures laissant presque à penser que les visiteurs n’ont guère été dépaysés comparativement à ce qu’ils ont l’habitude de voir dans leur pays. Il en fut manifestement autrement du côté des différents lots d’animaux. Ils ont sans surprise suscité de nombreuses questions arrivant parfois dans un ordre un peu décousu.
Où vont vos broutards et à quel âge et quel poids vous les vendez ? Pourquoi vous faites du croisement ? Quel est le différentiel de prix au kilo entre des purs et des croisés? Est-ce que vous passez un contrat avec l’engraisseur qui finit vos animaux? Que représentent les aides de la PAC dans le chiffre d’affaires de votre exploitation? Pourquoi vous faites vêler vos vaches principalement en décembre-janvier ? À quel âge sont elles réformées ? Partez-vous en vacances ? Quelle est le pourcentage de vaches inséminées ? Avec quels taureaux ? etc, etc…
Besoins accrus en Afrique du Nord
« Avec la hausse du niveau de vie, les besoins en viande ont très fortement progressé au Maroc ces dernières années. Il y a dix ans, les Marocains consommaient une moyenne de 9 kg de viande bovine par habitant et par an. Aujourd’hui nous sommes à 13 kg et d’après nos prévisions, ce chiffre devrait avoisiner 20 kg dans une dizaine d’années », rapportait M’hammed Karimine, président de l’association marocaine de Viande rouge et lui-même éleveur laitier et engraisseur de taurillons. Cette tendance à la hausse est accentuée par la progression du tourisme. « Il y a près de 10 millions de touristes qui viennent chaque année dans notre pays. Et ce chiffre est lui aussi attendu en augmentation. Cela contribue largement à la progression de nos besoins en produits carnés ! » « Longtemps, les animaux engraissés au Maroc ont été presque exclusivement issus de l’élevage local. Il s’agissait principalement des veaux nés dans les élevages laitiers », expliquait pour sa part Mustapha Belfaqih, trésorier de la fédération des Viandes rouges au Maroc.
Des veaux laitiers aux broutards
« Avec ces animaux, les rendements carcasse ne dépassent pas 52 % alors que nous avons atteint 62 % avec les broutards de race à viande que nous importons de France depuis deux ans. Ces derniers nous permettent surtout d’obtenir des niveaux de croissance bien supérieurs. Chez nous les poids d’abattage oscillent le plus souvent entre 600 et 650 kg vif. » L’idée est aussi d’améliorer la production de viande des troupeaux marocains en faisant du croisement terminal sur une partie des femelles des cheptels laitiers. « Nous importons de plus en plus de doses de taureaux de race à viande pour les utiliser en croisement », soulignait M’hammed Karimine, qui pour sa part fait sur son troupeau laitier du croisement avec des races à viande françaises ou du Blanc Bleu belge. Cela lui permet une meilleure valorisation via son atelier d’engraissement d’une partie des veaux nés dans son élevage. La volonté affichée par bon nombre des représentants de ces pays semblait être de privilégier les importations de bétail vif et non de viande finie en donnant priorité aux mâles pour des questions culturelles et religieuses.Ces derniers sont bien entendu tous destinés à être « sacrifiés » selon les principes du culte musulman. « Nous souhaitons pouvoir faire travailler nos outils d’abattage », ajoutait M’hammed Karimine.