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Pays du pourtour sud méditerranéen
Des marchés compliqués où la demande progresse

Dans les pays d'Europe du Sud, la demande pour la viande ou le maigre faiblit. Maghreb et Moyen-Orient sont des nouvelles destinations à courtiser.

Départ d’animaux depuis le port de Sète. Alors même que 
la consommation décline dans les pays des rives nord de la Méditerranée, elle progresse le long des rives sud avec des viandes de diverses provenance.
Départ d’animaux depuis le port de Sète. Alors même que
la consommation décline dans les pays des rives nord de la Méditerranée, elle progresse le long des rives sud avec des viandes de diverses provenance.
© F. d'Alteroche

Dans les pays d'Europe du Sud, la crise économique fait rage. Et quand le pouvoir d'achat s'érode, les niveaux de consommation de viande bovine ne sont pas à la fête. Le recul est même sévère. Au cours de ces cinq dernières années, il a été de 12 % pour l'ensemble des 27 pays qui composent l'Union européenne avec de fortes variations selon les pays. « En France, la consommation a baissé de 3 % en cinq ans, mais ce recul est plus conséquent dans la plupart des pays d'Europe du Sud. Les données statistiques font état d'une baisse de consommation de 14 % au Portugal, 13 % en Espagne, 16 % en Italie et 6 % en Grèce », expliquait Caroline Monniot, agro-économiste à l'Institut de l'élevage, lors d'une conférence. Autant de pays qui sont les destinations habituelles d'une partie des animaux issus du cheptel allaitant français, qu'ils soient exportés sous forme de viande ou d'animaux vivants. Dans ce contexte, élargir les débouchés des produits issus du troupeau français est une éventualité qui pourrait devenir une nécessité pour écouler tous les animaux produits.Dans les prochaines années, les perspectives de croissance de la consommation ne se situeront plus dans l'Union européenne, mais davantage dans ceux communément appelés « en voie de développement », là où la croissance du pouvoir d'achat et une population jeune et nombreuse vont se conjuguer pour aller dans le sens d'un accroissement des besoins alimentaires. Proximité aidant, les pays situés sur les rives sud de la Méditerranée correspondent à ce profil et sont des débouchés potentiels pour les animaux issus de l'élevage allaitant français.Leur situation économique est hétérogène et le produit intérieur brut (PIB) par habitant très contrasté. Alors que dans l'Union européenne, le PIB (se situe à une moyenne de 35 000 $ (dollars US) par habitant, ce chiffre oscille entre 6 000 $ par habitant en Égypte et 80 000 $ au Quatar et avoisine 16 000 $ en Turquie. Les taux de croissance sont surtout supérieurs à ceux constatés en Europe et même nettement supérieurs si on fait la comparaison avec les seuls pays d'Europe du Sud où la récession est de mise et s'étend.

Croissance prévisible des besoins en Afrique du Nord et au Moyen-Orient


Avec des territoires pour partie désertiques, la plupart des pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient sont loin d'atteindre l'autosuffisance alimentaire. Ils vont donc par force continuer à importer. Pour la viande bovine, ils sont déjà de gros importateurs. Si on analyse le créneau des viandes réfrigérées ou congelées en globalisant les chiffres pour l'ensemble de ces pays (voir graphique ci-dessus), ils ont importé quelque 930 000 tonnes en équivalent carcasse (tec) en 2012 dont 315 000 tec pour L'Égypte qui est aussi le pays le plus peuplé de cet ensemble.On distingue deux segments pour les viandes importées. Il y a d'abord celui des découpes congelées d'avants (morceaux à braiser et à bouillir) où les exigences portent d'abord sur le prix. « Il s'agit de viandes principalement fournies par des pays « low cost » et en particulier l'Inde et le Brésil », expliquait Fabien Champion, agro-économiste à l'Institut de l'élevage. On distingue ensuite une demande provenant de classes plus aisées. Une frange de la population pouvant être importante dans les pays les plus riches. Ce sont alors des découpes fraîches d'avants et plus souvent d'arrières. Elles proviennent d'Amérique (Nord et Sud) mais également d'Océanie.Autre créneau conséquent en volume, celui des animaux vivants finis. Si on le traduit en tonnes équivalent carcasse et non en têtes, cela représente un total d'environ 200 000 tec avec des flux globalement en progression en direction du Liban et de la Turquie, les deux principaux importateurs.C'est aussi pour ce secteur du vif que les importations venues d'Europe ont été pendant deux ans prépondérantes. « Il y a deux raisons à cela. C'est d'abord une question de prix de revient et de coût de transport, mais c'est également lié à des raisons sanitaires. D'autres pays potentiellement fournisseurs comme l'Éthiopie sont loin d'offrir les mêmes garanties que les pays européens. » En 2012 les pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient ont accru de 13 % leurs importations de bovins vivants. Des animaux provenant, pour la Turquie, principalement de l'Union européenne et pour le Liban, de l'Union européenne et du Brésil.

En Turquie : facteurs politico-sanitaires et poids politique des éleveurs

Si on se focalise sur la Turquie, les importations en vif associent animaux maigres destinés à l'engraissement et animaux finis abattus peu après leur arrivée, ce, avec une grande irrégularité des flux, mais également des provenances. « Fin 2010, la Turquie a fait passer ses droits de douane pour les animaux d'engraissement de 225 % à 0 %. Cela a stimulé les importations avec des animaux provenant principalement de Hongrie, d'Uruguay et du Mexique. Depuis, ces droits de douanes sont passés à 15 % en mars 2013. » Pour les animaux finis, les quantités de bétail importé ont elles aussi évolué au gré des taux appliqués par le gouvernement d'Ankara. Les droits de douane pour le bétail fini ont été de 15 % de mi- septembre 2010 à début juillet 2012, puis 30 % jusqu'à fin octobre 2012 et sont depuis cette date, de 40 %. Il en résulte une faible lisibilité du marché qui est erratique et particulièrement délicat à cerner en termes de prévisionnel du fait de ce jeu d'ouverture et de fermeture des vannes qui relève de « facteurs politico-sanitaires » délicats à appréhender et surtout à anticiper.Les décisions d'Ankara dépendent aussi de la volonté de soutenir l'élevage local. Il faut donc composer avec le poids politique des éleveurs et engraisseurs turcs. Ils défendent le prix de leur produit et cherchent à réduire le volume des importations. « Le prix des animaux finis importés recule depuis août 2012, même en y ajoutant les droits de douane. Il était de 2,35 EUR le kilo vif soit une baisse de près de 15 % depuis août 2012. » La contraction des prix turcs, sortie abattoir, serait la conséquence à la fois de la dépréciation de la livre turque et du renflouement de l'offre intérieure. Pourquoi ce renflouement ?Rappelons que le cheptel bovin turc se compose essentiellement d'animaux laitiers. Une bonne part d'entre eux, localisés dans l'Ouest du pays, reposent sur des élevages pratiquement hors sol, très dépendants pour leur alimentation de céréales ou coproduits importés avec de ce fait un prix de revient du lait très impacté par la hausse du prix des matières premières.En 2007-2008, au moment de la première flambée du prix des céréales, beaucoup d'éleveurs laitiers ont décapitalisé, car confrontés à un ciseau des prix défavorable entre le prix du lait et le coût des rations. Le recul du nombre de laitières qui en a résulté s'est traduit deux ans plus tard par un recul de la production de viande bovine puisque cette dernière est en bonne partie issue de taurillons produits à partir de veaux laitiers.En 2010, la conjugaison du prix du lait et des matières premières a fait que la tension était un peu retombée, incitant les éleveurs à relancer la machine avec une recapitalisation des cheptels qui par ricochet a favorisé une hausse de la production de taurillons disponibles depuis le second semestre 2012 et se traduisant par la baisse des prix précédemment évoquée.

 

Beaucoup d'incertitudes concernant le marché turc

Mais un peu comme les producteurs laitiers français, leurs homologues turcs sont à nouveau confrontés depuis l'automne 2012 à une situation économique peu enviable, du fait de la hausse des différents facteurs de production insuffisamment répercutée sur le prix du lait. Un ciseau des prix tout aussi peu favorable qu'en 2008. « Cela a d'abord un impact sur la collecte de lait qui diminue. Mais les statistiques turques font aussi état d'une progression des abattages au dernier trimestre 2012 (+26 %) qui est largement le fait de femelles laitières. » Moins de vaches, c'est moins de veaux et donc de taurillons. La demande pour de la viande ou des animaux finis pourrait donc repartir. Reste qu'il est bien difficile de savoir quand, et selon les disponibilités, quelles sont les provenances qui seront alors privilégiées ?

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