Des données sur la durée de gestation en race Limousine
La durée de gestation est un caractère assez héritable. En pratique, les taureaux à durée de gestation trop courte ou trop longue seraient à éviter afin d'éviter une hausse de la mortinatalité globale en élevage.
La durée de gestation est un caractère assez héritable. En pratique, les taureaux à durée de gestation trop courte ou trop longue seraient à éviter afin d'éviter une hausse de la mortinatalité globale en élevage.
La durée de gestation est liée à la survie du veau à la naissance. Dès que l’on observe une durée de gestation trop courte, la survie du veau est fortement impactée. C’est aussi le cas quand la durée de gestation est longue. « Il a été montré de nombreuses fois que les effets génétiques impactant la durée de gestation sont majoritairement dus au veau. Autrement dit, les variations de durée de gestation traduisent principalement l’aptitude du veau à rester dans l’utérus, et non pas la capacité de la mère à y garder le veau plus ou moins longtemps », explique Vincent Prieur, de France Limousin sélection. Autrement dit, à travers cette aptitude du veau, la génétique du père (et également celles de la mère et du veau) s’exprime(nt).
Dans le cadre du programme Gestop(1), Vincent Prieur a étudié près de 435 000 données de durées de gestation portant sur des veaux issus d’Iinsémination animale, nés entre 2001 et 2015. Sur cette population, la durée moyenne de gestation est de 290 jours, avec un écart moyen entre les veaux de plus ou moins 5,5 jours. Sur ces données, la mortinatalité moyenne est de 1,74 %. Le pourcentage de mortinatalité augmente très fortement dès que la durée de gestation passe en dessous de 280 jours, et elle atteint 10,5 % pour une durée de gestation de 274 jours. De l’autre côté, quand la durée de gestation s’allonge, la mortinatalité augmente aussi sensiblement au-delà de 300 jours. Elle passe à 2,9 % pour des gestations de 307 jours.
« L'héritabilité de la durée de gestation a été estimée à 0,4. C'est donc un caractère très convenablement héritable, annonce Vincent Prieur. De nombreux effets ont d’autre part pu être mis en évidence sur ce caractère. » Les veaux mâles ont en moyenne une durée de gestation supérieure de 1,2 jour. La durée de gestation augmente aussi avec le rang de vêlage, surtout pour les deux premiers veaux. Et un fort effet d'environnement de la saison de naissance a été mis en évidence. « La durée de gestation augmente pendant les mois d’hiver, c'est un effet d'environnement, aussi appelé effet fixe. À potentiel génétique égal, la saison de vêlage fait varier la durée de gestation. »
Recentrer les résultats et écarter les extrêmes
Il existe un lien entre durée de gestation et poids de naissance, mais il est faible. « En augmentant la durée de gestation, on observe une légère tendance à l’augmentation du poids de naissance. Ceci étant probablement lié au fait que c’est durant le dernier mois de gestation que la croissance du veau avant vêlage est la plus importante », explique Laurent Griffon, de l’Institut de l’élevage. La combinaison gestation longue-poids de naissance élevé a un impact très négatif sur la survie du veau à la naissance. La relation entre les conditions de naissance et la durée de gestation reste quant à elle à étudier.
En Irlande, la race Limousine est déjà sélectionnée sur la durée de gestation. Mais en France, un index sur ce caractère n’est pas d’actualité. L’Inra n’a pas avancé jusque-là sur ce caractère car un index pourrait tenter des éleveurs de gagner quelques jours sur l’intervalle vêlage-vêlage en allant chercher des taureaux qui favorisent une durée de gestation courte, au risque élevé de voir augmenter très fortement la mortalité du veau à la naissance. « L’idée est bien plutôt de recentrer un peu les résultats, tout en réduisant très légèrement la durée de gestation moyenne. Écarter les extrêmes serait déjà très positif », résume Vincent Prieur.
« Le travail se poursuit en essayant de trouver le moyen de faire remonter des données sur les durées de gestation pour les taureaux de monte naturelle », explique Julien Mante, de France Limousin Sélection. L’une des pistes est d’exploiter des données d’échographies, potentiellement de plus en plus fines, et des données issues de colliers de détection des chaleurs sur un échantillon de la population limousine pour dater les débuts de gestation. « Avec la génomique, si on a une population de référence suffisante, on n’est pas obligé de phénotyper tout le monde pour construire un index », rappelle Laurent Griffon.
(1) Gestop est porté par France Limousin sélection. L’Institut de l’élevage, France Conseil élevage ainsi que Créalim sont partenaires de ce projet. Il est financé par France Génétique élevage.