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Des génisses croisées finies à l’herbe avec la démarche Génie-Pâtures

Le pâturage constitue le principal aliment des génisses intégrant la filière Génie-Pâtures. Associée à la démarche, la société PâtureSens suit la mise en place d’une conduite de précision du pâturage chez les éleveurs engagés.

En entrant dans la démarche Génie-Pâtures, les éleveurs doivent s’engager dans une technique de pâturage à un haut niveau de précision.
En entrant dans la démarche Génie-Pâtures, les éleveurs doivent s’engager dans une technique de pâturage à un haut niveau de précision.
© PâtureSens

« Le cheptel allaitant français produit principalement des carcasses lourdes de 400 à 500 kilos, correspondant aux besoins de la boucherie traditionnelle, dont la part de marché diminue. Face à ce constat, Elivia travaille, depuis deux ans, avec la collaboration de la société PâtureSens, sur la faisabilité technico-économique d’une nouvelle filière qui se base sur la production d’animaux moins lourds, donc plus jeunes et plus adaptés à la demande du marché actuel », rapporte Jean-Marc Alteyrac, responsable achats vifs à Elivia le Lion d’Angers, dans le Maine-et-Loire. Les génisses croisées charolais-salers représentent un type d’animaux bien adapté en termes de couleur de viande, de grain de viande, de performance et de précocité. Ces bêtes sont habituellement destinées au marché italien. « Avec ce débouché, on ramène ainsi de la valeur ajoutée sur le territoire », ajoute Jean-Marc Alteyrac. D’autres essais sont en cours sur d’autres races, notamment des Charolaises et des Limousines, mais rien de concret à ce jour. Les premières génisses ont été placées en 2013 en élevages.
Ce nouveau débouché, nommé Génie-Pâtures, a une autre particularité : la conduite des animaux. En effet, ceux-ci sont principalement nourris à l’herbe selon la technique plus connue en France sous la dénomination pâturage de précision, enseignée par la société PâtureSens. « Pour le moment, on ne s’adresse qu’à des éleveurs produisant suffisamment de volumes afin de maîtriser la technique d’élevage. Il faut consacrer une heure à une heure et demie de travail par jour pour les génisses. Cette pratique demande de la rigueur dans la conduite des pâturages. C’est pourquoi les éleveurs qui s’engagent avec nous signent un contrat d’accompagnement d’une durée de trois ans avec PâtureSens », poursuit le responsable des achats.


Un prix de vente basé sur les cotations FranceAgriMer


L’approvisionnement en génisses est géré par Elivia. À la réception de chaque lot, un contrat est signé avec l’éleveur. La société s’approvisionne en bêtes âgées de 8 à 11 mois, pesant entre 280 et 320 kilos vifs, principalement dans le berceau de la race Salers. L’objectif est de produire des bêtes à l’herbe pesant environ 650 kg de poids vif. C’est le poids bascule qui va déclencher la planification des abattages. Le poids cible à atteindre est de 350 kilos carcasse pour des animaux âgés de 22 à 30 mois, classés R-, R= ou R+, avec un état d’engraissement de 3.
« Des simulations ont été réalisées, en augmentant le prix de la laitonne et en diminuant les cours de la viande, pour vérifier la faisabilité économique de cette production. Le prix de vente est basé sur les cotations de FranceAgriMer Grand Ouest de la génisse R=, duquel on déduit les frais de transport. La première année, une plus-value de dix centimes d’euros est attribuée pour permettre à l’éleveur de travailler sa technique. Une prime de saisonnalité de vingt-cinq centimes d’euros est par ailleurs consentie pour produire des génisses de février à mai. L’objectif est de lisser la production sur l’année », explique Jean-Marc Alteyrac. Cette plus-value doit couvrir le coût de l’hivernage (fourrages récoltés et éventuellement bouchons de luzerne et tourteau de lin) ainsi que l’achat des génisses maigres acquises à une période creuse où les cours sont plus hauts. L’engraissement des animaux dure environ douze mois et débute dès l’arrivée sur l’exploitation. L’herbe pâturée et conservée (foin, enrubannage) sera alors leur principal aliment.

Un suivi des animaux à l’herbe, mois par mois


« Le pâturage dynamique demande de la rigueur et de l’observation. L’objectif est de mettre en adéquation les ressources et les besoins alimentaires et de faire du parcellaire l’outil de gestion. Un plan de subdivision est établi avec l’éleveur, le parcellaire est adaptable et ajustable pour une gestion précise. L’herbe n’est pas qu’un support. On s’attache également au comportement animal, au poids et aux indicateurs tels que la marge par kilogramme de matière sèche produite ou le taux de conversion du kilogramme de matière sèche en kilogramme carcasse ou vif. Ces données permettent de comparer les exploitations entre elles et viennent de l’hémisphère Sud », explique Shane Bailey, de PâtureSens.
Au début de l’année, une courbe de pousse de l’herbe des pâturage est réalisée. Elle vise à établir un plan de gestion avec pour objectif, le gain de poids moyen à atteindre, mois par mois. « Pour intégrer la démarche, l’éleveur doit par ailleurs s’engager à peser ses bêtes, une fois par mois, pour vérifier l’obtention du GMQ objectif. Les résultats des pesées favoriseront une détection rapide de tout problème. Cette pratique demande de l’investissement et une période d’apprentissage d’une à deux années », précise Shane Bailey.

Un objectif de 5000 génisses par an

« En raison de ses acides gras spécifiques, l’herbe permet d’améliorer le profil nutritionnel des viandes (rapport oméga 6/oméga 3) en diminuant les graisses saturées au profit des graisses insaturées. Les analyses réalisées sur la viande d’animaux nourris à l’herbe le démontrent. Les animaux jeunes disposant d’un rapport partie avant/partie arrière favorable. On parvient à un rendement carcasse de 54-56 %. Dès l’automne, les volumes seront suffisants pour commencer à identifier le produit en rayons. Ce débouché reste une niche à exploiter. On vise 100 animaux par semaine d’ici fin 2015, soit environ 5000 génisses par an », conclut Jean-Marc Alteyrac.

 

Pour en savoir plus www.paturesens.com

Engagement

Cette démarche nécessite un engagement tripartite. En effet, Elivia trouve et fournit les animaux à l’éleveur, qui doit ensuite lui revendre les bêtes. Côté technique, l’éleveur doit également s’engager dans un accompagnement de trois ans avec PâtureSens. « Durant ce laps de temps, le système doit continuellement évoluer », note Shane Bailey, de PâtureSens.

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