Coût alimentaire
Davantage d'autonomie pour parer aux prix élevés
La hausse des prix des différentes matières premières utilisées pour l’alimentation des animaux a de lourdes répercussions sur les résultats économiques des exploitations. Elle incite donc à opter pour davantage
d’autonomie alimentaire.
La hausse des prix des différentes matières premières utilisées pour l’alimentation des animaux a de lourdes répercussions sur les résultats économiques des exploitations. Elle incite donc à opter pour davantage d’autonomie alimentaire. «Pour l’instant, c’est un peu le coup de massue », résume Christian Bourge, en charge du réseau de fermes de référence et spécialiste des questions économiques relatives à l’élevage allaitant à la chambre d’agriculture de la Nièvre, lorsqu’on l’interroge sur l’impact de la hausse des charges sur le fonctionnement des exploitations en système allaitant de son département. Les éleveurs accusent le coup et semblent quelque peu sonnés par le nouveau contexte auquel ils sont confrontés depuis quelques mois, puisqu’il ne s’est pas accompagné par une augmentation du produit brut de leurs exploitations.
Certes, la hausse des coûts alimentaires est loin d’être la seule à affecter la trésorerie des exploitations, mais c’est aussi sur le volet du choix de tel ou tel type d’alimentation et de conduite du pâturage qu’un éleveur a le plus de marges de manoeuvre pour faire évoluer un système d’exploitation. Pour la nature de son assolement à venir et la composition de ses prochaines rations, il a la possibilité de faire certains choix. Pour ce qui est du prix des carburants comme de beaucoup d’autres intrants, les marges de manoeuvre sont plus étroites. Les prix du pétrole, de l’acier et même du blé ne se décident pas dans les cours de ferme et individuellement, on ne peut guère que les subir ! Pour faire évoluer un système d’exploitation face au nouveau contexte, "la voie de l’herbe", concernant l’activité naissage, passe par une amélioration de la gestion des prairies : augmentation de la durée du pâturage, implantation de prairies temporaires assurant des stocks de qualité réduisant ainsi le niveau des apports en concentrés. Ainsi une réintensification raisonnée est un levier à prendre en compte dans ce nouveau contexte de production. La production d’aliments énergétiques sur l’exploitation (céréales principalement) est un levier possible pour diminuer le coût de l’alimentation », expliquent les techniciens bovins viande des réseaux d’élevage des Pays de la Loire et des Deux-Sèvres. Le choix de produire un peu plus de céréales dans les exploitations, de façon à améliorer l’autonomie en aliments énergétiques, s’est déjà ressenti cette année dans certaines régions.
Avec un prix des céréales qui reste bien orienté malgré le niveau record des tonnages engrangés un peu partout dans le monde suite aux dernières moissons, il y a fort à parier que la poussée des céréales à paille va se confirmer dans les assolements qui vont se mettre en place cet automne. Différentes évolutions sont aussi à prévoir dans la composition des rations. Mais toutes ces données ne sont encore que des suppositions. Plusieurs travaux sont actuellement menés par l’Institut de l’élevage pour mesurer l’impact de la crise. Des enquêtes sont également prévues pour analyser quelles sont les différentes stratégies d’adaptation envisagées par les éleveurs dans les régions françaises. La volonté de conforter l’autonomie du système d’alimentation sera sans aucun doute l’une des tendances dominantes des mois à venir.