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Des normandes de formes en pleine forme 

En race normande, un rameau culard a été décelé et sauvegardé depuis les années 80. Cette génétique bouchère attire les adeptes des concours d’animaux de boucherie. Elle est plébiscitée par les éleveurs pour sa facilité d'élevage.

En juin dernier, s’est tenue pour la première fois une vente aux enchères d’animaux exclusivement de race normande porteurs du gène culard. L'événement qui s’est tenu chez Aurélie et Pascal Caron, à Villiers-sous-Mortagne dans l'Orne, était porté par l’association « Envies » (Éleveurs normands viande en sélection) et rassemblait des animaux triés parmi les meilleurs spécimens du genre. 

Plus de 400 personnes ont fait le déplacement, pour certains depuis l’Italie, la Belgique, l’Allier et le nord de la France. Le commissaire priseur a pu claquer son marteau pour la trentaine de lot présentés, qui ont été adjugés entre 3 000 et 7 500 euros. Cette vente représente une belle réalisation pour l’association Envies, qui envisage désormais de réitérer tous les trois ans environ.

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Plus de 400 personnes ont fait le déplacement pour la vente aux enchères d'une trentaine de lots.  

Cette association est née en 2012 et collabore avec les structures Origen Plus – à l’époque la structure était le centre d’insémination animale de L’Aigle, dans l'Orne, et Origen normande. L’instigateur de cette affaire est un technicien en race normande, Raymond Dupont. Dans les années 80, ce passionné a décelé, au fil de ses tournées en ferme et de ses visites sur les concours d’animaux de boucherie, l’expression phénotypique du gène culard en race normande. 

Il relevait les numéros des animaux et a construit ainsi un début de généalogie sur des taureaux d’IA laitiers qu’il supposait être porteurs. « C’est grâce à Laurent Avon de l’Institut de l’élevage que le premier taureau a pu être prélevé, raconte Raymond Dupont. À ce stade, on avait déjà des pedigrees assez profonds pour certains. »

Deux, puis trois éleveurs se sont alors trouvés intéressés à acheter des fils de ces taureaux fondateurs et à monter des cheptels en cherchant à fixer le gène culard. Didier Caillouel dans l’Eure, a été le premier à faire naître vingt à quarante veaux par an dans ce rameau de la race. Jean-René Couturier, installé dans l’Orne a lui aussi développé un troupeau important jusqu’en 2019.

Des veaux mâles porteurs homozygotes du gène culard nés dans ces premiers troupeaux étaient filiés, mais pour qu’ils soient autorisés à l’IA, il fallait qu’ils soient aussi inscrits au livre généalogique. « Ce fut une longue démarche pour y parvenir. Des lettres ont été écrites, des rencontres ont été organisées à Paris jusqu’à obtenir gain de cause », confie Pascal Caron.

Entre 200 et 500 naissances par an de porteurs du gène mh

Aujourd’hui huit taureaux d’IA de code race 56 homozygotes culards sont disponibles, et un certain nombre de taureaux de monte naturelle sont aussi en service. « On estime que 200 à 500 femelles porteuses hétérozygotes ou homozygotes vêlent chaque année au sein de ce rameau de la race en France », explique Laurent Duval, ancien inséminateur dans l'Orne.  

Un certain nombre d’éleveurs possèdent deux ou trois femelles porteuses du gène mh qu’ils accouplent avec un taureau homozygote au sein de leur troupeau laitier. Certains font des transferts d’embryons sur des normandes ou autres laitières.

Il est possible d'adopter une conduite en système allaitant. Ils sont quelques-uns à avoir choisi de monter un troupeau entier conduit en système allaitant, comme Pascal Caron qui fait vêler une quarantaine de vaches. Les veaux sont très bien élevés par leur mère (à part quelques-uns parmi les homozygotes qui peuvent être moins dégourdis) et sevrés vers l’âge de 8 mois. « Pour des éleveurs allaitants qui ont le savoir-faire pour préparer les vaches et s’intéressent à faire vêler, il n’y a pas de difficulté particulière. » Une bonne partie des veaux naissent avec une aide facile, et un certain nombre de césariennes sont réalisées, mais sans avoir été programmées d’office. « Les plus gros veaux pèsent 70 kilos à la naissance. On connaît l’effet des taureaux donc on sait à quoi s’attendre. »

Une finition en quatre à six mois pour une cularde

Ces normandes culardes sont très belles à l'œil, mais les éleveurs plébiscitent avant tout la facilité de travail qu’elles apportent en phase d’élevage. « Elles sont très calmes. Et la finition d’une bête de concours ne dure pas plus de quatre à six mois avec une ration simple, par exemple un mélange de matières premières (luzerne déshydratée, pulpes de betterave, maïs grain et tourteau de lin). »  Cela suffit pour qu’une cularde arrive à une note d’état de 3,5. « C’est une cularde qui se finit comme une aubrac. Celles qui ne sont pas E peuvent être engraissées presque exclusivement au pâturage sur de bonnes prairies. »

C’est par les concours d’animaux de boucherie que ces normandes culardes sont le mieux valorisées. Elles sont rares et particulièrement jolies. C’est un peu plus facile avec elles de remporter la plus grosse plaque du concours. « Il faut être agile pour le commerce », résume Pascal Caron. Le poids record s’est établi à 753 kgC, mais les éleveurs situent le haut du panier autour de 600 kgC pour les femelles et 630 kgC pour les bœufs, avec un souhait pour l’avenir de diminuer les poids de carcasses pour coller aux nouvelles habitudes de consommation. Leur niveau de persillé est assez attractif pour les bouchers et les consommateurs avertis...

Ces animaux ont aussi d’autres débouchés. Certains éleveurs laitiers utilisent un taureau culard en monte naturelle pour avoir des veaux un peu formés au lieu de croiser leurs vaches avec d’autres races à viande. Il s’exporte aussi en quantité de plus en plus importante des semences jusqu'en Colombie, pays qui a développé un beau cheptel de race normande.

Certains adoptent une conduite en système allaitant

Deux gènes culard identifiés en race normande

Les éleveurs pensent que le gène culard n’a jamais été vraiment contre-sélectionné en race normande, au moins jusque dans les années 80. Avant le contrôle de performances, le mâle qui était gardé pour devenir taureau était bien souvent « le plus joli veau de l’année » et une partie de ceux-ci étaient vraisemblablement porteurs du gène. Tout récemment, ils ont découvert qu'en plus du gène NT821 qui était le seul qu'ils recherchaient par test génomique, certains individus de race normande sont porteurs du gène culard Q204X. 

Matthieu Chambrial de Origen normande : « Huit taureaux d’IA normands homozygotes culard sont en stock »

« Les taureaux d’IA normands porteurs du gène culard représentent une niche, avec 1 % de l’utilisation des taureaux normands chez Origen normande, mais ils gagnent des adeptes. Huit taureaux sont disponibles, dont deux en semence sexée mâle et deux en semence sexée femelle. 

Avec l’association Envies, nous travaillons pour gérer la consanguinité, garder de la finesse, ramener de l’épaisseur ainsi que de la longueur et surveiller les aplombs. Pour choisir de nouveaux taureaux, dans l’idéal nous alternons entre un taureau typé viande et un taureau davantage typé élevage pour faire naître de futures mères normandes porteuses du gène culard. »  

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Sisterond est un taureau normand d'IA porteur hétérozygote du gène culard NT821 et hétérozygote du gène Q204X.

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