Des règles sanitaires strictes pour les taureaux achetés en commun
Acquérir un taureau en copropriété présente à la fois des avantages économiques et génétiques. Mais pour bénéficier pleinement de ces atouts, il est nécessaire de respecter des règles sanitaires lorsque le taureau passe d’un élevage à l’autre.
Acquérir un taureau en copropriété présente à la fois des avantages économiques et génétiques. Mais pour bénéficier pleinement de ces atouts, il est nécessaire de respecter des règles sanitaires lorsque le taureau passe d’un élevage à l’autre.
« Il est aujourd’hui difficile d’avoir accès à l’élite des taureaux à moins de 5 000 euros par tête. Ce sont ainsi des raisons budgétaires qui nous ont incités mon voisin, Christophe Cannac et moi à acheter des taureaux en copropriété depuis pratiquement dix ans. En s’associant, on dispose de davantage de potentiel génétique à moindre coût », souligne Marc-Antoine Cazals, à la tête d’un troupeau de 150 mères Blondes d’Aquitaine, toutes inscrites au herd-book, à Auriac-Lagast dans l’Aveyron. Aujourd’hui, l’éleveur possède deux taureaux avec Christophe Cannac, trois avec l’élevage Alcouffe et une vache avec l’élevage Pouget pour des embryons.
Une grande rigueur sanitaire
Monte naturelle et insémination animale sont utilisées dans les différents élevages, impliquant le passage des taureaux reproducteurs en commun, d’une exploitation à l’autre. « Nous sommes très exigeants d’un point de vue sanitaire. Nos statuts, sur ce plan, sont d’ailleurs les mêmes. On recherche les mêmes choses en prophylaxie. Nous sommes tous en dérogations IBR. On met tous des veaux en stations d’évaluation, ce qui induit à la base une exigence sanitaire élevée. On essaye de se prémunir au niveau des maladies. Les futures mères sont vaccinées contre les diarrhées avant vêlages et les veaux contre les grippes à 15 jours », précise Marc-Antoine Cazals.
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Côté prophylaxie, des prises de sang sont régulièrement réalisées pour vérifier l’absence de l’IBR, de leucose, de paratuberculose, de besnoitiose et de néosporose. Les taureaux acquis en commun proviennent toujours de stations. Les maladies génomiques (axonopathie) sont ainsi recherchées. Un à deux taureaux sont achetés en moyenne chaque année en copropriété par les deux exploitants, en fonction de ce qu’ils trouvent. Les reproducteurs ont ainsi pour la plupart autour de 14 mois lors de leur achat avant d’être revendus à quatre cinq ans maximum. Lors des changements d’exploitations, les taureaux restent à l’isolement quatre à cinq jours avant de réintégrer le troupeau.
« On rentre dans nos élevages des taureaux en état de saillir. On se fait confiance sur les problèmes de boiteries. C’est l’éleveur qui détient le taureau en présentiel qui s’occupe de faire le nécessaire en cas de besoin. Les frais vétérinaires sont à sa charge. Nous n’avons pour l’instant jamais eu de factures excessives à régler mais si le cas se présentait, on partagerait les frais », évoque Christophe Cannac, à la tête d’un cheptel de 100 mères Blondes d’Aquitaine à La Selve dans l’Aveyron.
Une véritable relation de confiance
Les deux exploitations étant situées à sept kilomètres l’une de l’autre, les deux éleveurs échangent beaucoup. « Notre relation est basée sur la confiance. Tout est verbal. On s’appelle et si l’un de nous a de réels besoins, on trouve toujours un arrangement. On essaye toutefois de les évaluer quinze jours à l’avance. La collecte de semence nous apporte de la souplesse. Mais globalement, on n’a pas tout à fait les mêmes périodes de naissances », note Christophe Cannac. Pour éviter les maladies hivernales sur son troupeau, Marc-Antoine Cazals évite les mises bas de décembre à début février et a recours à l’insémination l’hiver et à la monte naturelle l’été. Les vêlages s’étalent ainsi sur deux périodes d’août à novembre puis de fin février à avril. Chez Christophe Cannac, les vêlages commencent fin août et se poursuivent jusqu’en mai mais avec un nombre réduit de mises bas de novembre à février.
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Pour le déplacement des bêtes, chacun possède un fourgon. « De plus, étant commerçant en bestiaux en parallèle de l’élevage, il m’est assez facile de gérer leur transport », explique Marc-Antoine Cazals.
Lors des périodes de non-utilisation du taureau, c’est généralement l’éleveur qui l’a utilisé en dernier qui l’entretient sur son exploitation. Toutefois, les exploitants trouvent toujours à s’arranger si l’un d’entre eux ne dispose pas de la place nécessaire pour loger les animaux achetés en commun.
L’alimentation des taureaux qui vont d’un élevage à l’autre ne pose pas de problème particulier. Les rations des structures n’étant pas très spécifiques, les rations sont globalement les mêmes.
Un consensus pour l’achat
« On a besoin d’un 'coup de foudre' pour acheter un taureau à deux ou trois éleveurs, précise Marc-Antoine Cazals, avant d’ajouter, nos objectifs de sélection sont similaires et nos élevages se situant tous dans l’Aveyron, on vise le même type de reproducteurs avec des objectifs de production proches. » Les broutards partant à l’export vers l’Italie, la Belgique et la Hollande, tous recherchent des animaux mixtes avec des qualités de viande. « On souhaite des bêtes qui se développent avec un maximum de viande. Les qualités de race sont également très importantes pour la vente de reproducteurs et les concours. »
Seuls des taureaux de station sont acquis en commun. La plupart du temps, les éleveurs s’y rendent ensemble pour acheter le futur reproducteur. « Dans le cas contraire, on se fait confiance. On réalise une pré-sélection selon le pedigree et le niveau génétique des animaux. Les achats sont généralement anticipés », note Christophe Cannac.
Chiffres clés
Gaec élevage Cazals
EARL Cannac
Avis d’expert - Charles Calviac, vétérinaire libéral
« Des contrôles sanitaires réguliers »
« Si on ne veut pas qu’un taureau en copropriété qui passe d’une exploitation à une autre devienne une source d’ennuis, certaines précautions d’usage sont à respecter. Ce sont sensiblement les mêmes que celles prises à l’introduction d’un nouvel animal dans un élevage. À savoir, effectuer une prise de sang pour s’assurer qu’il n’est pas porteur de virus ou maladies telles que l’IBR, la BVD, la néosporose, la paratuberculose ou encore la besnoitiose. Il est ainsi recommandé d’isoler l’animal jusqu’au retour négatif des résultats d’analyses.
Ensuite, une attention particulière doit être portée aux parasites internes comme externes (poux, gale). Un traitement antiparasitaire est à effectuer à l’introduction du taureau chez le premier éleveur.
Enfin, pour éviter toute source de conflits ultérieurs, je conseille de réaliser un petit examen visuel rapide du taureau en se concentrant sur ses aplombs, la présence ou non de boiteries et ses testicules.
Ce processus est ainsi à répéter à chaque changement de cheptel. »
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