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Abreuvement
Des points d'eau propres et pratiques

Etancher la soif du troupeau au pâturage, au plus pratique et dans les meilleures conditions, pour la santé des animaux et pour le respect de l’environnement, exige un certain nombre de précautions.

© F.Alteroche

Les bovins sont, comme nous, composés très majoritairement de ces très particulières molécules H2O. Mettre à disposition du troupeau au pâturage de l’eau en quantité et en qualité, c’est à la fois vital et le b.a.ba du métier d’éleveur. Pour s’affranchir autant que possible de la corvée d’eau, qui s’avère si l’on y regarde bien, coûteuse en temps et en argent, et améliorer l’autonomie de l’élevage en eau quelles que soient les conditions climatiques, des aménagements sont possibles. Eau du réseau, de puits, de ruisseaux, voire de mares ou de pluie sont autant de ressources avec chacune des avantages et des inconvénients. Deux impératifs se présentent : s’assurer de la qualité de l’eau pour la santé des animaux, et préserver l’environnement.

Des aménagements nécessaires pour les eaux de surface

Du point de vue réglementaire, la potabilité de l’eau d’abreuvement n’est pas exigée. Cependant, pour toutes les eaux distribuées aux animaux provenant de captages privés ou de surfaces, c’est à l’éleveur d’en connaître et assurer la qualité. La réglementation européenne (« paquet Hygiène ») impose de donner aux animaux une eau « de qualité adéquate ». Dans la Charte des bonnes pratiques d’élevage, ceci se traduit par la nécessité de distribuer une eau « visuellement propre, sans excréments, claire, et régulièrement renouvelée », et faisant l’objet d’une analyse par an. « Le prélèvement d’échantillon d’eau se fait durant la période de fortes précipitations, entre décembre et mars. C’est la période la plus à risque pour une pollution possible par les eaux de ruissellement », explique Laurent Clavreuil du GDS du Maineet- Loire. « Le contrôle de routine consiste en la recherche des coliformes, Escherichia coli, et entérocoques. Une mesure du pH et un dosage des nitrates sont aussi réalisés. » Des recherches d’autres bactéries peuvent être demandées selon la situation sanitaire de l’élevage. Le protocole de prélèvement doit être strictement respecté. Une eau de mauvaise qualité peut déclencher des pathologies ou compliquer des problèmes sanitaires existants. Les veaux en particulier ont des exigences supérieures à celles des adultes en ce qui concerne la qualité bactériologique et chimique de l’eau, et des épisodes de diarrhées liés à la qualité de l’eau ne sont pas si rares chez eux. D’autre part si du fait de la qualité insuffisante de l’eau, les bovins n’étanchent pas complètement leur soif, leur consommation de matière sèche sera diminuée, et leurs performances avec. L’abreuvement avec des eaux de surface (ruisseaux, mares) présente des risques de contamination par ruissellements divers et par des parasites, principalement la douve du foie. S’ils ne sont pas bien aménagés, ces points d’abreuvement ne manquent pas, d’autre part, de dégrader les berges et le fond des cours d’eau par le piétinement, voire de mettre en suspension des particules qui peuvent étouffer les frayères, participer à l’envasement. La pollution de l’eau par les bouses est de plus impossible à éviter dans ce cas. Des conseils d’aménagements permettent en général à eux seul d’améliorer la qualité de l’eau (voir pages suivantes). Avant toute intervention dans le lit d’un cours d’eau, il faut consulter les services de la police de l’eau, assurés par les directions départementales des territoires. Pour les puits, l’aménagement consiste en la mise en place d’un périmètre de protection, d’un cuvelage, d’une couverture en dur surélevée… De bonnes pratiques d’épandage, de conception des bâtiments, de traitement des cultures pour éviter les pollutions agricoles ont aussi toute leur importance. Il est parfois aussi utile de traiter l’eau, le cas le plus fréquent étant de régler par chloration des problèmes bactériologiques (voir p.20).

Bien évaluer les besoins en eau du troupeau

Une vache allaitante consomme 40 à 50 m3 par an, estime le GDS Auvergne. C’est beaucoup moins qu’une vache laitière qui a d’énormes besoins de production, mais c’est quand même très important. Il faut bien tenir compte aussi de la consommation des veaux, qui ont dès leur première semaine besoin de boire, le lait maternel ne suffisant pas à couvrir leurs besoins. « Plusieurs méthodes sont utilisables pour estimer les besoins quotidiens en eau des bovins en fonction de la consommation volontaire de matière sèche, de l’état de gestation ou de lactation, proportionnellement au nombre de kilos de lait produits, à la quantité de sel ingérée et à la température (méthode de Dany Cinq-Mars, équation de Murphy). On peut finalement retenir une consommation moyenne de 40 litres par jour au printemps pour une vache allaitante et son veau, puis en été de 65 litres par jour pour la vache et 15 litres pour le veau. Les vaches taries consomment pour leur part 35 litres par jour en moyenne », explique Sandrine Graille, vétérinaire. « Cependant, les consommations individuelles sont très variables et peuvent monter très haut en été. » Par une chaude journée d’été, une vache allaitante et son veau de plus de cinq mois pourront avoir besoin de 115 litres d’eau. Pour un bon abreuvement, il faut d’autre part tenir compte du comportement des bovins. Les vaches n’y consacrent qu’une demi-heure environ par jour. Elles aiment boire vite, jusqu’à 20 litres d’eau par minute ! Si elles n’en ont pas la capacité, leur consommation sera moindre. Si l’eau ne présente pas de problème de goût ou d’odeur, elles ne recrachent pas et ne remuent pas la surface de l’eau lors de la buvée. « D’après les études de l’agronome québecois Toffoli, les bovins sont présents devant les abreuvoirs entre un tiers et deux tiers du temps. En périodes très chaudes, au-delà de 28 °C, ils restreignent leur déplacement, se regroupent dans les zones ombragées et ne vont pas boire si le site d’abreuvement n’est pas à proximité ou dans la zone ombragée », rapporte le fabricant de matériel d’abreuvement La Buvette. Ce dernier conseille de prévoir une distance maximale entre le site d’abreuvement et le point le plus éloigné de la parcelle en pâturage d’environ 200 mètres. Si cette distance est respectée, les vaches iront boire par petits groupes sans empressement. Sinon, le troupeau se déplacera massivement et chaque vache boira plus longtemps, avec à la clé des risques de bousculade dus à l’impatience. Il est important que les vaches soumises puissent s’abreuver sans craindre d’être repoussées par les vaches dominantes.

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