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Dossier
Des bâtiments confortables même sans paille

Avec un prix en forte hausse, faire une litière de paille va presque devenir un luxe cet hiver. Certains envisagent de faire évoluer leur parc de bâtiment afin de le rendre moins gourmand pour ce précieux produit. Sans pour autant sacrifier le confort des animaux.

© C. Delisle

Est-il encore vraiment raisonnable de construire des stabulations sur aire paillée accumulée pour vaches allaitantes dans des exploitations qui ne sont pas proches de l’autosuffisance pour la paille, tout en étant éloignées des plaines céréalières ? À chacun de donner sa réponse. Une chose est certaine, pendant une vingtaine d’années, ce choix du tout paillé a été plébiscité. Dans le cadre des mises aux normes et de la modernisation des bâtiments, il permettait de réduire le montant initial de l’investissement à l’époque où la paille demeurait abordable. Mais depuis deux ans, le coût de fonctionnement de ces stabulations devient exorbitant. Quand l’essentiel de la paille est acheté à l’extérieur, il équivaut à s’acquitter d’une seconde annuité à perpétuité !

Jeter un oeil du côté des élevages laitiers

Pour avoir une litière propre et confortable, les préconisations habituelles font état d’un besoin de dix à douze kilos par vache suitée par jour pour des stabulations libres à aire paillée intégrale avec stalle d’alimentation. Cet hiver, la tentation sera de réduire les quantités utilisées. Ce qui pénalisera le confort et l’hygiène des animaux, et impactera leur niveau sanitaire et leur performance. Il n’est pas nécessaire d’aller bien loin pour trouver des stabulations économes en paille.

Jeter un oeil curieux sur les bâtiments des éleveurs laitiers donne des idées. Dans nombre de ces élevages, logettes, aires raclées et caillebotis sont la norme. Pourquoi ce qui fonctionne avec des laitières ne serait pas compatible avec des allaitantes ? Certains en sont convaincus et les quelques réalisations présentées dans les pages suivantes leur donnent raison.

Les quantités de paille achetée cette année seront souvent doublées ou triplées par rapport aux années précédentes. Une forte proportion des questionnaires retournés nous font part de la décision de réduire au moins momentanément le cheptel pour faire face aux besoins de trésorerie, mais également pour limiter le volume de paille, fourrages et autres aliments à acheter. Cette paille de céréales sera parfois en partie remplacée par d’autres produits.

Témoignages

Un éleveur de l’Orne, naisseur strict avec 120 mères sur 163 hectares d’herbe : « Nous sommes pris au piège ! »

« Avec les sécheresses printanières successives, nous n’arrivons plus à avoir un stock suffisant de foin et d’enrubannage pour passer l’hiver. Notre système herbager est remis en cause, même en Normandie. D’après la législation, nous n’avons plus le droit de retourner certaines parcelles pour y faire des céréales malgré le prix exorbitant des aliments concentrés. Nous sommes pris au piège ! En voulant préserver l’environnement et en maintenant des surfaces en herbe, nous n’avons plus d’autre choix que de subir la hausse du prix des céréales et de la paille. Pour l’instant, notre seule solution est de réduire notre troupeau et rénover certaines prairies qui ont beaucoup souffert. Après l’installation de notre fils, nous envisageons de réintroduire maïs et céréales pour gagner en autonomie. »


Un éleveur de l’Allier, de la Forterre, région de polyculture élevage où de nombreuses prairies sur terres argilo-calcaires ont été converties à la céréaliculture : « Engraisser à l’herbe »


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Si j'avais à construire un bâtiment, j'étudierai avec attention la sollution caillebotis. Pour l’instant, pour réduire ma consommation de paille, j’envisage seulement d’engraisser à l’herbe les vaches suitées et les génisses de 2 ans les plus ordinaires pour les vendre en fin d’été et à l’automne. Cela limitera les besoins en paille comparativement à une finition en bâtiment. Pour des animaux ordinaires, vu le prix de la viande et des intrants, il faut aucun frais inutile. Dans mon secteur, des agriculteurs vont liquider une partie de leur cheptel cette année. Ils veulent diminuer les vêlages ou même arrêter de faire naître. Ils estiment que ce n’est pas suffisamment rémunérateur face au travail à fournir, surtout en hiver. »


Un éleveur dans la Nièvre, 80 vaches et 120 brebis sur 124 hectares, dont 31 en céréales : « Pas beaucoup de solidarité ! »

« Dans un département comme la Nièvre, où se côtoient éleveurs et céréaliers, il n’y a pas beaucoup de solidarité. Nous, éleveurs, avions l’impression en fin de printemps que les céréaliers avaient des comptes à rendre (souvenir de la redistribution des DPU, pression foncière…). Finalement, la paille la moins chère a parfois parcouru des kilomètres. Pour mon cas, j’en ai payé cash 75 euros la tonne bottelée sur le champ à 80 kilomètres de chez moi. Je l’ai ramenée en tracteur, alors que de la paille venant en camion du Loiret à 200 kilomètres m’a coûté 80 euros/tonne. Je trouve qu’il y a désormais un fossé entre le monde de l’élevage et celui des céréaliers. Surtout quand je vois les heures que nous passons à nourrir et soigner les animaux, week-end et jour fériés compris, en se levant la nuit pour les vêlages. Un céréalier a deux coups de chaud dans l’année au moment des semis et de la moisson. Avec nos bâtiments sur litière accumulée, nous ne pouvons pas revenir en arrière. Nous aurons toujours de gros besoins en paille qui vont s’accentuer si la fréquence des années sèches s’accélère avec le réchauffement climatique. Il y a trente ans que je suis dans ce métier et je relativise en me disant que je vis pour, et non de ma passion, et cela n’a pas de prix. »

Dossier

En Saône-et-Loire, une aire raclée mis en place dans une stabulation paillée intégrale p.24

Dans l'Allier, une stabulation libre avec des logettes sur caillebotis p.26

Dans le Cantal, gagner du temps et de la paille avec une stabulation à 100% sur caillebotis p.28

Dans le Rhône, logettes et aire raclée dans une ancienne étable entravée p.32

Dans le Puy-de-Dôme, une stabulation à logettes et aires raclée autoconstruite p.35

Des pistes pour économiser la paille en litières accumulées p.38

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